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Travailler ou conduire, des droits loin d'être anodins pour certaines femmes

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes jeudi, les ONG spécialisées tirent un bilan mitigé de l'année écoulée, marquée à la fois par des avancées symboliques et la persistance de profondes discriminations.

En matière de droits des femmes, l'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) pointe plusieurs avancées survenues au cours des derniers mois: l'abolition, en Tunisie, en Jordanie et au Liban, de lois qui permettaient aux violeurs d'échapper à la prison à condition d'épouser leurs victimes; l'adoption d'une loi importante sur les violences faites aux femmes en Tunisie ou encore l'assouplissement de la législation sur l'avortement au Chili.

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Nisha Varia, spécialiste des droits des femmes chez HRW, salue également une libération de la parole et une meilleure mobilisation féminine.

"Le mouvement #MeToo a galvanisé le dialogue public et l'indignation au sujet du harcèlement sexuel (...). Des femmes sont descendues dans les rues (...), par exemple à Washington en janvier 2017 (...) ou en Pologne, pour protester contre une proposition d'interdiction de l'avortement", rappelle-t-elle.

Les Saoudiennes toujours sous tutelle masculine

Même l'Arabie saoudite, l'un des pays au monde où les femmes sont les plus discriminées, a fait plusieurs fois les gros titres avec des réformes quasi-révolutionnaires pour le royaume.

Les femmes ont ainsi le droit d'assister à des compétitions sportives depuis quelques semaines et pourront bientôt conduire une voiture.

>> Lire : Les Saoudiennes seront autorisées à prendre le volant

"Il y a beaucoup de questions en suspens sur la façon dont ce droit sera mis en œuvre et pourra être restreint", tempère toutefois la responsable de HRW.

Par ailleurs le gouvernement n'a à ce stade revu qu'à la marge le système de tutelle qui impose aux Saoudiennes adultes d'obtenir la permission d'un homme pour gérer la plupart des aspects de leur vie.

Attaques contre des droits acquis

Human Rights Watch s'alarme surtout de retours en arrière dans plusieurs pays, évoquant notamment l'adoption de la loi dépénalisant les violences domestiques en Russie, début 2017.

L'ONG explique aussi qu'en Inde, des directives de la Cour suprême ont eu pour effet d'affaiblir la loi qui interdit l'usage de la dot (une coutume qui coûte la vie à des milliers de femmes chaque année).

Des tentatives de limiter l'accès des femmes aux services de santé reproductive (planning familial, contraception, avortement) ont encore été dénoncés dans plusieurs pays d'Europe et aux Etats-Unis.

>> Lire aussi : "Restrictions rétrogrades" pour le droit à avorter des femmes en Europe

>> Voir aussi: politique, travail, ménage, les chiffres de l'inégalité :

Politique, boulot, maison, les chiffres hommes-femmes
Politique, boulot, maison, les chiffres hommes-femmes / 19h30 / 2 min. / le 7 mars 2018

Pauline Turuban, avec Théo Allegrezza

*La sélection de pays se veut le reflet de la diversité des cas de figure en matière de droits des femmes, et a été soumise à Amnesty International et Human Rights Watch.

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