Publié

La gauche de retour à l'Elysée 17 ans après un autre François

Les deux François, Mitterrand et Hollande, les seuls hommes de gauche à avoir été élu président. [AFP - Rémy Gabalda]
Les deux François, Mitterrand et Hollande, les seuls hommes de gauche à avoir été élus président. - [AFP - Rémy Gabalda]
Un seul homme de gauche avait jusqu'ici occupé le Palais de l'Elysée sous la Ve République. Dix-ans après François Mitterrand, c'est un autre François, Hollande en l'occurrence, qui occupera la présidence de la France ces cinq prochaines années.

La gauche, qui a gagné dimanche l'Elysée avec François Hollande, a gouverné pendant seulement 15 ans depuis le début de la Ve République en 1958. Elle n'a remporté que deux fois l'élection présidentielle auparavant, avec François Mitterrand en 1981 et 1988.

Mais alors que l'Espagne a viré à droite récemment et que tant l'Allemagne que la Grande-Bretagne sont gouvernées par la droite, les socialistes reviennent en force dans un des Etats les plus puissants d'Europe.

Le 10 mai 1981, la date clé

Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, le 17 mars 2010 à Nantes
Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, le 17 mars 2010 à Nantes

Pour la gauche, c'est le 10 mai 1981 qui a marqué un tournant dans la politique française. Après son revers en 1974, François Mitterrand avait alors remporté une victoire historique suite à 23 ans de pouvoir de la droite. Mais après avoir mis en oeuvre un programme à gauche toute, marqué par les nationalisations de la plupart des grandes entreprises du pays, la gauche est sanctionnée en 1986 et perd les élections législatives. S'ouvre alors une période de "cohabitation" institutionnelle entre un président de gauche et un gouvernement de droite, disposant d'une majorité à l'Assemblée nationale.

Le régime présidentiel français devient alors en grande partie un régime parlementaire, sauf pour les questions de défense et de diplomatie. François Mitterrand, qui s'est refait une santé politique pendant la période de cohabitation, est réélu en 1988. La gauche gouverne alors de nouveau jusqu'en 1993, puis perd de nouveau les législatives et une deuxième cohabitation commence pour François Mitterrand.

La droite au pouvoir depuis 1995

Les attaques commencent entre les deux finalistes de la primaire socialiste, Martine Aubry et François Hollande (ici, lors de la convention du parti à La Rochelle, le 28 août). [KEYSTONE - Bob Edme]
Les attaques commencent entre les deux finalistes de la primaire socialiste, Martine Aubry et François Hollande (ici, lors de la convention du parti à La Rochelle, le 28 août). [KEYSTONE - Bob Edme]

En 1995, le conservateur Jacques Chirac est élu président de la République. Mais deux ans plus tard, en 1997, il décide dissoudre l'Assemblée nationale afin de relancer son action. Le pari est perdu, la gauche obtient la majorité et doit à son tour affronter une situation de "cohabitation". Le socialiste Lionel Jospin devient Premier ministre de Jacques Chirac. Il mène quelques réformes emblématiques, comme la réduction à 35 heures de la durée hebdomadaire du travail.

Candidat à l'élection présidentielle en 2002, Jospin subit le "coup de tonnerre" d'une élimination au premier tour, au profit du candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen. Le socialiste annonce sa retraite politique. La gauche, emmenée par Ségolène Royal, perd également la présidentielle suivante, en 2007, lorsque Nicolas Sarkozy est élu.

C'est donc en 2012 que la gauche fête un retour marquant à l'Elysée avec François Hollande, qui empêche Nicolas Sarkozy d'être reconduit pour un deuxième mandat. Les socialistes visent désormais une nouvelle victoire aux législatives afin d'asseoir leur pouvoir sur l'Hexagone. Reste à connaître la composition de l'équipe dirigeante...

Frédéric Boillat avec ats

Publié

Quels ministres?

De nombreux scénarios s'échafaudent déjà au Parti socialiste quant au futur gouvernement de François Hollande.

Pour le poste de Premier ministre, deux personnalités sont en pole position: Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, 62 ans, un fidèle de longue date, et Martine Aubry, 61 ans, Première secrétaire, ex-numéro deux du gouvernement Jospin. Plusieurs fois ministre, Laurent Fabius figure aussi parmi les papables.

Jean-Marc Ayrault "serait un choix de confort, qui a le bon profil", juge-t-on à gauche. C'est un peu le Fillon de Hollande, estiment certains, car il ne va pas s'affaiblir en nommant un ancien Premier ministre ou ex-titulaire d'un gros ministère, lui qui n'a jamais exercé de fonction ministérielle.

Avec Martine Aubry, même si les relations notoirement mauvaises se sont beaucoup améliorées, ce serait une "cohabitation explosive du type Rocard-Mitterrand", commente un autre socialiste.

Le fidèle Michel Sapin, un temps cité, paraît écarté pour Matignon. "Il faut une proximité, mais pas une trop grande", commente-t-on au PS. Celui-ci pourrait ainsi recevoir le ministère de l'Economie.

Pierre Moscovici convoite lui les Affaires étrangères, tout comme Laurent Fabius. Le premier pourrait donc se retrouver à Bercy. Auquel cas, Michel Sapin pourrait devenir Garde des sceaux. Manuel Valls, puissant directeur de la communication de la campagne, souhaiterait lui l'Intérieur.

Parité promise, plusieurs femmes entreront au gouvernement. Fréquemment citées parmi d'autres: Marisol Touraine aux Affaires sociales, Najat Vallaud-Belkacem et Delphine Batho, deux des porte-parole, la députée Aurélie Filippetti ou l'énarque conseillère référendaire à la Cour des comptes Fleur Pellerin.

Les noms de Vincent Peillon, Claude Bartolone ou Arnaud Montebourg sont également cités, alors que concernant l'ouverture, ce sont les noms du radical de gauche Jean-Michel Baylet et de l'écologiste Cécile Duflot qui sont avancés.

Mais le nouveau président choisira-t-il également des ministres ou collaborateurs au centre?