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"La mise en place d'une coalition contre le terrorisme sera très difficile"

Georges Malbrunot.
Georges Malbrunot, journaliste spécialiste du Moyen-Orient / L'invité de la rédaction / 18 min. / le 19 novembre 2015
Dans le combat contre le terrorisme, "on entre dans une phase plus offensive", a indiqué jeudi à la RTS le journaliste et ex-otage Georges Malbrunot, en détaillant les enjeux qui sont sur la table.

"La guerre contre le terrorisme est une guerre qui ne se gagne pas", a admis le journaliste français invité au Journal du matin. Néanmoins, il estime inévitable de s'engager militairement en Irak et en Syrie. Le plus difficile va être la coopération.

Les frappes françaises ne suffiront pas

Les raids aériens sont nécessaires. Ils devraient amener Daech à se replier sur son bastion irakien, a pronostiqué l'expert. Mais la France, avec ses 12 avions actuels et les 28 à venir, ne pourra pas gagner seule.

Mettre en place une grande coalition

François Hollande doit se rendre à Washington et à Moscou la semaine prochaine pour essayer de s'intégrer dans cette coalition unique qu'il ne voulait pas avant mais qui est devenue une nécessité, a rappelé le spécialiste du Moyen-Orient. "Mais cela va être extrêmement difficile car chacun a ses propres intérêts", a-t-il prévenu, en estimant que "ce sont les Russes et les Iraniens qui vont donner le tempo".

Attaquer tous les groupes islamistes

Les Français et les Américains visent l'EI. Les Russes, qui frappaient d'abord les ennemis de Bachar al-Assad (salafistes et modérés), s'en prennent aussi à Daech depuis l'attentat contre un avion dans le Sinaï. Seulement, il ne faut pas frapper que l'organisation Etat islamique, selon Georges Malbrunot. "Face à l'intensification des frappes, les rebelles s'unifient vers le plus radical. Les modérés s'allient avec les salafistes, qui collaborent avec Al-Nosra, qui collabore avec Daech", a-t-il prévenu.

Négocier avec les monarchies du Golfe

Mais attaquer les autres groupes islamistes va être compliqué. En effet, ces troupes sont téléguidées par d'autres pays comme la Turquie. Al-Nosra a le soutien du Qatar. Le groupe salafiste Ahrar el-Cham a l'appui de l'Arabie saoudite. Des financements privés d'Arabie saoudite et du Koweit soutiennent l'EI, entre autres. Or "la France est le porte-drapeau des monarchies du Golfe, qui nous ont promis 50 milliards de dollars d'investissement. Les attentats de Paris vont permettre de clarifier nos alliances qui sont un peu contre-nature", a estimé l'expert.

Mobiliser des troupes au sol

"Pour que les frappes soient efficaces, il faudrait qu'elles soient relayées par des troupes au sol", a souligné Georges Malbrunot. Mais qui? Il y a les Kurdes soutenus par des forces spéciales américaines, les Iraniens qui ne sont pas assez nombreux, et surtout l'armée de Bachar al-Assad, "avec qui il y a des ajustements à faire", a-t-il reconnu.

Accepter Bachar al-Assad

"Personne n'abandonne l'idée d'abandonner Bachar al-Assad, mais l'avoir comme préalable est intenable", a-t-il prévenu, en déplorant que "jusqu'ici, nous étions dans l'Irealpolitik" . "Désormais, la France échange des renseignements avec la Russie, qui elle-même en tient des services de renseignement de Bachar al-Assad", a-t-il souligné.

>> Ecouter également "La France a-t-elle les moyens de sa politique guerrière?" :

Le général français Vincent Desportes. [www.youtube.com]www.youtube.com
La France a-t-elle les moyens de sa politique guerrière? / Le Journal du matin / 1 min. / le 19 novembre 2015

bri

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