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Quand un robot développé par Facebook devient votre psychologue

Woebot est un chatbot, un agent de conversation automatisé. [Fotolia - irinastrel123]
Mon psy est un robot! / On en parle / 14 min. / le 7 novembre 2017
Il est désormais possible d'avoir recours à un robot psychologue développé par Facebook, une démarche que le psychiatre Serge Tisseron juge "extrêmement dangereuse" en raison des effets pervers qu’elle peut engendrer.

Ce prototype, développé par Facebook et des psychologues de l'université américaine Stanford, est basé sur la thérapie comportementale cognitive (TCC). Ce robot psychologue est gratuit et est actuellement en phase de test sur Facebook.

Se présentant sous la forme d'une conversation par écrit, le robot salue son patient, indique qu'il est à sa disposition 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les séances durent une dizaine de minutes chacune, durant lesquelles le robot demande à son patient comment il va, ce qu'il est en train de faire, comment il se sent.

Des questions précises

Les questions du robot se révèlent précises: elles portent sur les rêves du "patient", ses aspirations et s'intéressent à ce qu'il fait durant sa journée et sur les humeurs suscitées par les activités sur le patient. A partir de ces données, le robot propose des stratégies pour aller mieux à l’aide de vidéos, textes ou images.

Pour le psychiatre français Serge Tisseron, interrogé dans l'émission On en parle mardi, ces robots annoncent une "série de cauchemars". Tout d'abord sur le plan médical, les données concernant les traitements prescrits aux patients ne devraient pas selon lui être connues par des firmes comme Facebook.

De plus, il pointe le fait que le robot n'est pas soumis à une déontologie et il s'interroge: qui serait responsable si l'état du patient empirait? Et que se passerait-il si le robot thérapeute était hacké par une personne mal intentionnée?

Le droit et l'éthique en retard

Et de souligner le retard que le droit et l'éthique ont pris par rapport à la technologie. "Facebook et l'Université de Stanford se permettent de balancer une machine sur le marché qui pose énormément de problèmes qui n'ont pas été anticipés."

Serge Tisseron souligne enfin que ce robot ne se contente pas de proposer un certain nombre de stratégies, mais qu'il veut en savoir toujours plus, ce qui est "extrêmement dangereux", puisqu'il crée le risque que le patient oublie qu'il se confie à une machine qui capture des données personnelles et les transfère à des gens pas forcément bien intentionnés.

Au contraire d'une relation thérapeutique basée sur la confidentialité, les robots n'indiquent jamais où atterrissent les données collectées. Et le psychiatre de conclure: "Aucun logiciel n'assurera jamais la confidentialité."

Didier Bonvin/ebz

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Une amélioration promise en 15 jours seulement

Avant son lancement cet été, le robot a été testé sur un groupe de personnes souffrant de dépression et d’anxiété. Les résultats ont été publiés dans la revue médicale The Journal of Medical Internet Research Mental Health.

Le premier groupe a interagi avec le robot psychologue, alors que l’autre groupe consultait un ebook destiné aux personnes atteintes de dépression. Les personnes dialoguant avec le robot psychologue ont vu leurs symptômes s’estomper de façon considérable et cela après deux semaines seulement.

Une amélioration que le psychiatre Serge Tisseron tempère: "Vous pouvez être déprimé, passer un week-end à regarder des films amusants, des séries télé que vous adorez, le lundi, vous êtes bien détendu et vous êtes content. Ce n'est pas pour ça que c'est une nouvelle méthode thérapeutique, 15 jours, c'est vraiment dérisoire."