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Large victoire de la droite espagnole aux législatives

Sans surprise, le candidat de la droite Mariano Rajoy devrait diriger le futur gouvernement espagnol.
Selon des résultats partiels, le Parti populaire de Mariano Rajoy obtiendrait la majorité absolue.
La droite a remporté dimanche, sans surprise, la majorité absolue aux élections législatives en Espagne, selon des résultats partiels portant sur environ 90% des bulletins de vote. Les citoyens ont choisi de sanctionner le gouvernement socialiste et se préparent à une nouvelle cure de rigueur.

Le Parti populaire (PP) mené par Mariano Rajoy, 56 ans, qui devrait diriger le prochain gouvernement, gagne 186 sièges (44,5% des suffrages) tandis que le Parti socialiste (PSOE), au pouvoir depuis 2004, n'en a que 110 (28,5%), selon des résultats partiels avancés (89% du dépouillement).

Cela fait 32 sièges de plus pour le PP et moins 59 sièges pour le PSOE par rapport à 2008. Pour la droite, il s'agit d'une victoire historique, puisque c'est son meilleur résultat depuis le retour à la démocratie, pour les socialistes du pire. Ils ont d'ailleurs reconnu leur défaite avant la fin du dépouillement.

Le Parti populaire "obtient la majorité absolue la plus large de son histoire", a déclaré à la télévision Maria Dolores Cospedal, numéro deux du parti.

Le PP sera ainsi en mesure de gouverner seul le pays, sans alliances avec les partis nationalistes régionaux comme c'est le cas aujourd'hui pour les socialistes. 350 députés et 208 sénateurs étaient élus dimanche pour quatre ans au scrutin proportionnel. Les socialistes espagnols, au pouvoir depuis 2004, deviennent ainsi les nouvelle victimes d'une crise qui a déjà balayé les gouvernements grec et italien.

Entrée d'une coalition basque

Cette victoire était donc attendue dans un pays frappé durement par la crise et le chômage, les mesures d'austérité du gouvernement socialiste l'ayant rendu très impopulaire.

Mais le PP a justement fait campagne sur de nouvelles mesures de rigueur, pour permettre au pays de réduire son déficit public et de rassurer ainsi les marchés financiers, doutant depuis des mois de la solidité du pays.

Parmi les autres partis, le parti nationaliste catalan CiU (Convergencia i Unio) gagne 16 sièges tandis que la coalition écolocommuniste IU (Izquierda Unida) en a 11.

Cette dernière formation, qui n'avait jusque-là que deux députés, pouvait espérer faire une percée à ces élections, en écho au mouvement de protestation des "indignés" qui s'est développé dans le pays ces derniers mois, exprimant un large désaveu envers les grands partis.

Enfin, toujours selon ce sondage, la coalition indépendantiste basque Amaiur, issue de la mouvance Batasuna, bras politique de l'ETA illégal depuis 2003, fait son entrée au Parlement espagnol, avec 7 sièges. Et ce un mois après l'annonce historique de l'ETA qui a mis fin à 40 ans de violence.

Perte de confiance

La crise économique et les cinq millions de chômeurs étaient justement sur toutes les lèvres dimanche dans les bureaux de vote. "J'ai voté sans illusions. La crise est mondiale et il n'y a pas de solution", assurait à Barcelone Antonio Donono, concierge âgé de 56 ans, sans vouloir dire sur qui il avait porté son choix.

La crise a entraîné une perte de confiance envers les grands partis politiques, une partie des électeurs estimant que ni la gauche ni la droite ne sera capable de remettre le pays sur les rails.

Electeur du PP en 2008, Fernando Javier Alvarez Granero, instituteur de 46 ans, a lui "voté blanc pour la première fois".

Pression des marchés financiers

Deux fois candidat malheureux en 2004 et 2008 face au socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, Mariano Rajoy, un homme tenace mais sans charisme, devrait être investi chef du gouvernement à partir du 20 décembre, soit une semaine au moins après l'installation des deux chambres du Parlement le 13.

Surfant sur le mécontentement et la lassitude des électeurs, il n'a cette fois laissé aucune chance à son adversaire socialiste Alfredo Perez Rubalcaba, 60 ans, ancien ministre de l'Intérieur.

Sous la très forte pression des marchés financiers, le nouveau chef du gouvernement devra maintenant agir vite pour tenter de redresser l'économie espagnole, quatrième de la zone euro, menacée de récession et asphyxiée par un chômage record de 21,52%.

Les nouvelles mesures de rigueur qui se profilent, dont les grandes lignes devraient être annoncées ces prochains jours, pourraient attiser la grogne sociale qui s'est installée dans le pays.

ats/mre

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Le programme du Parti populaire

Marché du travail
- Création d'un contrat unique et flexible.
- Réduction de moitié du nombre de journées de travail prises en compte dans le calcul des indemnités de licenciement.
- Réforme des conventions collectives pour mettre fin à l'indexation des salaires sur l'inflation et les aligner sur l'évolution de la productivité, et négocier les salaires par entreprise et non plus par branche.

Budget
- Le projet de budget 2012, rédigé par les socialistes, mais que le prochain gouvernement pourra amender, prévoit une baisse des dépenses de 3,8% par rapport à 2011.
- Le PP s'engage à respecter l'objectif de déficit fixé à 4,4% pour 2012, en accord avec Bruxelles. Certains analystes estiment que ce ne sera possible qu'en trouvant 40 milliards d'euros supplémentaires.
- Retour d'un crédit d'impôt pour l'achat d'un bien immobilier, supprimé par les socialistes l'an dernier.
- Soutien aux créateurs d'entreprise, au PME et aux entrepreneurs individuels avec des réductions d'impôts
- Un entrepreneur individuel engageant un employé bénéficiera d'un crédit d'impôt de 3000 euros.
- On s'attend à ce que le PP fasse de nouvelles économies dans le secteur public et le budget des régions, même s'il a promis de ne pas toucher à l'Etat-providence. Les régions gèrent la santé et l'éducation.

Société
- Réforme de la loi légalisant l'avortement, adoptée en 2010, pour ôter aux adolescentes de 16 et 17 ans la possibilité d'avorter sans autorisation parentale.
- Le PP est opposé à la loi autorisant le mariage homosexuel, qui date de 2005. Rajoy se dit favorable aux unions civiles entre les couples homosexuels mais estime qu'elles ne devraient pas porter le nom de "mariage".
- Le PP estime que la réforme de la dépendance, créant une aide aux personnes qui s'occupent d'un membre de leur famille âgé ou handicapé, n'a pas atteint son but et coûte trop cher.

Energie
- Maintien de l'activité des centrales nucléaires aussi longtemps que l'autorité de régulation les jugera sûres.
- Le PP réduira probablement les aides aux énergies renouvelables.