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Des putschistes affirment avoir capturé le président Alpha Condé en Guinée

Tentative de coup d'état en Guinée: les putschistes affirment avoir capturé le président Alpha Condé.
Tentative de coup d'état en Guinée: les putschistes affirment avoir capturé le président Alpha Condé. / 19h30 / 1 min. / le 5 septembre 2021
Des officiers des forces spéciales guinéennes ont affirmé dimanche avoir capturé le chef de l'Etat Alpha Condé et décidé de "dissoudre" les institutions. Mais une grande confusion régnait à Conakry sur qui était maître de la situation, le ministère de la Défense affirmant lui avoir repoussé l'attaque contre la présidence.

Aucun mort n'avait été rapporté dimanche durant ce coup de force, malgré les crépitements intenses d'armes automatiques entendus dans la matinée dans la capitale de ce pays coutumier des confrontations politiques brutales. La fin apparente de plus de dix années de régime Condé a donné lieu à des scènes de liesse dans différents quartiers de la capitale.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a cependant "fermement" condamné dans un tweet "toute prise de pouvoir" en Guinée "par la force du fusil", appelant "à la libération immédiate du président Alpha Condé", 83 ans.

"Nous avons décidé après avoir pris le président, qui est actuellement avec nous (...), de dissoudre la Constitution en vigueur, de dissoudre les institutions", dont le gouvernement, a dit, dans une vidéo, le chef des forces spéciales, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, au nom d'un "Comité national du rassemblement et du développement", au côté de putschistes en uniforme et en armes.

Fermeture des frontières

Il a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes de ce pays d'Afrique de l'Ouest plongé depuis des mois dans une grave crise économique et politique (lire encadré).

Le président Alpha Condé entouré par les forces spéciales de l'armée. [Keystone - EPA/Guinea military]
Le président Alpha Condé entouré par les forces spéciales de l'armée. [Keystone - EPA/Guinea military]

Dénonçant la "gabegie", le lieutenant-colonel Doumbouya, enveloppé dans un drapeau guinéen, a ensuite promis d'"engager une concertation nationale pour ouvrir une transition inclusive et apaisée", dans une déclaration à la télévision nationale qui a interrompu ses programmes.

Les putschistes ont également diffusé une vidéo du président Condé entre leurs mains. Ils lui demandent s'il a été maltraité et Alpha Condé, en jeans et chemise froissée dans un canapé, refuse de leur répondre.

"On tient tout Conakry et on est avec toutes les forces de défense et de sécurité pour enfin mettre fin au mal guinéen", a déclaré à la télévision France 24 le lieutenant-colonel Doumbouya, personnalité très peu connue jusqu'alors.

Silence des autorités

Le ministère de la Défense a affirmé dans un communiqué que la garde présidentielle avait repoussé les "insurgés" quand ils ont tenté de prendre le palais présidentiel. Mais les autorités en place jusqu'alors ont ensuite sombré dans le silence.

Des centaines d'habitants de Conakry, notamment dans les banlieues réputées favorables à l'opposition, sont descendus dans la rue pour acclamer les militaires des forces spéciales, ont constaté des correspondants de l'AFP.

ats/vkiss

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En crise depuis des mois

Depuis des mois, ce pays d'Afrique de l'Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables est en proie à de profondes crises politique et économique, aggravées par la pandémie de Covid-19.

La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat le 18 octobre 2020 a provoqué avant et après l'élection des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L'élection a été précédée et suivie par l'arrestation de dizaines d'opposants.

Alpha Condé, 83 ans aujourd'hui, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des "bourrages d'urnes" et des irrégularités de toutes sortes.

>> Lire aussi : En Guinée, Alpha Condé définitivement proclamé président après des mois de protestations

Des défenseurs des droits humains fustigent une dérive autoritaire observée au cours des dernières années de la présidence Condé et remettant en cause les acquis du début.

Alpha Condé, ancien opposant historique, emprisonné et même condamné à mort, était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires.

Nouvelle constitution

Il avait fait adopter en mars 2020, malgré une contestation déjà vive, une nouvelle Constitution pour, disait-il, "moderniser (les) institutions" et, par exemple, accorder une plus grande place aux femmes et aux jeunes. L'opposition dénonçait un "coup d'Etat" constitutionnel. La contestation a été à plusieurs reprises durement réprimée.