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Pourquoi la société peine à accepter les hommes aux ongles vernis

Le musicien anglais Luke Banton s'est affiché récemment sur le compte "Boys in polish".
Si la photo est bonne - La croisade des garçons aux ongles vernis / Si la photo est bonne / 2 min. / le 12 novembre 2018
Les comptes mettant en scène des hommes aux ongles vernis se multiplient sur Instagram. Mais le phénomène passe encore très mal dans une large partie de la société occidentale.
Marc Jacobs s'est affiché ainsi en mars 2016 sur Instagram. [Instagram]
Marc Jacobs s'est affiché ainsi en mars 2016 sur Instagram. [Instagram]

En 2016, le styliste Marc Jacobs avait fait œuvre de pionnier en postant un portrait de lui sur Instagram, les ongles vernis en violet foncé, avec le hashtag #malepolish.

Le jeune musicien anglais Luke Banton lui aussi s'est affiché récemment sur le compte "Boys in polish", compilation de garçons aux ongles peints. La page a été lancée par Jess Young, qui se définit comme une "artiste des ongles" soucieuse de faire bouger les lignes.

Des railleries aux lourdes conséquences

Car le vernis pour hommes passe encore mal. En août dernier aux Etats-Unis, un garçon de neuf ans s’est suicidé suite aux railleries de ses camarades à propos de ses ongles peints et de son désir de porter des robes.

A fin octobre, c'est un père américain qui s’est photographié avec du mauve aux doigts pour soutenir son fils de cinq ans, moqué à l’école pour avoir arboré le rouge de son équipe de foot préférée.

Alors que l’on n’a jamais autant parlé de genres et d’égalité entre les sexes, il semble bien plus facile à une fillette de porter un t-shirt de rugby qu’à un garçonnet de mettre du vernis. "C'est plus facile pour une fille de faire des choses étiquetées du sexe opposé que pour un garçon", constate la docteure en psychologie sociale Anne-Dafflon Novelle.

L'image d'une masculinité supérieure

Cette experte de la socialisation différenciée des filles et des garçons y voit deux raisons principales. La première tient à la position sociale du masculin: "Dans nos sociétés, le masculin a une valeur hiérarchique supérieure au féminin", rappelle-t-elle. "Ainsi, quand un garçon fait des trucs étiquetés fille, il descend sur l'échelle sociale. Alors qu'une fille, quand elle fait des trucs étiquetés garçon, elle grimpe sur l'échelle sociale."

La deuxième raison touche à l'homosexualité: "Les parents imaginent que, si leur fils fait quelque chose d'étiqueté féminin, il va devenir homosexuel - surtout dans le domaine de la petite enfance", constate Anne-Dafflon Novelle. "Et là, vraiment j'insiste, cela n'a strictement rien à voir."

D'autant qu'historiquement, le bleu a été longtemps la couleur des filles tandis que le rose-rouge - évoquant la vivacité - était volontiers associé aux garçons.

Caroline Stevan/oang

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