Ils ont voté dimanche pour Jean-Luc Mélenchon, François Fillon ou Nicolas Dupont-Aignan. Ces citoyens que nous avions suivis dans leur quotidien pour notre série "Vies françaises" se confient après le premier tour de la présidentielle.
Hervé à Roubaix, plus blasé que déçu
"Cette poussée de l'extrémisme n'est pas surprenante". Hervé Saint-Pol, infirmier à domicile à Roubaix, affirme qu'il avait vu venir le résultat du premier tour. Et, plus blasé que déçu, annonce qu'il s'abstiendra de choisir entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Ou qu'il ira voter blanc.
"Je sais que ça peut être un jeu dangereux qui favorise l'extrême, mais j'en prends la responsabilité. De toute façon, si ça n'arrive pas cette année, ça arrivera assez vite si Macron ne fait pas ses preuves." Hervé estime que s'il est élu, Emmanuel Macron devra agir très rapidement, s'il veut s'épargner un vote sanction aux législatives de juin qui aboutirait à une cohabitation et compliquerait considérablement l'exercice du pouvoir.
Je n'avais pas l'intention de m'investir plus que ça dans cette vie politique qui me dégoûte
En mars dernier, lors de notre rencontre, il disait qu'il donnerait sa voix à un petit candidat. C'est pour le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan qu'il a finalement voté, "même pas par conviction, juste histoire de voter pour un petit". Au premier tour, "je n'avais déjà pas l'intention de m'investir plus que ça dans cette vie politique, qui me dégoûte en fait."
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Le choc de Sonia à Marseille
"Je suis choquée, j'étais au bord des larmes dimanche", raconte Sonia Nemer, danseuse orientale à Marseille. "Pour la première fois, je croyais à une victoire de Jean-Luc Mélenchon. J'avais sondé du monde autour de moi: tous allaient voter pour Mélenchon cette année, quelles que soient leurs origines. Et pourtant Emmanuel Macron a créé la surprise. Je ne crois plus en la valeur de ces résultats... Si une manifestation s'était tenue à Marseille, à l'image de celle à Paris, j'y serais allée!"
Mon pays est désormais entre les mains de la banque Rothschild!
"Je n'irai pas voter au second tour", explique encore cette fille d'immigrés berbères. Sonia participera à un festival de danse orientale à Montpellier le dimanche 7 mai, "avec des gens du monde entier, j'irai plutôt vers eux".
"Mon pays est désormais entre les mains de la banque Rothschild", s'indigne-t-elle. "Je n'arriverai pas à voter Macron, c'est au-dessus de mes forces. C'est le seul candidat à ne pas avoir de programme! C'est comme s'il me riait au visage: 'je vais passer sans programme'." Car pour la trentenaire, c'est déjà certain, Emmanuel Macron sera le prochain président de la République.
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La déception de Pierre-Hugues à Rennes
"Je suis déçu par le résultat", reconnaît Pierre-Hugues, qui a glissé un bulletin François Fillon dans l'urne dimanche. "Mais ce n'est pas vraiment une surprise, les sondages n'étaient pas hyper optimistes. Ma grande hantise, c'était un second tour Le Pen - Mélenchon, je n'aurais pas su quoi faire. Donc je suis un peu rassuré", explique l'étudiant breton.
Il est absolument essentiel de faire barrage à Marine Le Pen
"A contre-coeur, vraiment à contre-coeur, je vais voter pour Emmanuel Macron au second tour. Il est absolument essentiel de faire barrage à Marine Le Pen", martèle Pierre-Hugues avec conviction.
Le catholique pratiquant et engagé met tous ses espoirs dans les législatives. "J'espère que la droite l'emportera en juin, qu'il y aura une cohabitation et que le Premier ministre sera de droite. Car pour moi, Macron sera définitivement un président de gauche, lui l'ancien ministre d'un gouvernement de gauche." Et d'ajouter: "Au poste de Premier ministre, je verrais bien Valérie Pécresse, une femme ce serait pas mal, un peu de mixité et des visages jeunes."
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Pas de vote par dépit pour Emilie, près de Grenoble
"Je suis tout de même déçue du résultat, mais cela ne va pas m'empêcher d'avancer dans ma vie", avoue en riant Emilie David, gérante d'un salon de coiffure dans la station thermale d'Allevard. La Française s'est déplacée dimanche pour donner sa voix à un petit candidat, après avoir longtemps hésité avec un "vote utile". "Est-ce que je le regrette? Je ne sais pas... Ma voix n'aurait pas fait la différence de toutes manières..."
Il y en a marre de voter pour celui qu'on ne veut pas uniquement pour contrer le FN
"Je ne voterai ni pour Emmanuel Macron ni pour Marine Le Pen", explique Emilie, qui n'a pas envie de choisir "par dépit". "Il y en a marre de voter pour celui qu'on ne veut pas uniquement pour contrer le Front national. Macron est un pur produit, il n'est pas arrivé là tout seul, c'est une marionnette des financiers, des banquiers!"
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Propos recueillis par Pauline Turuban et Tamara Muncanovic
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