Cette tendance à l’insolite est de plus en plus marquée, en phase avec notre époque.
Des plans léchés, une lumière intime et une musique un peu jazzy: le gouvernement fribourgeois s'est fait plaisir pour le making of de sa photo officielle. D'ailleurs, le cliché lui-même est plutôt original: sportifs, artistes et autres membres influents de la société civile prennent la pose avec le Conseil d'Etat, soit une vingtaine de personnes sur la photo officielle.
Il s'agit d'une volonté de la jouer "collectif", selon la présidente du Conseil d'Etat Anne-Claude Demierre. "Ce sont des gens qui font Fribourg, qui rayonnent au-delà, qui mettent en évidence l'engagement des Fribourgeois" pour la conseillère d'Etat: "je n'y vois aucune démagogie".
Si le Conseil fédéral excelle depuis longtemps dans l'art de la photo officielle originale, voire insolite, la tendance est nettement plus récente pour certains cantons, celui de Fribourg en particulier. Entre la reproduction d'une fameuse couverture des Beatles ou encore en tabliers de cuisine, les clichés sont nettement plus attrayants depuis quelques années.
Aussi à Neuchâtel
A Neuchâtel aussi, on a cédé: tout le Conseil d'Etat s'est retrouvé en blouse, dans un atelier d'horlogerie bien sûr. "Le canton de Neuchâtel est entré dans l'ère des réseaux sociaux", souligne la chancelière Séverine Despland. "On essaie de montrer par ce biais qu'on peut innover, que l'on peut se mettre dans une situation qui parle davantage à la population neuchâteloise".
Les autres exécutifs en sont restés pour l'heure aux photos classiques, sans prise de risque, assez austères. Mais pour le sociologue de l'image Gianni Haver, ils seront bientôt obligés de s'y mettre eux aussi. "Pourquoi produire une image perdue dans une masse d'images semblables On est à une époque où il faut essayer de jouer l'originalité, de faire un micro-buzz, tout est bon à prendre. En fait, on ne va plus faire de la communication pour montrer les conseillers d'Etat, mais profiter de montrer les conseillers d'Etat pour faire de la communication".
Le cliché fribourgeois a été partagé une centaine de fois sur les réseaux sociaux. Pas extraordinaire, mais toujours mieux que celui de ses homologues vaudois ou genevois, qui sont eux inexistants.
Melchior Oberson/lan