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Le droit à l'avortement aux USA enjeu d'une nomination à la Cour suprême

Des manifestants favorables et opposés à l'avortement affichent leur désaccord devant la cour suprême des Etats-Unis à Washington le 25 juin 2018. [Keystone - EPA/JIM LO SCALZO]
Des manifestants favorables et opposés à l'avortement affichent leur désaccord devant la Cour suprême des Etats-Unis à Washington le 25 juin 2018. - [Keystone - EPA/JIM LO SCALZO]
La retraite du juge de la Cour suprême Anthony Kennedy et la nomination probable par Donald Trump d'un conservateur opposé à "Roe v. Wade", la décision légalisant l'IVG en 1973, pourrait remettre en cause le droit universel à l'avortement aux Etats-Unis.

Le président américain a indiqué vendredi que la liste des prétendants à la Cour suprême se rétrécissait et qu'il prendra sa décision très rapidement, sans doute d'ici le 9 juillet.

Considéré comme un modéré sur de nombreuses questions dont l'avortement, Anthony Kennedy a annoncé mercredi qu'il quittera ses fonctions le 31 juillet. Donald Trump pourra désigner son deuxième juge à la Cour suprême après avoir nommé le très conservateur Neil Gorsuch l'an passé.

Les neuf sages de la cour suprême, gardienne de la Constitution, sont nommés à vie, sauf s'ils partent en retraite. Leurs décisions tranchent notamment sur des questions de société fondamentales comme le mariage homosexuel, les discriminations raciales ou les controverses électorales.

"Il suffirait d'une plainte"

"La cour suprême n'a même pas besoin d'annuler "Roe contre Wade" pour rendre l'avortement quasi impossible pour des millions de femmes", remarque Jennifer Dalven, de l'association de défense des droits civiques ACLU.

Rappelant que les lois locales restreignant l'accès à l'avortement se sont multipliées ces dernières années dans les Etats républicains, Jennifer Dalven parle de "déserts pour l'IVG" au centre et au sud du pays.

Comme le prochain juge nommé par Donald Trump est attendu très à droite, il suffirait d'une plainte dans un tribunal local qui remonterait jusqu'à la Cour suprême pour que celle-ci édicte que l'avortement n'est pas un droit constitutionnel, remarque Allison Hoffman, professeure à l'université de Pennsylvanie. Les Etats les plus conservateurs pourraient alors rendre l'avortement illégal.

>> L'analyse de Philippe Revaz, correspondant aux Etats-Unis :

Philippe Revaz "C'est un coup de maître mais surtout un cadeau. Et aussi une aubaine électorale."
Philippe Revaz "C'est un coup de maître mais surtout un cadeau. Et aussi une aubaine électorale." / 19h30 / 1 min. / le 28 juin 2018

agences/cab

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Anthony Kennedy, un modéré élu en 1988

Anthony Kennedy, qui aura 82 ans en juillet, est le deuxième magistrat le plus âgé des neufs membres appartenant à cette instance suprême, gardienne des grandes orientations sociales américaines.

Il siège à la Cour suprême depuis sa désignation en 1988 par Ronald Reagan. Il s'est montré au fil du temps un soutien des droits homosexuels, un appui pour les partisans de l'avortement et un libéral dans les politiques budgétaires.

Sur les décisions cruciales de la cour, Anthony Kennedy, bien que conservateur, a parfois apporté sa voix à des positions plus libérales que conservatrices, se taillant la réputation d'être un magistrat "pivot".

Un société divisée

D'après le cabinet Pew Research, 57% des Américains soutiennent le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), mais 40% - et quasiment tous les évangélistes, mormons, etc - sont pour son interdiction. Beaucoup ont voté pour le ticket Donald Trump-Mike Pence et continuent de le soutenir en raison de son programme anti-IVG.