Dans un contexte de vague d'attentats djihadistes en Europe, les députés ont voté un texte sur "le renforcement de l'efficacité des procédures pénales". Les enquêteurs allemands pourront désormais introduire dans les téléphones portables et ordinateurs des usagers des logiciels espions.
Ces "Chevaux de Troie" leur permettront d'accéder aux données de messageries cryptées, comme les très populaires applications WhatsApp et Skype, y compris dans le cadre de procédures pénales.
Le poids du passé allemand
Jusqu'à présent, ces outils de surveillance n'étaient autorisés par la Cour constitutionnelle allemande que dans le cadre de la lutte antiterroriste.
Ce vote est significatif pour un pays d'ordinaire très à cheval dès qu'il s'agit de protection des données privées, en raison du poids du passé allemand avec les deux dictatures du 20e siècle, celle des Nazis et celle du régime communiste de RDA après-guerre.
agences/br
Correction d'un "retard"
Le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière s'est félicité de l'adoption de cette loi qui corrige selon lui un "retard" technologique de l'État sur les délinquants et criminels utilisant massivement, comme le reste de la population, ces applications.
Les partis d'opposition (l'extrême gauche et les Verts) ont eux dénoncé un outil de surveillance d'une ampleur inédite pour le pays et ont voté contre.
Un débat qui agite l'Europe
Le débat agite tous les pays frappés par les attentats. La France et le Royaume-Uni ont appelé le 14 juin à l'établissement d'un système de réquisition légales des services cryptés pour renforcer la lutte européenne antiterroriste.
WhatsApp, détenu par Facebook, et Skype, qui utilisent le cryptage de données pour garantir à leurs utilisateurs la confidentialité des échanges, refusent de se plier aux lois qui imposent dans certains pays aux opérateurs traditionnels de télécommunication (fournisseurs d'accès à internet, opérateurs mobiles et fixe) de fournir leurs données aux gouvernements qui le leurs demandent.