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Inquiétudes après un discours de Poutine vantant ses armes "invincibles"

Le président Vladimir Poutine, durant son discours annuelle devant le Parlement, montre ses nouvelles armes. [keystone - MAXIM SHIPENKOV]
Le président Vladimir Poutine, durant son discours annuelle devant le Parlement, montre ses nouvelles armes. - [keystone - MAXIM SHIPENKOV]
La chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Donald Trump se sont dits "inquiets" lors d'une conversation téléphonique après un discours de Vladimir Poutine vantant les nouvelles armes "invincibles" des forces russes.

Dans un discours devant le Parlement russe, Vladimir Poutine a surpris en énumérant pendant près d'une heure les dernières armes de haute technologie de la Russie avec images de synthèse, infographies et vidéos à l'appui.

Il a ainsi présenté des nouveaux types de missiles de croisière avec une "portée illimitée" ou hypersoniques, des mini-submersibles à propulsion nucléaire ou encore une arme laser "dont il est trop tôt pour évoquer les détails".

"Surpasse tous les systèmes antimissiles"

"Personne ne voulait nous parler, personne ne voulait nous écouter. Écoutez-nous maintenant!", a-t-il lancé, provoquant une ovation debout des parlementaires réunis dans un bâtiment historique proche du Kremlin.

Ces nouvelles armes, a-t-il expliqué, répondent à l'activité militaire des Etats-Unis, qui veulent déployer leurs boucliers antimissiles en Europe de l'Est et Corée du Sud et viennent d'adopter une nouvelle doctrine militaire visant à doter les Etats-Unis de nouvelles armes nucléaires de faible puissance.

Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, les armes russes sont désormais capables de "surpasser tous les systèmes antimissiles existants". "Ce +parapluie+ de défense antimissile se révèle ainsi +troué+", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Si Vladimir Poutine a assuré ne "menacer personne" et ne pas prévoir d'"utiliser ce potentiel de façon offensive", ses propos donnent une tonalité militariste au climat de Guerre froide qui ne cesse de s'aggraver entre Moscou et Washington. D'autant que les images animées diffusées lors de son discours montraient une attaque nucléaire sur les Etats-Unis.

>> En vidéo, un extrait des images diffusées jeudi durant son discours, ainsi que la réaction de Washington vendredi matin :

Washington dénonce le discours de Poutine sur ses armes "invincibles"
Washington dénonce le discours de Poutine sur ses armes "invincibles" / L'actu en vidéo / 1 min. / le 2 mars 2018

Violation des traités internationaux

Washington a réagi en accusant Moscou de "violation directe" des traités internationaux signés par la Russie, dont le traité INF sur les armes nucléaires à portée intermédiaire, paraphé par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1987.

Les Etats-Unis accusent aussi la Russie de moderniser un arsenal de 2000 armes nucléaires tactiques en contournant ses obligations du traité New START, qui ne comptabilise que les armes stratégiques et sert de fondement à la doctrine de la dissuasion.

Ce traité, entré en vigueur en 2011, prévoit une réduction de 30% du nombre de têtes nucléaires détenues par les deux superpuissances atomiques (elles concentrent à elles seules plus de 90% des armes de ce type) et des vérifications mutuelles plus transparentes.

afp/fme

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Des "fanfaronnades" à l'approche de la présidentielle

Le discours aux accents militaires de Vladimir Poutine "est avant tout destiné à un public intérieur" deux semaines avant la présidentielle, estime le politologue russe Alexeï Makarkine.

Un avis partagé par l'expert américain Hans Kristensen, de la Federation of American Scientists. Les "fanfaronnades" de M. Poutine "révèlent une personne obsédée par le système de défense anti-missile des Etats-Unis (...) et consciente de l'approche de l'élection présidentielle", a-t-il tweeté.

1/ Putin’s nuclear boasting in his speech today shows a person obsessed with the US ballistic missile defense system…and mindful of the upcoming presidential election. An official transcript is here: https://t.co/0T8iC38QRI
A video is here: https://t.co/YIqDwaZpVG pic.twitter.com/g6J3HkDp6o

— Hans Kristensen (@nukestrat) 1 mars 2018





Vladimir Poutine, aux commandes de la Russie depuis plus de 18 ans, est candidat pour un quatrième mandat de six ans à l'élection présidentielle du 18 mars, qu'il devrait remporter largement en l'absence remarquée de son principal opposant Alexeï Navalny.