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Un président fantoche à la Fédération internationale des échecs

Le président de la Fédération internationale d'échecs Kirsan Ilyumzhinov (débout en train de jouer) lors d'une rencontre à Dresde, en 2008. [EPA/Keystone - Matthias Hiekel]
Le président de la Fédération internationale d'échecs Kirsan Ilyumzhinov (débout en train de jouer) lors d'une rencontre à Dresde, en 2008. - [EPA/Keystone - Matthias Hiekel]
A l’issue d’une séance extraordinaire du comité exécutif, Kirsan Ilyumzhinov conserve son poste de président de la Fédération internationale des échecs (FIDE), mais y perd tout pouvoir de signature. Il s'explique à la RTS.

La contestation contre l’oligarque russe avait redoublé depuis son inscription sur la liste des sanctions américaines pour soutien au régime du président syrien Bachar al-Assad.

>> Lire : Le président de la Fédération des échecs vacille sous les sanctions américaines

"Je suis ici et je travaillerai comme président de la FIDE jusqu’à la fin de mon mandat", assure à la RTS Kirsan Ilyumzhinov, de passage à Zurich. Ceux qui avaient cru l'homme près de céder aux pressions ont perdu la bataille. A la tête de la fédération depuis 1995, le Russe entend bien le rester jusqu’à la fin de son mandat: "Oui, je suis président de la FIDE. Le 11 août 2014, j’ai été élu comme président pour quatre ans à Tromsø, en Norvège. Les prochaines élections se dérouleront en octobre 2018. Certaines personnes veulent que je démissionne avant, mais je ne veux pas."

Radiation

Lors de la réunion extraordinaire du comité directeur de la FIDE, le 10 avril à Athènes, Kirsan Ilyumzhinov a certes réussi à conserver sa fonction, mais amputée d’importantes prérogatives.

Désormais, tous les pouvoirs financiers, commerciaux ou légaux seront formellement entre les mains du président-adjoint, le Grec Georges Makropoulos "qui représente dorénavant officiellement la FIDE".

Kirsan Ilyumzhinov sera radié du registre du commerce du canton de Vaud, où la FIDE est domiciliée, et son nom ne figurera plus sur aucun document bancaire. "Je suis un président politique. Tout ce qui relève des questions techniques, comme signer des contrats, faire des transactions financières, je ne peux plus", admet Kirsan Ilyumzhinov.

Président sur liste noire

Fin 2015, ce proche de Vladimir Poutine avait été placé sur la liste des sanctions du Département américain du trésor pour soutien au régime syrien. Ses liens avec la Libye de Mouammar Kadhafi en 2011 avaient aussi semé le trouble dans le monde des échecs.

Kirsan Ilyumzhinov dément avoir fait des affaires avec Bachar al-Assad et affirme s’engager uniquement en faveur de sa passion: "Je donne beaucoup d’argent aux échecs. Des millions de dollars, de ma poche. Parfois mon frère me dit: 'Tu es fou; pourquoi dépenses-tu tout cet argent pour, au final, te faire insulter? Tu es masochiste!"

Homme de réseau

S’il s’estime mal payé de ses efforts, s’il perd le pouvoir juridique sur les affaires de la FIDE, Kirsan Ilyumzhinov conserve une présidence statutaire qui lui garde ouvertes les portes de la famille du sport et de ses fédérations, mais aussi celles des plus hauts dirigeants politiques. "J’ai visité 108 pays l’an dernier", souligne celui qui conserve aussi le soutien du Kremlin.

Avant de s’envoler vers la Russie, comme pour faire oublier la perte de ses droits de signataire, l'homme formule cet objectif: Que la Terre compte un milliard de joueurs d’échecs."

Natalie Bougeard et Pascal Jeannerat

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