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"L'impunité qui règne en Syrie est une honte pour l'ONU", dit Carla Del Ponte

Carla Del Ponte est révoltée par l'inaction de l'ONU face aux violations des droits de l'homme en Syrie. [Martial Trezzini/Keystone via AP]
La commission d'enquête ne cache plus sa frustration face à la situation / Le Journal du matin / 1 min. / le 4 septembre 2015
L'inaction du Conseil de sécurité de l'ONU est une honte, a affirmé jeudi à Genève l'ex-procureure Carla Del Ponte lors de la présentation du 10e rapport de la commission d'enquête de l'ONU.

"Ma frustration est énorme", a confié à la presse Carla Del Ponte lors de la présentation du 10e rapport de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie.

"Des crimes sont commis chaque jour, mais le Conseil de sécurité n'agit pas", a dit la Tessinoise.

"La justice pourrait être un premier pas important, mais en Syrie il règne une totale impunité", a poursuivi l'ex-procureure des tribunaux internationaux sur l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. "C'est une honte pour la communauté internationale".

Aucun tribunal

Lors de la guerre en Bosnie (1992-1995) et du génocide au Rwanda (1994), des tribunaux ont été créés rapidement pour juger les responsables, a-t-elle rappelé. "Pour la Syrie, rien. C'est inacceptable".

La commission d'enquête a demandé à plusieurs reprises que le Conseil de sécurité de l'ONU saisisse la Cour pénale internationale, en vain depuis 4 ans.

Fidèle au président Bachar al-Assad, la Russie a menacé d'opposer son veto à toute tentative.

ats/sbad

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Pas de visite sur place pour le moment

Carla Del Ponte a confié par ailleurs qu'elle est toujours prête à se rendre à Damas. Elle est en contact régulier avec l'ambassadeur de Syrie à l'ONU à Genève, mais Damas n'a pas donné son feu vert à sa visite.

"Ce serait positif si Damas nous autorisait à entrer dans le pays pour enquêter sur les allégations d'armes chimiques", a précisé la Tessinoise.

10e rapport accablant

La litanie des horreurs continue en Syrie dans l'indifférence générale. Tous les belligérants ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, a affirmé la commission d'enquête de l'ONU dans son rapport.

"La population civile souffre de manière inimaginable et le monde regarde passivement", a déclaré le président de la commission d'enquête Paulo Sergio Pinheiro.

"Il est impératif de faire davantage pour les victimes du conflit forcées de fuir leur pays dans les pires circonstances", a ajouté M. Pinheiro en lançant un appel à instaurer des voies légales de migration pour répondre aux besoins de protection des demandeurs d'asile et des réfugiés syriens.