Ils sont cinq spécialistes du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) à s'être rendus durant trois jours dans la capitale nigérienne Niamey pour choisir 23 des 80 réfugiés que la Suisse s'est dite prête à accueillir. En février, lors d'un premier voyage, la même délégation en avait déjà sélectionné 57.
Le "casting" se déroule au guichet unique du HCR, l'agence des Nations Unies ayant choisi un certain nombre de personnes pour s'entretenir avec les représentants helvétiques. Extirpés des prisons libyennes, la plupart des réfugiés sont des Erythréens et des Somaliens. Pour avoir droit à une nouvelle vie en Suisse, ils doivent réussir leur audition, qui peut durer jusqu'à trois heures.
Des cas tragiques
Chef de la délégation suisse à Niamey, Meinrad Lindt est l'un de ceux que les réfugiés doivent convaincre. "Nous privilégions d'abord les cas vulnérables, des gens qui ont besoin d'aide sociale ou médicale. Il faut également qu'ils soient prêts à s'intégrer en Suisse", indique-t-il.
Les cas sont parfois tragiques, à l'instar de cette jeune Somalienne dont le père a été assassiné par des islamistes. Plus tard, une histoire d'amour hors mariage manque de lui coûter la vie. Sa mère lui conseille alors de fuir mais elle est séquestrée par des trafiquants en Libye.
Décision finale prise à Berne
En matière de sélection, chaque Etat est souverain et possède ses propres critères de sélection. Jusqu'à présent, la Suisse a donné la priorité aux femmes érythréennes, avec ou sans enfants.
La décision n'intervient cependant qu'après le retour de la délégation au pays. "On a besoin d'un autre avis. On ne veut par exemple pas choisir des personnes qui ont fait des crimes contre l'humanité. Notre service d'information doit toujours vérifier quelques dossiers", explique Meinrad Lindt.
Un nombre décidé "dans l'urgence"
A l'heure actuelle, plus de 50'000 réfugiés seraient toujours enfermés dans les prisons libyennes. Pourquoi la Suisse a-t-elle accordé ce nombre précis de 80 places? Interrogée dans l'émission Mise au Point, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga reconnaît que c'est peu: "Je sais qu'il s'agit d'un petit nombre mais c'était en urgence. Il fallait décider tout de suite (à la fin de l'année dernière, ndlr). Et je compte aussi sur d'autres pays européens. (...) C'est important, car c'est une tâche de plusieurs pays."
Jusqu'à présent, les pays de l'Union européenne ont promis 2400 places au HCR. Proportionnellement à leur population, c'est deux fois moins qu'en Suisse.
kg