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Xi Jinping et Vladimir Poutine, une même "volonté de redéfinir l’ordre mondial"

Le président chinois Xi Jinping à Pékin le 1er juillet 2021. [Reuters/imago - Ju Peng/Jason Lee]
Xi Jinping tout-puissant / Geopolitis / 26 min. / le 9 octobre 2022
Le 20e congrès du Parti communiste chinois s'ouvre le 16 octobre. Il devrait sauf surprise maintenir Xi Jinping au pouvoir pour un troisième mandat inédit depuis l'ère Mao, dans un contexte chamboulé par la crise économique et la guerre en Ukraine.

Xi Jinping cumule les fonctions de président de la République populaire de Chine, de secrétaire général du Parti communiste chinois et de président de la Commission militaire centrale qui dirige toutes les forces armées du pays. Au pouvoir depuis 2013, il dirige le pays d'une main de fer et promeut le modèle de gouvernance chinois face à celui de la démocratie occidentale.

Le 20e congrès du Parti communiste chinois, qui réunira les plus de 2000 délégués de l'Assemblée nationale populaire à Pékin le 16 octobre, devrait le reconduire à son poste. Une réélection inédite, rendue possible par une modification de la Constitution, votée en 2018. Mais le dirigeant chinois doit faire face à de nombreux défis, à l'aube de ce troisième mandat.

L'économie chancelante

"L'économie chinoise est vraiment sur les genoux", souligne Michael Peuker, correspondant de la RTS en Chine, invité dans Géopolitis. La Banque mondiale annonce une croissance de 2,8% pour 2022, au lieu des 5,5% prévus. "C'est une chute gigantesque. Donc c'est une très mauvaise nouvelle pour les autorités chinoises", poursuit le journaliste.

L'impact de la politique "zéro Covid" voulue par Xi Jinping continue de restreindre l'activité économique. Après Shanghai, confinée pendant des semaines avant l’été, 74 villes totalisant 314 millions d’habitants ont subi des confinements depuis le 20 août. Le pays vit toujours sous cloche, plus de deux ans après le début de la pandémie. Pour Michael Peuker, qui doit retourner prochainement en Chine, les procédures anti-Covid s'apparentent à un "parcours du combattant", avec une batterie de tests PCR à réaliser très régulièrement avant son départ, dans des laboratoires agréés par les autorités chinoises.

Pékin s'inquiète aussi du vieillissement de sa population, après des années de politique stricte de l'enfant unique. "Il n'y a plus assez de naissances en Chine. Cela fait peser un poids conséquent sur les nouvelles générations qui vont devoir financer leurs parents, parfois leurs grands-parents", relève Michael Peuker, qui rappelle que "la stabilité économique est un des facteurs de stabilité sociale" en Chine.

L'embarras face à la guerre en Ukraine

Sur la scène internationale, Xi Jinping cherche à promouvoir une autre vision des relations internationales. "Ce qui le rapproche beaucoup de la Russie, c’est la volonté de redessiner, de redéfinir l'ordre mondial qui avait été établi après la Seconde Guerre mondiale par les Etats-Unis", pointe Michael Peuker. Mais le leader chinois semble embarrassé par la guerre menée en Ukraine par Vladimir Poutine, à qui il avait pourtant déclaré une amitié "sans limite" lors de leur rencontre aux Jeux olympiques de Pékin, juste avant le début de l'offensive russe.

"Ce qui dérange un peu Xi Jinping, c’est que Vladimir Poutine agit d’une manière destructrice", analyse Michael Peuker. "Il n’a rien à perdre. Il veut éclater l’ordre mondial. Tandis que Xi Jinping veut le réformer parce que la Chine s’est construite sur l’ordre mondial actuel."

Elsa Anghinolfi

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Xi Jinping, le prince rouge, et Taïwan

Sous l'ère Xi Jinping, le pays a renoué avec un certain culte de la personnalité. La pensée de Xi Jinping est enseignée dans les écoles. Un certain dogmatisme semble s'imposer dans tous les secteurs de la société. "L'un des objectifs clairs de Xi Jinping, c'est de revenir vraiment à un Etat stalinien, à la pureté de ce qu'était le communisme au départ de la révolution", analyse Michael Peuker.

Xi Jinping est souvent comparé à Mao, dont il souhaiterait être vu comme l'égal. C'est l'une des raisons de son attachement à ramener Taïwan dans le giron chinois, ce que Mao n'avait jamais réussi à faire. L'île rebelle, soutenue par les Etats-Unis, est au cœur des tensions entre Pékin et Washington.