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Le gouvernement pakistanais cède aux islamistes dans l'affaire Asia Bibi

Les milieux extrêmistes islamistes au Pakistan ont bloqué les rues de la capitale Peshawar pendant trois jours. [EPA/Keystone - Bilawal Arbab]
Le gouvernement pakistanais cède aux islamistes dans l'affaire Asia Bibi / Le 12h30 / 1 min. / le 3 novembre 2018
Au Pakistan, le gouvernement a capitulé vendredi face aux islamistes qui manifestaient contre l'acquittement d'Asia Bibi. Cette chrétienne avait été innocentée des charges de blasphème qui pesaient sur elle par un arrêt de la Cour suprême.

Malgré cet acquittement par la Cour suprême, le gouvernement a toutefois capitulé hier face à la fureur des milieux extrêmistes islamistes descendus dans les rues. L'armée et le pouvoir civil ont fini par céder aux exigences de la droite religieuse.

Vendredi soir, les autorités ont accepté d'entamer une procédure pour empêcher Asia Bibi de quitter le pays. Et le gouvernement ne s'opposera pas à la demande d'appel déposée par l'avocat des islamistes pour que l'affaire soit rejugée.

Il est trop tôt pour dire si la justice acceptera de réexaminer le dossier. En échange, les manifestants ont mis fin à leur mouvement, et ils ne devraient pas être inquiétés par la justice.

Appel au meurtre

Un prédicateur avait pourtant appelé au meurtre des juges de la Cour suprême qui ont innocenté Asia Bibi. Des voitures ont été incendiées un peu partout. Mais en dépit d'un discours de fermeté prononcé mercredi, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a choisi de ne pas affronter la rue. L'armée n'est pas intervenue non plus.

Asia Bibi, elle, est toujours en prison et reste piégée au Pakistan jusqu'à nouvel ordre. Son avocat, Saif-ul-Mulook, a quitté le pays samedi, déclarant craindre pour sa vie après des menaces d'islamistes radicaux.

Emmanuel Derville/kkub

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Une dispute pour un verre d'eau

Mère de plusieurs enfants, Asia Bibi avait été condamnée à mort en 2010 à la suite d'une dispute avec une musulmane au sujet d'un verre d'eau. Elle a toujours clamé son innocence et ses défenseurs ont souligné que toute l'affaire était née d'un différend personnel.

Le blasphème est un sujet extrêmement sensible dans ce pays conservateur où l'islam est religion d'Etat. La loi prévoit jusqu'à la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d'offense à l'islam.

De simples allégations se terminent régulièrement par des lynchages aux mains de la foule ou d'extrémistes. Les chrétiens, minorité persécutée, sont fréquemment visés.