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Le bureau suisse dédié à l'aide aux populations palestiniennes pourrait quitter Jérusalem-Est

Le président de la Confédération suisse Guy Parmelin et le président israélien Isaac Herzog se serrent la main. [EPA/GPO/Keystone - Kobi Gideon]
Une photo distribuée par le bureau du président israélien montre le président israélien Isaac Herzog (à droite) et le président de la Confédération suisse, Guy Parmelin (à gauche), à la résidence du président à Jérusalem, le 28 octobre 2021. - [EPA/GPO/Keystone - Kobi Gideon]
Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a informé mercredi ses collègues du Conseil fédéral qu'il pourrait fermer le bureau de la direction du développement et de la coopération (DDC) à Jérusalem-Est pour le déplacer en Cisjordanie. Mais le collège gouvernemental a choisi de remettre sa décision.

Israël avait déjà suggéré à de nombreuses reprises à la Suisse de fermer cet office, dédié à l'aide aux populations palestiniennes. Récemment, la pression se serait même intensifiée par la voix diplomatique.

Le déclencheur de ce projet serait une note diplomatique israélienne datant d'une dizaine de jours. Israël y affirme que la Suisse n'a jamais obtenu de "consentement formel" sur la présence de ce bureau à Jérusalem-Est et mentionne une convention sur les relations diplomatiques, la convention de Vienne.

En déplacement jeudi au Proche-Orient pour y rencontrer ses homologues israéliens et palestiniens, le président de la Confédération Guy Parmelin a confirmé dans l'émission Forum qu'Israël lui avait indiqué que le bureau de la DDC ne respectait pas la convention de Vienne. "Cette question s'est posée plusieurs fois par le passé. Israël a maintenant pris position par écrit", a-t-il déclaré.

Un déménagement à Ramallah?

Si plusieurs possibilités sont actuellement sur la table en vue d'une "clarification", selon le jargon diplomatique, le scénario privilégié par la Suisse serait bien un transfert des employés de la DDC vers la Cisjordanie et Ramallah, en territoire palestinien, là où la Suisse a déjà une représentation diplomatique. Le journal Le Temps avait évoqué l'existence de ce projet cette semaine.

Le Département fédéral des affaires étrangères a confirmé cette possibilité à la RTS. Dans son information au Conseil fédéral, Ignazio Cassis, tout en regrettant cette situation, se serait montré prêt à accepter cette option. Et le Tessinois précisait que, selon la DDC, la contribution de la Suisse aux Palestiniens pourrait tout aussi bien être délivrée depuis Ramallah, qu'il y aurait même des avantages en termes de synergie.

Le déplacement de la DDC de Jérusalem-Est à Ramallah serait plus qu'un symbole et représenterait un changement dans la ligne suivie jusqu'à présent par Berne au Proche-Orient. La Suisse considère officiellement Jérusalem-Est comme un territoire palestinien occupé et même comme "la capitale" d'un éventuel futur état palestinien. Installé depuis 1994 à Jérusalem-Est, ce bureau pour venir en aide à la population palestinienne était vu comme un garant de la neutralité suisse.

Guy Parmelin en Israël: son interview

Coup de frein du Conseil fédéral

Réuni mercredi, le Conseil fédéral a pris connaissance de ces informations et il s'est mis d'accord pour donner un coup de frein, de ne pas prendre de décision effective pour l'instant, le sujet restant en discussion en interne et avec les autorités israéliennes.

Guy Parmelin a d'ailleurs affirmé qu'aucune décision n'avait été prise jeudi lors de son déplacement et que les réflexions se poursuivaient. "J'ai rappelé au Premier ministre Naftali Bennett que la Suisse travaille depuis vingt ans à Jérusalem-Est, sans que cela ait posé problème jusqu'ici. Le statut relatif à la convention de Vienne, tel qu'il a été rappelé par Israël, doit être analysé sous cette perspective."

Un changement de ligne qui fait déjà réagir

Avant même une décision formelle, les réactions sont déjà nombreuses au sein des défenseurs du peuple palestinien au Parlement et même au-delà. Un ancien haut responsable de la DDC confie même à la RTS qu'une telle décision serait "grave" et le signe que "la Suisse reconnaît l'annexion de Jérusalem par Israël".

Le président de la Confédération dit comprendre ces réactions. "Ce qui nous importe est que nous puissions travailler le plus efficacement possible pour la population palestinienne", a déclaré Guy Parmelin, en ajoutant toutefois que "nous ne voulons pas non plus mettre en danger les personnes qui travaillent dans ce bureau".

>> Les précisions du 19h30 :

Guy Parmelin est en visite en Israël et dans les territoires palestiniens
Guy Parmelin est en visite en Israël et dans les territoires palestiniens / 19h30 / 2 min. / le 28 octobre 2021

Julien Bangerter/ther/iar

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Guy Parmelin souhaite un dialogue entre Israël et la Palestine

En visite en Israël et dans les territoires palestiniens, Guy Parmelin a plaidé pour un dialogue visant à mettre en place la solution à deux Etats. Il a rencontré les dirigeants israéliens et le président palestinien Mahmoud Abbas. Lors de ses entretiens avec ses homologues, il a salué la reprise l'été dernier du dialogue entre autorités israéliennes et autorités palestiniennes, a indiqué le Département fédéral de l'Economie.

C'est une première étape importante. Le président de la Confédération a réaffirmé la volonté de la Suisse de s'engager dans la région en faveur du dialogue et de la paix. Il a appelé les deux parties à respecter le droit international humanitaire et les droits humains et à s’attaquer aux causes du conflit.

Lors de sa rencontre avec le président Abbas, le président Parmelin a réaffirmé que la Suisse apportait son soutien à un dialogue visant la solution à deux Etats. Cela suppose toutefois que les territoires palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie surmontent leurs divisions.

Relations économiques avec Israël

La Suisse et l'Etat hébreu se sont félicités des relations bilatérales qui ont récemment été élargies et approfondies, en particulier dans les domaines économique et scientifique. Les accords de normalisation conclus à l’automne 2020 entre Israël et plusieurs pays du Golfe ouvrent des perspectives nouvelles, a souligné Guy Parmelin.

La stratégie de la Suisse pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord prévoit notamment pour la période 2021 à 2024 le renforcement accru des relations économiques avec Israël. Dans les territoires palestiniens, l’un des objectifs de la Suisse est de réduire la dépendance des populations du territoire palestinien occupé à l’aide humanitaire.

La Suisse et l'Autorité palestinienne ont salué les mesures déjà prises pour renforcer les relations économiques bilatérales. Elles ont aussi évoqué la question de l'emploi des jeunes Palestiniens. (ats)