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Barack Obama sonne le glas de Guantanamo

Le plan de relance de Barack Obama suscite bien des espoirs.
Obama veut tirer un trait sur les pratiques douteuses de son prédécesseur.
Barack Obama a ordonné jeudi la fermeture d'ici un an du centre de détention de Guantanamo ainsi que des prisons secrètes de la CIA à l'étranger, le réexamen du fonctionnement des tribunaux militaires jugeant des terroristes présumés et l'arrêt des techniques d'interrogatoires "musclées".

Deux jours après l'historique et exaltante prestation de serment
dans laquelle beaucoup ont vu la promesse d'une rupture avec les
politiques de son prédécesseur George Walker Bush, Barack Obama,
s'est immédiatement attelé à rompre avec les excès de la précédente
administration en matière de lutte contre le terrorisme.

Barack Obama n'aura en fait même pas attendu sa première journée
complète de président pour annoncer une première décision au
retentissement international: il avait déjà demandé mardi la
suspension des procédures devant les tribunaux d'exception de
Guantanamo pendant 120 jours pour laisser le temps à son
administration de trancher sur l'avenir de ces procédures,
approuvées par George W. Bush et qui suscitent une vaste
réprobation.



Le nouveau président américain a signé au total trois décrets et
une directive, expliquant la portée de chaque texte avant d'apposer
son paraphe.



L'ancienne administration Bush a toujours considéré les
prisonniers de Guantanamo comme des "combattants ennemis" -statut
créé pour l'occasion-, ne bénéficiant pas des droits conférés par
la loi fédérale américaine ou les Conventions de Genève sur les
prisonniers de guerre.

Vaincre le terrorisme "proprement"

Les Etats-Unis, a souligné Barack Obama, entendent "gagner (le)
combat" contre le terrorisme. "Nous le gagnerons selon nos termes",
"en accord avec nos valeurs et nos idéaux". En attendant la
fermeture définitive de Guantanamo, le ministère de la Défense a
demandé la suspension pour quatre mois de la procédure judiciaire
pour les détenus du camp inculpés de crimes de guerre, le temps de
réexaminer leur dossier.



Deux magistrats militaires en charge du dossier de six accusés ont
rapidement fait droit à cette requête, destinée à déterminer si les
accusés peuvent et doivent être jugés. Le décret de Guantanamo
ordonne également à la CIA, la centrale de renseignement
américaine, de fermer toutes ses prisons secrètes à
l'étranger.



Un groupe de travail va par ailleurs être chargé de recommander
dans un délai d'un mois les procédures à suivre pour
l'incarcération à l'avenir des suspects de terrorisme. Ce groupe se
penchera en particulier sur la question des lieux de détention
après la fermeture de Guantanamo.

Promesse tenue

Barack Obama, durant sa campagne électorale, s'était engagé à
fermer rapidement le centre de détention controversé ouvert en
2002, après les attentats du 11 septembre 2001. Quelque 245
terroristes présumés y sont toujours détenus, la plupart sans
inculpation ni jugement en dehors de tout cadre légal.



George W. Bush assurait que les Etats-Unis ne pratiquaient pas la
torture. Lui-même et son administration affirmaient leur volonté de
fermer Guantanamo mais avaient prévenu l'équipe Obama que la loi et
la sécurité des Etats-Unis faisaient de cette fermeture une affaire
très compliquée.



En se laissant un an, Barack Obama se donne le temps de répondre à
l'épineuse question: que faire de prisonniers qui peuvent encore
être dangereux et dont pas grand monde ne voudra? Pour beaucoup,
dont le président Obama, Guantanamo est l'une des causes de la
détérioration de l'image des Etats-Unis à l'étranger.

Une zone de non-droit

Guantanamo, ouvert après les
attentats du 11 septembre 2001 pour détenir des hommes classés
comme des "combattants illégaux", est devenu l'un des symboles les
plus parlants des pratiques controversées employées par
l'administration Bush dans la lutte contre le terrorisme.



Les organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé
Guantanamo comme une zone de non-droit, où des prisonniers sont
détenus pendant des années sans mise en cause formelle. Elles se
sont émues de leurs conditions de détention et des tortures dont
certains auraient été victimes, selon elles.



Un défenseur aussi ardent de Guantanamo que l'ancien
vice-président conservateur Dick Cheney affirmait que Guantanamo
était une installation "de première classe" nécessaire pour détenir
des individus qui ne relevaient pas du droit américain.



agences/jeh

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Il prête serment une seconde fois

La journée aura également été marquée par une décision extraordinaire du nouveau président, qui a prêté serment une deuxième fois après un cafouillage la veille lors de la cérémonie d'investiture.

Barack Obama avait été induit en erreur par le président de la Cour suprême John Roberts qui avait récité dans le désordre le texte solennel prévu par la Constitution.

Selon la Maison Blanche, le rituel s'est cette fois déroulé sans accroc, et en comité plus restreint, dans la Salle des cartes de la résidence présidentielle.

La Maison Blanche pense néanmoins que la prestation de serment de mardi était valable, a indiqué son responsable pour les affaires juridiques, Greg Craig.

La fin de la torture et des écoutes sauvages

L'amiral à la retraite Dennis Blair, désigné par le président Barack Obama pour diriger le renseignement américain (DNI), a estimé jeudi que la torture était "illégale, immorale, et inefficace", lors d'une audition devant une commission sénatoriale.

Il s'est par ailleurs engagé à "ne pas soutenir des activités de surveillance réalisées sans autorisation légale".

Au nom de la guerre contre le terrorisme lancée après le 11-Septembre par le président George W. Bush, la CIA, principale agence américaine de renseignement, chapeautée par le DNI, a reconnu avoir eu recours à des pratiques généralement considérées comme de la torture.

Les services de renseignement américains ont également été critiqués pour avoir mis en place un programme controversé d'écoutes extrajudiciaires.

L'amiral Blair devrait hériter d'un poste créé après les attentats du 11-Septembre 2001, avec pour mission de chapeauter l'ensemble de la communauté américaine du renseignement, dont la CIA.

Dennis Blair doit succéder à Mike McConnell, également ancien amiral, qui avait pris la direction du Renseignement américain en février 2007.