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Libye: les forces du CNT continuent d'assiéger Syrte

Les combattants du CNT commencent à afficher des signes d'impatience. [Manu Brabo]
Des failles commencent à apparaître au sein du CNT. - [Manu Brabo]
Les forces du Conseil national de transition libyen (CNT) assiégeaient lundi Syrte, ville d'origine de l'ex-dirigeant déchu Mouammar Kadhafi, bombardée depuis trois jours par l'OTAN. Parallèlement, le géant pétrolier italien ENI, premier producteur étranger d'hydrocarbures en Libye, a annoncé avoir redémarré ses activités dans le pays.

Les combattants du CNT resserrent l'étau sur Syrte, encerclant par l'est et par l'ouest les partisans de Kadhafi dans cette ville située à 360 kilomètres à l'est de Tripoli. Les civils fuyant cette ville de 70’000 habitants évoquent les conditions de vie difficile pour ceux restés sur place. "La situation dans la ville est très critique", assure Miftah Mohammed, un négociant en poisson fuyant la ville avec 60 personnes - membres de sa famille, proches et voisins - dans un convoi de sept voitures.

Bombardements de l’OTAN

"Il n'y pas de nourriture, d'eau, de pétrole, ni d'électricité. Les enfants n'ont plus de lait. Cette situation dure depuis près de deux mois et les hommes de Kadhafi interdisent le départ des habitants", témoigne-t-il. Selon lui, "des mercenaires africains, notamment du Tchad, sévissent dans le centre ville et sont postés sur les toits interdisant aux gens de partir".

Une radio pro-Kadhafi émet à Syrte des messages de propagande pour rallier ce qui reste de loyalistes, selon des habitants. "Vous devez mourir pour Kadhafi, vous devez mourir pour la patrie", indiquent ces messages faisant l'éloge du "grand Guide", en fuite depuis plus d'un mois.

L'OTAN a indiqué lundi que ses avions avaient bombardé la veille un centre de commandement et de contrôle, des dépôts de munitions, un radar et des lance-roquettes à Syrte. Sur le front ouest, aucun combat n'a eu lieu lundi matin, selon les commandants sur place tandis qu'à l'est, des accrochages se sont produits dans la matinée lorsque un convoi de 150 combattants pro-CNT est entré dans la cité.

Sur le front de Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), les combattants positionnés à l'entrée de la ville subissaient toujours les tirs de roquettes lancés depuis l'intérieur par les forces pro-Kadhafi. "On en a marre d'attendre, on sait qu'on peut prendre Bani Walid": comme Ramadan Khaled, les combattants du nouveau pouvoir libyen veulent lancer l'assaut sur le bastion pro-Kadhafi.

Luttes intestines au CNT

Sur le plan politique, des luttes intestines pour le pouvoir retardent la formation d'un gouvernement transitoire annoncé en principe pour cette semaine ont indiqué à l'AFP des hommes politiques à Benghazi. Appelé à gérer la transition en attendant de nouvelles élections et la rédaction d'une nouvelle Constitution, ce gouvernement était initialement attendu le 18 septembre.

Reconnu par l'ONU comme représentant du peuple libyen, le CNT a annoncé le 2 septembre qu'il comptait diriger le pays jusqu'à l'élection dans huit mois d'une Assemblée constituante, avant des élections générales un an plus tard.

Par ailleurs, le géant pétrolier italien ENI a annoncé lundi avoir redémarré sa production de pétrole en Libye sur le gisement d'Abu-Attifel, situé à 300 kilomètres au sud de Benghazi. ENI est le premier producteur étranger d'hydrocarbures en Libye, pays dont l'Italie est l'ancienne puissance coloniale.

agences/bkel

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La situation humanitaire s’améliore

La situation humanitaire s'améliore rapidement en Libye, a affirmé lundi à Genève le coordinateur humanitaire de l'ONU Panos Moumtzis. Il a espéré une solution pacifique rapide du conflit à Syrte et Bani Walid pour éviter de nouvelles victimes.

"De réels progrès ont été réalisés ces dernières semaines et la situation humanitaire s'améliore rapidement. Les Libyens se sont mobilisés pour résoudre les problèmes par eux-mêmes", a déclaré le responsable des opérations humanitaires de l'ONU en Libye. "Nous avons rencontré un esprit de coopération très positif et rassurant", a-t-il dit à la presse.

L'ONU reste préoccupée par les nombreuses personnes déplacées qui fuient les combats à Syrte et Bani Walid. Selon l'ONU, 24'000 civils ont fui Bani Walid et 1700 la ville de Syrte jusqu'ici. La plupart sont aidés par la population locale.

La présence des mines et engins non explosés sera l'une des préoccupations principales ces prochains mois, a précisé Panos Moumtzis. Il a mentionné également la question de la protection des ressortissants étrangers.

Pour le directeur des interventions en cas de crise à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Samir Ben-Yahmed, le traitement de 50'000 blessés de guerre, dont beaucoup handicapés à vie, va continuer de nécessiter le soutien de la communauté internationale. Il faut aussi repourvoir les stocks du pays en médicaments.

L'appel lancé par les agences de l'ONU de 407 millions de dollars est couvert à hauteur de 61 %, soit 205 millions versés par les donateurs. A ce montant s'ajoutent 174 millions versés à travers d'autres canaux.