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La présidentielle en Ukraine, un duel entre le roi du chocolat et la diva

Le favori Petro Porochenko et l'outsider Ioulia Timochenko. [afp/key]
Le favori Petro Porochenko et l'outsider Ioulia Timochenko. - [afp/key]
Les Ukrainiens sont appelés aux urnes dimanche pour élire un nouveau président. Ils ont le choix entre 19 candidats, dont le favori pro-occidental Petro Porochenko et l'égérie Ioulia Timochenko. Portraits et fiche technique.

Le favori, Petro Porochenko

Parmi les 19 candidats en lice, le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko est donné grand favori par les instituts de sondage avec autour de 30% des intentions de vote.

Propriétaire d'une prospère holding produisant les chocolats Roshen, Porochenko s'est enrichi dans les années 1990 sur les ruines de l'Union soviétique. A 48 ans et fort d'une fortune estimée à 1,6 milliard de dollars, il est le seul oligarque qui n'a pas hésité à mettre ouvertement sa puissance financière et médiatique au service de la contestation pro-européenne à Kiev.

Sa cote de popularité a grimpé en flèche malgré son passé de transfuge. Il a été l'un des fondateurs du parti des régions, ex-formation de Viktor Ianoukovitch et son ministre de l'Economie. Elu président, il promet de "régler le problème avec la Russie en trois mois".

Il compte comme allié de poids l'ancien boxeur et leader de la contestation Vitali Klitschko, qui a renoncé à participer.

L'outsider, Ioulia Timochenko

Loin derrière arrive l'ancien Premier ministre et égérie de la Révolution orange de 2004, Ioulia Timochenko. Célèbre en Occident, la diva à la tresse blonde est réapparue sur le devant de la scène en février juste après sa libération de prison où l'avait enfermée la justice de l'ex-président Ianoukovitch.

Prenant la parole sur une chaise roulante devant la foule qui pleurait les morts de la répression sanglante de Maïdan, la dame de fer de 53 ans a reçu un accueil mitigé. Depuis, elle a multiplié les déclarations choc, a lancé un mouvement de "résistance" à l'agression russe et a promis l'adhésion à l'UE. Rien n'y fait: sa popularité est en chute libre avec 6 à 10% des intentions de vote.

Enrichie dans le tumulte des années postsoviétiques, un passé plein de zones d'ombre, elle promet une lutte sans merci contre les oligarques et une "troisième révolution" si elle n'est pas élue.

Les autres candidats

Les noms de 21 candidats sont inscrits sur les bulletins de vote, mais deux ont déjà annoncé qu'ils se retiraient de la course présidentielle.

Moins connus, les 17 autres candidats, qu'ils soient milliardaires, ultranationalistes, indépendants, issues du mouvement de contestation de Maïdan ou pro-Russes recueillent chacun moins de 4% des intentions de vote. Sauf énorme surprise, il n'ont quasiment aucune chance d'être élus.

Sergei Tihipko est le plus connu. Ce banquier et député de 54 ans se présente comme indépendant après avoir été ministre de l'Economie puis directeur de campagne de Ianoukovitch en 2004.

Mykhaïlo Dobkin est lui soutenu par Ianoukovitch. Agé de 44 ans, il est l'ancien gouverneur de la région russophone de Kharkiv, à l'est du pays.

boi avec afp

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La fiche technique

Plus de 36 millions d'électeurs sont appelés à voter en Ukraine pour élire leur président après des mois d'une crise qui a vu la fuite de l'ex-dirigeant Viktor Ianoukovitch et a conduit le pays au bord de la guerre civile.

Il s'agit du sixième scrutin présidentiel depuis l'indépendance de cette ex-république soviétique en 1991. Le vainqueur, élu pour cinq ans, deviendra le cinquième président de l'Ukraine.

Aucune participation minimale n'est requise pour valider le scrutin, depuis une modification en mars de la loi électorale. Autrement dit, même l'impossibilité pour les bureaux de vote d'ouvrir dans les zones tenues par les rebelles pro-russes n'est pas de nature à invalider l'élection.

Si aucun candidat ne réunit plus de 50% des suffrages exprimés, un second tour est prévu trois semaines plus tard, le 15 juin, pour les deux candidats arrivés en tête.

Le scrutin commencera à 8h (7h en Suisse) et se terminera à 20h (19h en Suisse).

Trois instituts de sondage indépendants vont publier dès la fermeture des premières sondages à la sortie des bureaux de vote. Les tout premiers résultats officiels seront annoncés dans la nuit, à partir de minuit.

Les points chauds

L'insurrection pro-russe dans l'est du pays, particulièrement dans les régions de Lougansk et de Donetsk, pourrait empêcher 2 millions de citoyens de s'exprimer. Les observateurs redoutent des fraudes.

Des violences pourraient aussi éclater durant le vote, faisant craindre une escalade.

Quant aux électeurs de Crimée, la péninsule rattachée à la Russie au terme d'une occupation par des forces russes et d'un référendum que la communauté internationale ne reconnaît pas, ils peuvent en théorie quitter la région et voter dans un bureau de vote du sud de l'Ukraine.

Le vote sera scruté de toute part. Il est qualifié de crucial par les Occidentaux, mais est raillé par la Russie qui le compare à un exercice de démocratie "au son des canons".

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