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L'entreprise informatique Kaspersky suscite la méfiance aux Etats-Unis

Logo de Kaspersky Lab, développeur de logiciels antivirus. [Sputnik/AFP - Vladimir Fedorenko]
Le logiciel antivirus russe Kaspersky, soupçonné d'espionnage, est retiré du marché / Tout un monde / 3 min. / le 12 septembre 2017
La défiance grandit aux Etats-Unis contre l'entreprise russe Kaspersky, l'une des leaders mondiaux de la sécurité informatique et ses logiciels anti-virus, soupçonnée de liens avec les espions russes.

Face à ce risque, la grande chaîne de magasins américaine Best Buy vient notamment de retirer les anti-virus ou autres logiciels Kaspersky de la vente. Un coup dur pour l’entreprise russe, qui perd un marché très important.

Ce retrait s'ajoute à celui de l'administration Trump en début d'été. Kaspersky Lab ne fait plus partie des vendeurs agréés pour les agences gouvernementales par crainte là aussi que ces logiciels soient utilisés par le Kremlin.

Pas de preuves concrètes

Le gouvernement américain n'a pas fourni de preuves concrètes d'une collaboration entre Kaspersky et les services secrets russes. En revanche, cet été, l’agence de presse Bloomberg a dévoilé l’existence de courriels datant de 2009, qui laissent entendre que Kaspersky et les services de sécurité russes auraient une relation de travail plus étroite que ce qu’ils affirment en tout cas officiellement.

Selon Bloomberg, l’entreprise Kaspersky ne fournirait pas qu’une simple expertise technique au gouvernement pour l’aider à attraper les cybercriminels, mais elle transmettrait aussi en temps réel la localisation des hackers aux services secrets, et participerait également à des raids menés par ces agents, des accusations rejetées par l'entreprise russe.

Une collaboration à l'étendue inconnue

Andrei Soldatov, un journaliste d’investigation, grand connaisseur des services secrets, affirme quant à lui qu'il est très difficile de déterminer jusqu’où va la collaboration entre Kaspersky et les services de sécurité en Russie.

"En vertu de la loi russe, Kaspersky doit avoir une licence des services de sécurité russes pour être actif dans certains domaines", explique-t-il. "Le problème, c’est qu’on ne sait pas jusqu’où peut aller la  collaboration entre Kaspersky et les services de sécurité en dehors de ce cadre. L’approche fondamentale des services russes dans ce genre de cas, c’est d’utiliser la législation en place - ici l’exigence d’une licence - pour avoir accès à l’entreprise."

Isabelle Cornaz/ebz

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Des employés de Kaspersky sous pression

En décembre, le chef de l’unité d’enquête chez Kaspersky, Ruslan Stoyanov, a été arrêté par les autorités russes, accusé de trahison. Il collaborait officiellement avec les services de sécurité russe pour lutter contre la cybercriminalité et était aussi la personne de contact entre Kaspersky et les services de sécurité.

Le journaliste Andrei Soldatov explique le statut particulier de Ruslan Stoyanov: "Nous avons très peu de spécialistes en Russie comme Stoyanov, qui connaissent à la fois le monde informatique et qui en même temps ont de très bons contacts avec les services secrets. (...) Beaucoup pensent que Stoyanov était au courant de collaborations entre les hackers et les services secrets russes."

Cet homme est aujourd’hui derrière les barreaux, "hors d’état de nuire", puisqu'il ne peut pas parler.