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"Le régime iranien actuel n'est pas réformable, il faut le changer"

Abolhassan Bani Sadr, ancien président iranien. [Reuters - Tobias Schwarz]
Entretien avec l'ancien président iranien Abolhassan Bani Sadr / Tout un monde / 9 min. / le 12 novembre 2015
A l'occasion de son passage jeudi soir au Club 44 de La Chaux-de-Fonds, l'ancien président iranien Abolhassan Bani Sadr (1980-1981) a accordé un entretien à l'émission Tout un monde de la RTS.

Elu premier président de la République islamique d’Iran en février 1980, Abolhassan Bani Sadr avait été destitué par l’imam Khomeiny. Depuis 34 ans, il vit en exil en France d'où il suit l’évolution de l’Iran avec grande attention.

Questionné à propos de l'accord sur le nucléaire iranien conclu après des années d'intenses négociations, l'ancien chef d'Etat s'est dit peu convaincu: "C'est un accord unilatéral. Les cinq puissances (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne, ndlr.) sont en même temps juges et accusateurs et si l'un des cinq prétend que les conditions n'ont pas été respectées, les sanctions contre l'Iran se rétablissent immédiatement."

Abolhassan Bani Sadr a également dénoncé un accord ambigu, instrumentalisé par le guide suprême iranien Ali Khamenei. Une forme de chantage, selon lui, qui consiste à dire que l'Iran respectera l'accord tant que l'Occident ne s'ingère pas dans ses affaires intérieures.

L'Iran, une puissance régionale

Par ailleurs, l'ex-président a évoqué avec scepticisme la volonté de Téhéran de jouer un rôle de puissance régionale: "L'Iran participe à la guerre en Syrie, en Irak, au Yémen, au Liban, à Bahreïn ou en Palestine. Or aucun de ces pays n'a les moyens de devenir une superpuissance régionale. Ils n'ont ni la capacité militaire, ni la capacité économique nécessaires".

"Ce n'est pas un Etat totalitaire"

Abolhassan Bani Sadr a estimé en outre que l'Iran ne pouvait pas être qualifié d'Etat totalitaire, en raison de sa société civile: "Le peuple et sa culture ne le permettent pas. Cette vivacité vient de la Révolution iranienne (1979) qui a changé les mentalités. A l'époque du Shah, il y avait 100'000 étudiants maximum. Aujourd'hui, il y a 21 millions élèves dans les lycées et les universités. Ce qui nous manque, par contre, c'est une organisation dans la société civile qui puisse veiller à ce que le pays reste un Etat de droit".

Selon lui, le régime iranien actuel n'est pas réformable: "Comment peut-on réformer un régime basé sur le principe des pleins pouvoirs du guide? Le réformer c'est le changer... et son changement est à portée de main". Faut-il compter sur une nouvelle révolution? "Elle a déjà été faite, ce n'est pas la peine de la répéter. Si on supprime les pleins pouvoirs du guide, on peut avoir une constitution".

Et de conclure: "Je rappelle que plusieurs sondages internationaux montrent que 90% des Iraniens veulent la démocratie".

hend

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