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Le président catalan temporise sur l'indépendance et sème la confusion

Carles Puigdemont a symboliquement déclaré mardi l'indépendance de la Catalogne tout en gelant sa mise en oeuvre afin de permettre un dialogue avec Madrid. Le président catalan a ainsi semé la confusion et déçu ses alliés.

"La Catalogne a gagné le droit d'être un Etat indépendant", a affirmé le président de la Generalitat, en s'appuyant sur le résultat du référendum du 1er octobre.

>> Revivre le déroulement de la soirée dans notre minute par minute : Puigdemont suspend la déclaration d'indépendance pour dialoguer avec Madrid

"J'assume le mandat en vertu duquel la Catalogne doit devenir un Etat indépendant sous la forme d'une République", a dit Carles Puigdemont devant le Parlement de Barcelone.

Mais, refroidissant les volontés les plus indépendantistes, il a ajouté vouloir "suspendre les effets de cette déclaration d'indépendance pour entamer des discussions afin de parvenir à une solution négociée".

Le "mandat" des Catalans
Carles Puigdemont dit avoir reçu un "mandat" des Catalans / L'actu en vidéo / 47 sec. / le 10 octobre 2017

Le chef de l'exécutif catalan n'a ainsi pas soumis de déclaration d'indépendance au vote des élus régionaux, ce qui aurait fermé la porte au dialogue.

Initiative ambiguë

Carles Puigdemont a ensuite signé dans la soirée un document déclarant à la fois l'indépendance de la région et la suspension immédiate de ses conséquences.

L'initiative ambiguë du chef de l'exécutif catalan a plongé l'Espagne dans l'inconnu.

Dans une première réaction, le gouvernement conservateur espagnol a estimé qu'une "déclaration implicite d'indépendance (....) n'est pas admissible", a indiqué un porte-parole.

Carles Puigdemont "ne sait pas où il est, ni où il va", a déclaré mardi Soraya Saenz de Santamari, numéro deux du gouvernement espagnol, qui a annoncé un conseil des ministres extraordinaire mercredi à 9h00.

Tensions chez les indépendantistes

Au sein même du Parlement catalan, des tensions sont apparues chez les partis indépendantistes, entre partisans d'une action radicale et promoteurs d'un ton plus conciliant.

Il n'est pas certain, au terme du discours de Carles Puigdemont, que le parti indépendantiste de gauche radicale CUP continuera à soutenir l'exécutif régional.

Pressé de toutes parts, le président catalan a tenté de privilégier la voie médiane: il continue à parler d'indépendance à son électorat, mais garde une porte ouverte pour une solution négociée, qui s'annonce difficile. Au risque de décevoir une partie de ses supporters.

>> L'analyse de Valérie Demon, correspondante de RTSinfo à Barcelone :

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy. [Keystone - Angel Diaz]Keystone - Angel Diaz
Réponse attendue de Madrid après la suspension de la déclaration d’indépendance de la Catalogne / La Matinale / 2 min. / le 11 octobre 2017

afp/reuters/mre

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Déception chez les indépendantistes

Des milliers d'indépendantistes, beaucoup brandissant le drapeau catalan, ont commencé par se féliciter et s'embrasser aux cris d'"Indépendance".

Mais au fur et à mesure du discours de Puigdemont, lorsqu'il est devenu clair qu'il n'y aurait pas déclaration formelle d'indépendance soumise au vote des parlementaires, certaines personnes dans la foule ont sifflé, secoué la tête de dépit et exprimé leur désapprobation.

Certains militants ont commencé à replier leur drapeau et à quitter les lieux.