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Le Chili ouvre la porte à l'avortement après 28 ans d'interdiction

Cris de joie des militants devant le Tribunal constitutionnel de Santiago. [AFP - Claudio Reyes]
Cris de joie des militants devant le Tribunal constitutionnel de Santiago. - [AFP - Claudio Reyes]
Le Tribunal constitutionnel du Chili a donné lundi son feu vert à la loi dépénalisant l'avortement thérapeutique, ultime étape mettant fin à près de 30 ans d'interdiction totale de l'IVG.

La loi, fruit d'intenses débats durant deux ans et demi, avait déjà été approuvée début août par la Chambre des députés puis par le Sénat, mais la droite conservatrice avait saisi le Tribunal constitutionnel en invoquant une atteinte au principe du droit à la vie figurant dans la Constitution.

Le Tribunal constitutionnel a rejeté "les deux recours (déposés par la droite, ndlr) par six votes contre quatre", a déclaré son secrétaire général Rodrigo Pica lors d'une conférence de presse.

Trois cas précis

Jusqu'ici, l'avortement n'était autorisé au Chili dans aucune circonstance. Une fois que la loi sera promulguée par la présidente Michelle Bachelet, sa principale promotrice, l'avortement sera possible dans trois cas précis: pour les femmes dont la vie est en danger, pour les victimes de viols, et pour les femmes dont le foetus est jugé non viable.

Cette annonce a déclenché des cris de joie parmi les dizaines de militants rassemblés devant l'institution à Santiago.

Après ce feu vert, il reste 18 pays dans le monde interdisant totalement l'avortement, parmi lesquels Haïti, le Congo et le Vatican, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

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afp/jgal

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Une série de réformes sociales

La dépénalisation de l'avortement thérapeutique s'inscrit dans une série de réformes sociales voulues par la présidente Bachelet pendant son second mandat, qui s'achève à la fin de l'année.

Cette dépénalisation, soutenue selon des sondages par 70% de la population, marque un changement de société majeur au Chili, l'un des derniers pays développés à avoir reconnu le divorce en 2004 en raison de la forte influence de l'Eglise catholique.

Jusqu'en 1989 et pendant plus de 50 ans, l'avortement était permis en cas de risque pour la mère et de foetus non viable, mais avant de quitter le pouvoir le dictateur Augusto Pinochet (1973-1990) l'avait totalement interdit.

Officiellement, le Chili enregistre chaque année quelque 30'000 avortements provoqués ou spontanés, mais les interruptions clandestines pourraient être de l'ordre de 160'000.