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"Donald Trump gagne en radicalisant son discours"

Géopolitis: Trump, la raison du plus fou [Reuters - Kevin Lamarque]
Trump, la raison du plus fou / Geopolitis / 26 min. / le 4 novembre 2018
Le 6 novembre prochain, les électeurs américains vont renouveler un tiers du Sénat et l’ensemble de la Chambre des représentants. Ces élections législatives peuvent-elles contrarier la politique de Donald Trump?

Le élections américaines de mi-mandat vont constituer un baromètre de la popularité de Donald Tump. Aujourd'hui, le parti républicain est majoritaire dans les deux chambres. Pour le journaliste Stéphane Bussard, invité de l’émission Géopolitis, "l'enjeu ne porte pas sur le Sénat qui restera probablement républicain. Mais si les démocrates obtiennent une majorité à la Chambre des représentants, cela compliquera sérieusement l'administration Trump", observe-t-il. Ingérence russe, scandales sexuels, affaires fiscales, les démocrates pourraient alors pousser à la relance des enquêtes.

Je ne crois pas à une vague démocrate.

Stéphane Bussard, journaliste Le Temps

Traditionnellement, les élections de mi-mandat favorisent l'opposition, mais le journaliste du quotidien Le Temps ne croit pas à une vague démocrate. "On observe une forte mobilisation des femmes, en particulier dans le camp démocrate, mais Trump reste très populaire, comme par exemple dans les régions industrielles et minières", analyse-t-il. "De plus, l'économie tourne à plein régime. Et Donald Trump est en train de radicaliser son discours, notamment sur l'immigration, (...) et cela joue dans son intérêt".

Dans la surenchère des campagnes électorales, le rôle de l’argent reste prépondérant. "Ce sont les élections de mi-mandat les plus chères de l'histoire des Etats-Unis, avec 5,2 milliards de dollars dépensés", remarque le journaliste. "Mais on a vu que Trump en 2016 s’était fait élire en dépensant relativement peu".

La politique étrangère du plus fort

A l'international, Donald Trump affirme une politique nationaliste et unilatéraliste, particulièrement défiante à l’égard des organisations internationales. En deux ans, la Maison Blanche s’est retirée de l’accord sur le climat, du Conseil des droits de l'Homme, du programme alimentaire et de l’UNESCO. Trump a déchiré l'accord nucléaire iranien, s'est lié d'amitié avec Kim Jong-un ("un type formidable") et a transféré l'ambassade américaine à Jérusalem, assenant un énième soufflet au multilatéralisme.

Pour le journaliste, ce comportement n’est pas étonnant: "Le fait que Donald Trump parle d'"America First", qu'il soit souverainiste, qu'il souhaite s'isoler de la scène internationale n’est pas nouveau dans la politique extérieure des Etats-Unis". Mais Donald Trump renverse la table: il a engagé une guerre commerciale avec la Chine et a annoncé le déploiement de 15'000 hommes à la frontière avec le Mexique (l'équivalent du contingent américain présent en Afghanistan) pour stopper les migrants centraméricains.

Retrait des accords nucléaires

C'est presque à la dérobée que Donald Trump a annoncé qu'il se retirait du traité sur les missiles nucléaires de portée intermédiaire. L’accord avait été signé en 1987 par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev pour calmer les tensions de la Guerre froide. "Ce traité fait partie de l’architecture du contrôle des armes nucléaires. Si on le laisse s'évanouir, on envoie un message très inquiétant, en particulier pour l’Europe", conclut Stéphane Bussard.

Audrey Magat

La valse des conseillers autour de Donald Trump (cliquer pour interagir)

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