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Modèle d'intégration, le village italien de Riace se vide de ses migrants

Depuis plusieurs mois, les subventions de l'Etat italien au village de Riace ont diminué. [AFP - Mario Laporta]
Le village italien de Riace se vide de ses migrants / La Matinale / 1 min. / le 19 octobre 2018
Le village de Riace, en Calabre, se vide de ses migrants. Après la mise sous enquête du maire Domenico Lucano pour aide à l'immigration clandestine, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini s'emploie à faire partir les étrangers.

Alors qu'ils étaient jusqu'à 600, les migrants ne sont plus que 200. Privé des subsides de l'Etat et de son maire désormais interdit de séjour, Riace se bat pour sa survie.

"Ce n'est pas juste car ils ont besoin de nous, nous avons besoin d'eux. Avant, grâce à eux il y avait une école. Elle a été fermée parce qu'il n'y a plus assez d'élèves", regrette Rossella, une adolescente du village.

Subventions diminuées

Depuis plusieurs mois, avant même l'arrivée de Matteo Salvini au pouvoir, les subventions de l'Etat au village de Riace ont diminué. Mais devenu ministre de l'Intérieur, le leader de l'extrême-droite veut aller plus loin et couper les fonds pour les migrants pour les faire partir délibérément.

Par ailleurs, la commune a été exclue du Sprar, un réseau d'accueil et d'intégration qui confie des demandeurs d'asile et des réfugiés aux communes en versant 35 euros par personne et par jour. Environ un tiers des habitants étrangers de Riace étaient accueillis dans le cadre de ce programme.

"Salvini n'a jamais aimé l'idée de Riace"

Elu en 2004, Domenico Lucano a redonné vie à son village de 1800 habitants à la pointe de la botte italienne en accueillant des centaines de demandeurs d'asile, avec l'aide de fonds italiens et européens.

Il n'a pour l'instant plus le droit de revenir à Riace après sa mise sous-enquête début octobre. Tout en excluant le moindre avantage personnel, la Justice l'accuse entre autres d'avoir agi pour éviter l'expulsion d'étrangers illégaux. Pour le maire, l'extrême-droite profite de l'occasion.

"Le ministre Salvini n'a jamais aimé l'idée de Riace. Mais dans les derniers temps, il est directement intervenu pour y mettre un terme. Riace va à l'encontre de la théorie véhiculée dans le centre et le nord de l'Italie selon laquelle les réfugiés nous privent de notre travail, nous apportent des maladies, des problèmes d'ordre public ou perturbent l'équilibre des communautés locales", déclare Domenico Lucano.

Eric Jozsef/gma avec agences

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Bourg revitalisé par les migrants

Sous l'impulsion du maire Domenico Lucano, le bourg avait été revitalisé grâce notamment à l'arrivée de migrants africains, pakistanais ou encore syriens. Des maisons abandonnées ont été réhabilitées et des ateliers d'artisanat et des petits commerces ont ouvert.

Le regain d'activité de Riace a aussi donné un coup de pouce à l'économie locale en permettant la création d'une cinquantaine d'emplois, comme ceux des maîtresses de l'école chargées d'apprendre l'italien aux adultes. "Nous avons démontré qu'un autre modèle de société est possible", assure le maire de Riace.