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"Le départ d’Ahmadinejad a participé à dédiaboliser l’Iran" pour les touristes

La ville d'Ispahan classée par l'Unesco. [hemis.fr / AFP - Bruno Morandi]
La ville d'Ispahan classée par l'Unesco. - [hemis.fr / AFP - Bruno Morandi]
La fin des sanctions a contribué à faire de l'Iran une destination de plus en plus prisée pour les Suisses romands, estime le directeur de l'agence de voyage officielle de l'Iran en Suisse, Reza Nafissy, interrogé par la RTS.

Selon Reza Nafissy, le directeur et fondateur de Tech Travel, la fin des sanctions internationales frappant l’Iran a "montré que l’Iran n’est pas un pays plein de monstres qui en veulent à l'Occident". Et le départ en 2013 du président Mahmoud Ahmadinejad en a été la première étape. "Ca a normalisé l'Iran", explique-t-il.

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Le nombre de touristes suisses se rendant en Iran en 2016 a augmenté "de 60 à 70%" par rapport à 2015, estime Reza Nafissy. Il s'attend à une tendance similaire pour fin 2016 et le début de 2017.

Montrer patte blanche

Mais le voyageur souhaitant se rendre en Iran doit affronter de nombreux obstacles administratifs. Il doit notamment présenter une fiche d'empreintes digitales aux autorités consulaires, la République islamique ne reconnaissant pas celles figurant dans le passeport biométrique.

Dans les cantons romands, ce sont les services de police qui établissent ces documents. Or une augmentation des demandes a été constatée depuis la levée des sanctions en janvier 2016 (voir encadré).

Antonin Python

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De plus en plus de demandes d'empreintes digitales

Dans le canton de Fribourg, 74 demandes d'empreinte digitales – dont "une grande majorité" pour l’Iran – ont déjà été enregistrées depuis janvier 2016 alors que seulement 54 demandes avaient été faites pour 2015.

A Genève, 332 fiches d’empreintes – sur un total de 443 – ont été effectuées pour l’Iran pour les six premiers mois de 2016. Sur toute l’année 2015, il y en avait eu 475 tous pays confondus.

Les autorités neuchâteloises ont effectué 42 fiches de ce type au 1er semestre 2016, soit le double du total de l’année dernière (21 demandes).

Dans le canton de Vaud, on constate une augmentation de 45% de ces demandes (136 prises d'empreintes à des fins non judiciaires au premier semestre 2015 contre 198 pour la même période en 2016). La porte-parole de la police Florence Maillard précise que 90% de ces fiches sont réalisées en vue de l’obtention d'un visa pour l’Iran.

La police valaisanne a relevé 74 demandes pour l’année 2015 et 52 pour les six premiers mois de 2016. Le porte-parole de la police note que ces requêtes sont en augmentation depuis environ 3 ans.

Seul le Jura semble être à l’écart de cette tendance puisqu’ "aucune augmentation significative" n’a été remarquée par rapport à 2015.

Clientèle en évolution

Le profil-type du voyageur suisse en Iran se serait modifié, selon le directeur de l'agence de voyage officielle de l'Iran en Suisse, Reza Nafissy.

Alors que jusqu'au début de l’année 2016 la majeure partie des personnes visitant l’Iran correspondait à une clientèle "possédant une éducation au-dessus de la moyenne, attirée par les atouts culturels et archéologiques de l'Iran" et d'une moyenne d’âge d'environ 60 ans, la demande se serait désormais élargie.

"De plus en plus de jeunes qui cherchent l'originalité s'intéressent à l'Iran", explique Reza Nafissy.

Mais l’attrait pour la nouveauté ne semble pas être la seule cause de départ de jeunes Romands pour la Perse. Valentine, étudiante de 24 ans à l'Université de Genève, explique que si la quête d’originalité a en partie motivé sa décision de s'y rendre, elle doit aussi son séjour à sa "fascination pour la culture et l’histoire" en Iran.

Toute une culture

Même son de cloche pour Victoria, étudiante en affaires internationales, attirée tant par la culture du pays – "le cinéma iranien qui montre des paysages divers, une poésie omniprésente, des relations sociales compliquées" – que par sa situation politique qui en fait "un sujet d’étude passionnant".

De son côté, Ivan, 22 ans, ne cache pas avoir ressenti une certaine appréhension avant son départ pour un pays qu'il voyait comme "très fermé et hostile". Il voulait toutefois s'en faire sa propre idée pour "aller au-delà des a priori  négatifs présents en Europe". Il dit avoir choisi l’Iran notamment car un de ses amis s’y était installé pour un an et que "sa présence là-bas avait quelque chose de rassurant".