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Sept pompiers tués par les flammes au Chili

Six pompiers professionnels n'ont pas survécu aux flammes. [Alejandro Zones]
Six pompiers professionnels n'ont pas survécu aux flammes. - [Alejandro Zones]
Sept pompiers ont péri et quatre ont été blessés dans un feu de forêt dans le sud du Chili, qui est frappé depuis plusieurs jours par une importante vague d'incendies. Certains pourraient même être d'origine criminelle, a affirmé le président Sebastian Pinera.

Un sapeur-pompier porté disparu au sud du Chili a été retrouvé sans vie, a annoncé vendredi matin le gouvernement. Ce décès porte à sept le bilan des pompiers victimes du feu qui ravage un forêt près de Carahue, à 700 kilomètres au sud de la capitale Santiago.

Les pompiers, qui ont lutté toute la journée de jeudi contre les flammes, ont soudainement été surpris par le feu, qui les a encerclés à cause du vent. Selon les autorités régionales, les soldats du feu se sont serrés les uns contre les autres et ont vu le feu leur passer dessus. Il est probable que les survivants soient ceux qui étaient en-dessous.

Plus de 50 feux en 10 jours

En dix jours, plus de 50 incendies ont consumé 50'000 hectares de forêts au Chili, particulièrement dans les régions du BioBio, du Maule et de l'Araucanie, entre 500 et 700 km au sud de Santiago. Ces feux sont favorisés par un début d'été austral très sec, une vague de chaleur et des vents violents, "probablement" liés au phénomène météorologique La Nina, selon le chef de l'Etat Sebastian Pinera.

Depuis trois jours cependant, de forts soupçons sont nés sur l'origine criminelle de plusieurs incendies du fait de départs de feux simultanés. "Je crois que nous devons combattre non seulement les incendies, mais les criminels qui sont derrière les incendies", a déclaré le président, annonçant que l'Etat engagera des poursuites en vertu de la loi antiterroriste. "Il est clair que des conduites de nature terroriste se cachent derrière le caractère intentionnel et criminel des incendies provoqués de manière simultanée et délibérée", a-t-il ajouté.

La loi antiterroriste, un arsenal judiciaire très controversé datant de la dictature de 1973-90, permet notamment d'allonger la durée de détention préventive, d'alourdir les peines et de citer des témoins anonymes.

Une minorité pointée du doigt

Le ministre de l'intérieur, Rodrigo Hinzpeter, a pour sa part rappelé qu'un groupe d'Indiens Mapuches, la Cordination Arauco Malleco (CAM), a revendiqué l'incendie, le 30 décembre, d'un hélicoptère de lutte contre l'incendie appartenant à une entreprise forestière dans l'Araucanie. "La CAM revendique l'attentat contre un hélicoptère forestier et peu de temps après, il y a beaucoup d'incendies. Au bout du compte les choses commencent à s'emboîter", a déclaré le ministre à la télévision sans vouloir cependant imputer directement le feu à cette organisation.

Les Mapuches, première minorité indienne du Chili (6% de sa population) dont le fief est l'Araucanie, réclament une forme d'autonomie et la restitution de terres que l'Etat a saisies à la fin du XIXe siècle et qui ont été cédées à de grandes entreprises forestières ou agricoles, qui sont sporadiquement la cible d'attentats de la part de la frange Mapuche la plus radicale.

Deux arrestations pour négligence

Ces derniers jours, deux personnes ont été arrêtées en liaison avec des incendies, mais probablement provoqués par négligence. Un touriste israélien de 23 ans, Rotem Singer, a été inculpé samedi pour un feu mal éteint, du papier hygiénique, qui pourrait être à l'origine d'un incendie qui a détruit 15'000 hectares du parc naturel Torres del Paine, en Patagonie. Il a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Un autre homme a été arrêté mercredi pour avoir manipulé un feu de bengale, vraisemblablement à l'origine d'un petit incendie qui a affecté sept hectares dans le Biobio. Plus de 1800 pompiers et militaires luttent actuellement à l'échelle du pays contre les feux de forêt.

afp/boi

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