Avec ses 600 millions d’hectares de forêt, l’Amazonie est un "puits de carbone". Ses arbres stockent à eux seuls près de 2 milliards de tonnes de CO2 par an. Cette gigantesque réserve représente 20% du carbone mondial.
Une double peine
Or, la déforestation impose une double peine à la planète: en plus de la priver d’une fabuleuse capacité d’absorption des émissions de gaz à effet de serre, la coupe des arbres libère dans l’atmosphère le carbone stocké. Des études indiquent que la déforestation est responsable de 15 à 20% des émissions de gaz à effet de serre.
Imaginé en 2008, le mécanisme "Réduction des émissions de CO2 dues à la déforestation et la dégradation des forêts dans les pays en développement" (REDD+) vise à baisser la pollution atmosphérique en permettant à des entreprises ou à des Etats de compenser leurs émissions de CO2 en investissant dans des projets de protection de la forêt ou de reboisement.
En mars 2013, Walt Disney a ainsi acheté 3,5 millions de dollars de crédits-carbone en Amazonie, équivalant à 437 000 tonnes de CO2. "La compagnie a payé les crédits sept fois plus que leur valeur sur le marché" se félicite le gouvernement péruvien sur le site du Ministère de l'Environnement.
Une efficacité discutée
Beaucoup d’organisations non gouvernementales doutent toutefois de ce mécanisme. Marchandisation de la nature, logique capitaliste, soutien à des projets non vertueux comme les plantations d’huile de palme, atteinte aux droits des populations locales: les craintes ne cessent de se multiplier.
"C’est un fausse solution qui scientifiquement ne marche pas", selon Sylvain Angerand, des Amis de la Terre, qui met en garde: "Le puits de carbone peut très vite se transformer en source de carbone et augmenter d’autant les effets du changement climatique. Les arbres, en cas de stress, relâchent du carbone".
Selon lui, le REDD doit être accompagné d’une réelle politique de lutte contre l’augmentation des émissions. Il devrait être lié à une taxe sur les entreprises polluantes et non pas à des crédits-carbone qui permettent aux entreprises de continuer à polluer.
Amanda Chaparro, TV5Monde / vkiss