Publié

"La foudre ne fait pas tomber les avions"

Selon les experts, la foudre seule ne peut pas faire exploser un avion.
Selon les experts, la foudre seule ne peut pas faire exploser un avion.
La foudre est un risque permanent pour les avions de ligne. Mais experts et pilotes doutent qu'elle soit l'unique cause de la disparition d'un avion d'Air France lundi entre Rio de Janeiro et Paris. Ils penchent plutôt pour une conjonction de facteurs.

"La foudre ne fait pas tomber les avions, ni une panne
électrique. Mais il peut y avoir une conjonction de facteurs
aggravants", a affirmé Thierry Oriol, du syndicat français des
pilotes de ligne, sur BFM TV. Selon le site internet de l'Office
National d'Etudes et de Recherches Aérospatiales (ONERA), les
avions de ligne sont foudroyés en moyenne une fois toutes les 1000
heures de vol.



Rappelons que les recherches se poursuivent pour tenter de
retrouver l'avion Airbus qui s'est perdu au-dessus de l'océan
Atlantique lundi, transportant 228 personnes. Pour l'heure,
elles sont restées vaines .

Une à deux fois par an

La foudre touche donc un appareil en moyenne une à deux fois par
an. En général, elle se propage à la surface de l'avion, dont la
structure jusqu'à présent essentiellement composée d'aluminium,
excellent conducteur d'électricité, constitue une cage de Faraday.
L'alimentation électrique peut être touchée mais, après un grand
fracas à bord de l'avion et une réinitialisation du système, tout
remarche normalement.



"La foudre peut avoir une conséquence mécanique, elle peut
perforer l'appareil, mais normalement il peut continuer à voler.
Elle peut aussi endommager le système électrique, se répercutant
sur l'électronique de l'avion, ce qui est plus néfaste", note
Vincent Favé, expert auprès des tribunaux pour les accidents
d'avions.

"Dans un avion, tout
est métallisé, quand la foudre atteint l'avion, elle s'évacue via
le fuselage. En revanche, il peut arriver après un foudroiement
qu'il y ait des dégâts sur un certain nombre de systèmes, en
particulier sur des systèmes de communication, de
navigation".



"Mais dans un avion, les systèmes sont doublés, triplés voire
plus, donc un foudroiement qui mette en jeu la sécurité du vol et
l'état même de l'appareil, c'est extrêmement rare", a-t-il ajouté.
Et de renchérir: "Cela peut expliquer qu'il n'y ait pas eu de
contact radio, puisqu'un foudroiement touche en premier les choses
électroniques, mais c'est tout. De là à dire que cela explique la
perte totale de l'avion, c'est prématuré".

Pas d'explosion après un foudroiement

"Il ne faut pas s'imaginer la foudre qui tombe sur l'avion et le
fait exploser. Ca va induire un certain nombre de pannes, plus ou
moins graves, mais à ma connaissance, on n'a pas d'exemple d'avions
qui ont explosé par un foudroiement", a-t-il insisté. Pour le
porte-parole du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) Eric
de Rivery, "il est vraisemblable qu'il y ait d'autres éléments"
expliquant l'accident.



"On ne peut pas dire que la foudre est la raison de l'accident
mais on peut penser que c'en est un facteur. Ca secoue, on peut
être frappé par la foudre, c'est possible. Mais ce n'est jamais un
seul facteur qui mène à l'accident", a-t-il conclu.

Une zone forte en turbulences

"L'appareil se trouvait dans la zone de convergence
intertropicale qui est connue pour ses fortes turbulences et ses
orages violents. Les pilotes qui assurent la liaison entre
l'Amérique du Sud et l'Europe ou l'Afrique du Sud et l'Europe le
savent", explique pour sa part l'expert aéronautique Robert
Galan.



"Dans cette zone, les nuages montent très haut. Les avions sont
équipés de radars météorologiques qui permettent de voir les zones
de turbulences les plus actives et de les contourner. Il arrive que
l'on fasse de grands détours pour les éviter", a-t-il
expliqué.



agences/mej

Publié

La presse française s'interroge

Le mot "mystère" revient le plus souvent à la "Une" des quotidiens français, qui s'interrogent mardi après la disparition de l'Airbus A330 d'Air France dans l'océan Atlantique.

"La foudre a-t-elle précipité la perte du vol Rio-Paris, alors que de nombreux appareils sont foudroyés chaque année sans dommage?" se demande Libération, qui titre sur "Les mystères du Rio-Paris".

Même terme employé par Le Figaro et Le Parisien/Aujourd'hui en France avec "le mystère du vol AF 447". Le premier reprend une infographie de la route empruntée par l'appareil d'Air France depuis son point de départ jusqu'à son arrivée, le second publiant une photo d'un parent en pleurs.

France-Soir affiche également des photos de proches et parents en larmes en-dessous d'une manchette laconique: "Hier matin, 4h15, dernier message du vol AF-447 Rio-Paris".

"Des interrogations lancinantes tarauderont le coeur de ceux qui se réjouissaient des retrouvailles à venir", écrit La Croix, qui évoque "le drame du vol Rio-Paris".

"Il y a en effet de quoi se poser mille questions face à une telle incertitude, à une époque où les satellites parviennent à identifier des personnes dans la rue, à surveiller tout ce qu'il est techniquement possible de contrôler", souligne L'Union/L'Ardennais.

Pour La Montagne "il faut croire qu'une succession de facteurs aggravants a provoqué cette perte aussi rapide qu'étonnante".

Seul Le Télégramme ose évoquer une autre piste que celle du foudroiement de l'avion. "C'est à tout le moins l'hypothèse que privilégient les pouvoirs publics et la compagnie, sans en commenter une autre: l'attentat", observe-t-il.

"Pour autant, ne laissons pas complètement de côté cette éventualité, à tout le moins tant que des éléments techniques ne l'auront pas exclue", ajoute-t-il.