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Un retrait "dans la continuité de la politique de Donald Trump"

Micheline Calmy-Rey. [RTS - Gaël Klein]
Micheline Calmy-Rey réagit au retrait des USA du Conseil des droits de l'homme de l'ONU / La Matinale / 7 min. / le 20 juin 2018
L'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey estime dans La Matinale de la RTS que le retrait américain du Conseil des droits de l'homme s'inscrit "dans la continuité de la politique de Donald Trump", citant notamment le retrait des accords de Paris ou de l'Unesco.

"Ces critiques faites au Conseil des droits de l'homme ne sont pas nouvelles. Donald Trump pense que le Conseil n'est pas objectif", explique mercredi l'ancienne conseillère fédérale chargée des Affaires étrangères. "Le Conseil est perfectible, en particulier sur le point de la critique systématique d'Israël", concède-t-elle. Pourtant, les corrections proposées par les Etats-Unis "ne vont pas du tout dans le sens" de la construction du Conseil, souligne Micheline Calmy-Rey.

L'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley a accusé la Russie, la Chine, Cuba et l'Egypte de s'être opposés à la volonté des Etats-Unis de réformer le Conseil. Elle a aussi critiqué les pays qui partagent les valeurs américaines et encouragent Washington à rester mais qui ne sont "pas disposés à remettre sérieusement en cause le statu quo".

>> Lire : Les Etats-Unis se retirent du Conseil des droits de l'homme de l'ONU

Nombreuses réactions

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué la décision des Etats-Unis. Mais le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres déplore ce départ et "aurait préféré que les Etats-Unis restent au Conseil des droits de l'homme", a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué.

"On doit s'attendre à d'importantes conséquences pour le Conseil", a expliqué l'ambassadeur suisse auprès de l'ONU à Genève Valentin Zellweger.

"Compte tenu de l'état des droits de l'homme dans le monde d'aujourd'hui, les Etats-Unis devraient intensifier leurs efforts et non reculer", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad al Hussein.

L'Union européenne a déclaré que la décision de Washington "risquait de saper le rôle des Etats-Unis en tant que champion de la démocratie". Le secrétaire britannique au Foreign Office, Boris Johnson, a évoqué une décision "regrettable".

"Le Conseil des droits de l'homme permet des abus en exonérant les malfaiteurs par le silence et en condamnant faussement ceux qui n'ont commis aucune infraction", a rétorqué Mike Pompeo.

Effet "mauvais" pour les Etats-Unis

Selon le directeur exécutif du Groupe sur les droits universels (URG), Marc Limon, l'effet sera "mauvais" pour les Etats-Unis et "très mauvais" pour Israël. "Le Conseil s'en sortira", dit-il.

Le directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW) a lui dénoncé un "triste reflet" de la politique "unilatérale" de l'administration de Donald Trump sur les droits de l'homme, celle d'éviter toute critique à Israël "pour ses abus".

cab avec agences

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Un Conseil créé en 2006

Le Conseil des droits de l'homme se réunit trois fois par an pour examiner les violations des droits de l'homme dans le monde. Il dispose d'enquêteurs indépendants pour examiner des situations telles que la Syrie, la Corée du Nord, la Birmanie ou le Soudan du Sud. Ses résolutions ne sont pas juridiquement contraignantes mais portent une autorité morale.

Lorsque le Conseil a été créé en 2006, l'administration du président républicain George W. Bush n'en avait pas voulu.

Sous le président Barack Obama, les États-Unis ont été élus pour un maximum de deux mandats consécutifs au conseil par l'Assemblée générale des Nations unies. Après une année d'absence, les Etats-Unis ont été réélus en 2016 pour son troisième mandat qui est en cours.