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Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien

Le président américain Donald Trump montre la signature du document rétablissant les sanctions contre Téhéran. [Keystone - Evan Vucci]
Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien / La Matinale / 1 min. / le 9 mai 2018
Donald Trump a tranché mardi sur l'accord nucléaire iranien, qu'il a décidé de quitter au risque d'ouvrir une période de tensions avec ses alliés européens. Le président américain a aussi annoncé les sanctions "les plus fortes" contre Téhéran.

"J'annonce aujourd'hui que les Etats-Unis vont se retirer de l'accord nucléaire iranien", a déclaré Donald Trump dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche. "Si je certifiais cet accord pourri, l'Iran aurait les armes nécessaires pour poursuivre ses objectifs terroristes", a-t-il souligné.

Le président américain, qui n'a eu de cesse de dénoncer l'"horrible" texte conclu par Barack Obama, a aussi annoncé le rétablissement des sanctions qui avaient été levées en contrepartie de l'engagement pris par l'Iran de ne pas se doter de l'arme nucléaire. Il a précisé remettre en place "le niveau le plus élevé des sanctions possibles".

Téhéran veut discuter avec Européens, Russes et Chinois

Une telle décision, portant en particulier sur la Banque centrale iranienne et des revenus pétroliers de Téhéran, a déjà provoqué une vive réaction des autorités iraniennes, qui ont déclaré vouloir discuter rapidement avec les Européens, les Chinois et les Russes pour voir si ces derniers peuvent garantir les intérêts de l'Iran.

Accusant le président américain de pratiquer "une guerre psychologique", le président iranien Hassan Rohani a déclaré dans une allocution à la télévision d'État iranienne: "Les États-Unis ont toujours montré qu'ils ne respectaient jamais leurs engagements."

>> Lire : Téhéran met en garde Donald Trump avant sa décision sur le nucléaire iranien

La Russie a également affiché sa "profonde déception" après l'annonce américaine: "Nous sommes extrêmement inquiets que les Etats-Unis agissent contre l'avis de la plupart des Etats (...) en violant grossièrement les normes du droit international", déclare Moscou, ajoutant que les "griefs américains concernant l'activité nucléaire légitime de l'Iran ne servent qu'à régler les comptes politiques" avec Téhéran.

Sanctions effectives immédiatement

Les Etats-Unis pourraient se retrouver face à un choix perdant entre un Iran doté de l'arme nucléaire ou une autre guerre au Moyen Orient

Barack Obama, ex-président des Etats-Unis

Donald Trump n'a donc pas hésité à se mettre à dos une grande partie de la communauté internationale en remettant en cause ce texte conclu en 2015 après 21 mois de négociations acharnées.

Le rétablissement des sanctions américaines liées au programme nucléaire iranien est effectif immédiatement pour les nouveaux contrats, a affirmé mardi soir le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, précisant que les entreprises étrangères auront quelques mois pour "sortir" d'Iran.

L'ancien président américain Barack Obama a de son côté affirmé que la mise en danger de l'accord sans aucune violation de la part des Iraniens est une "grave erreur" qui pourrait nuire à la crédibilité des Etats-Unis dans le monde.

"Les Etats-Unis pourraient in fine se retrouver face un choix perdant entre un Iran doté de l'arme nucléaire ou une autre guerre au Moyen-Orient", met-il en garde.

Appel aux autres signataires de respecter l'accord

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les six autres signataires de l'accord "à respecter pleinement leurs engagements". "Je suis profondément préoccupé par l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord et de la reprise de sanctions américaines", souligne le patron de l'ONU.

Même son de cloche de la haute représentante de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a appelé la communauté internationale à respecter l'accord: "Ensemble, avec le reste de la communauté internationale, nous allons préserver cet accord nucléaire", a-t-elle ajouté.

Ne "change rien pour la Suisse"

La Suisse va continuer de respecter pleinement l'accord et les sanctions telles que décidées par une résolution de l'ONU, écrit mardi soir le Département fédéral des affaires étrangères dans une prise de position. Mais politiquement, le DFAE reconnaît que la décision américaine renforce l'insécurité quant à l'avenir de l'accord nucléaire iranien.

Pour les entreprises helvétiques, en particulier les intermédiaires financiers, l'insécurité juridique n'en sera que relevée s'agissant du commerce avec l'Iran, ajoute le DFAE. La Suisse en appelle à la retenue de toutes les parties à l'accord.

Les regrets de Paris, Berlin et Londres

"La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l'accord nucléaire" iranien et vont "travailler collectivement" à un accord "plus large", a de son côté réagi sur Twitter Emmanuel Macron.

"Nous travaillerons collectivement à un cadre plus large, couvrant l'activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak", a noté le président français.

"Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu", a-t-il ajouté, dans un second tweet.

Il n'a pas précisé si les trois pays européens signataires de l'accord de 2015 comptaient continuer à l'appliquer, courant alors le risque de sanctions américaines s'ils commercent avec l'Iran, comme l'a laissé entendre le président américain.

Négocier un nouvel accord avec Téhéran

Le président français, s'exprimant également au nom de ses deux partenaires européens avec qui il s'est entretenu mardi soir, remet donc sur la table sa proposition de négocier un nouvel accord avec Téhéran, qui répondrait cette fois aux inquiétudes américaines.

Cette proposition, qu'il avait formulée lors de sa visite à Washington fin avril, vise à éviter que la décision américaine ne génère "un vide" diplomatique qui risquerait d'aggraver la situation, avait-il alors expliqué.

Elle a pour but d'enclencher la dynamique d'une nouvelle négociation, hypothèse à laquelle Donald Trump a laissé une porte ouverte mardi soir.

fme avec agences

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Israël et l'Arabie saoudite soutiennent le retrait américain

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "soutient totalement" la décision "courageuse" du président américain Donald Trump, a-t-il dit en direct sur la télévision publique, dans la foulée immédiate de la déclaration du président américain.

Le Premier ministre israélien, dont le pays se voit comme la cible désignée d'un Iran doté de l'arme nucléaire, est l'un des plus ardents détracteurs de l'accord de 2015.

L'Arabie saoudite a également déclaré "soutenir" et "saluer" la décision de Donald Trump.

Les termes de l'accord

L'accord sur le nucléaire iranien, dont les États-Unis ont annoncé leur retrait mardi, prévoit une levée progressive et conditionnelle des sanctions internationales imposées à l'Iran en échange de la garantie que Téhéran ne se dotera pas de l'arme atomique.

Il a été conclu à Vienne le 14 juillet 2015 après douze ans de crise et 21 mois de négociations acharnées, entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l'Allemagne.

Par cet accord, Téhéran s'engage à réduire ses capacités nucléaires (centrifugeuses, stock d'uranium enrichi...) pendant plusieurs années. Le but est de rendre quasiment impossible la possibilité pour l'Iran de fabriquer une bombe atomique, tout en assurant à Téhéran, qui dément toute visée militaire, le droit de développer une filière nucléaire civile.

L'accord est entré en vigueur le 16 janvier 2016, ouvrant la voie à une levée partielle des sanctions internationales contre l'Iran.