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Double attentat en Norvège: le profil du tueur

La police a évacué en urgence les participants à la réunion.
La police a évacué en urgence les participants à la réunion.
La police et les médias norvégiens ont dévoilé samedi des informations sur l'auteur de la fusillade d'Utoya, près d'Oslo, et peut-être aussi de l'explosion presque simultanée dans la capitale, qui ont fait près de 100 morts. Il s'agit d'un Norvégien de 32 ans proche des fondamentalistes chrétiens et qui a été membre de la droite populiste.

Identité du suspect: un Norvégien "de souche" de 32 ans a été arrêté et a avoué les faits. La police a refusé de dévoiler son identité, mais selon les médias, il se nomme Anders Behring Breivik. La radio nationale NRK a mis en ligne des photos montrant un jeune homme blond aux yeux bleus. Sur son profil sur Facebook, l'homme se décrit comme "conservateur", "chrétien", célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux tels que "World of Warcraft" et "Modern Warfare 2". Il avait apparemment plusieurs armes enregistrées sous son nom, dont un fusil automatique. S'il était vêtu d'un pull estampillé avec le sigle de la police, il n'a jamais travaillé pour celle-ci.

Mode opératoire: l'homme affirme qu'il a agi seul. Il est arrivé sur l'île d'Utoya habillé en policier et il a dit qu'il voulait assurer la sécurité des participants après l'explosion dans la capitale norvégienne. Il a ensuite ouvert le feu sur la foule, méthodiquement et avec sang-froid. Selon son profil Facebook, Anders Behring Breivik était directeur de Breivik Geofarm, une ferme biologique, et il avait acheté six tonnes d'engrais chimiques début mai, qui peuvent entrer dans la composition d'explosifs artisanaux. La police a aussi découvert des explosifs non utilisés sur l'île. Voir Attentats en Norvège

Plusieurs bâtiments ont été fortement endommagés au centre d'Oslo. [KEYSTONE - Thomas Winje]

Profil: le suspect est un ancien membre de la formation de la droite populiste, le parti du Progrès (FrP), et de son mouvement pour la jeunesse, a annoncé le parti samedi. "Cela m'attriste encore plus d'apprendre que cette personne a été parmi nous", a déclaré la présidente du FrP. La formation a précisé que Behring Breivik a rejoint ses rangs en 1999 et qu'il a été radié du parti en 2006. Il a également été un responsable local du mouvement des jeunes du FrP, le FpU, entre 2002 et 2004, selon le communiqué du parti. La chaîne TV2 a affirmé que l’homme appartenait à des milieux d'extrême-droite. La police le dépeint comme un "fondamentaliste chrétien" de droite, hostile à l'islam.

Les testaments: selon un mémoire de 1500 pages que le forcené a publié sur internet avant les faits, il préparait activement son opération depuis l'automne 2009 au moins. Dans ce document, le suspect évoque "l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses". Il dit s'attendre à être perçu "comme le plus grand monstre depuis la Seconde guerre mondiale". Dans une longue vidéo publiée sur YouTube, contenant de violentes diatribes contre l'islam, le marxisme et le multiculturalisme, le trentenaire apparaît sur trois photos, dont l'une le montre en position de tir avec un fusil d'assaut. Publiée le jour des attaques, la vidéo décrit l'islam comme "la principale idéologie génocidaire". "Avant de commencer notre Croisade, nous devons faire notre devoir en décimant le marxisme culturel".

Le bilan: selon les derniers chiffres fournis par la police, 93 personnes ont perdu la vie, dont au moins 86 durant la fusillade d'Utoya. Il s'agirait surtout de jeunes rassemblés pour une réunion politique. Des dizaines de personnes ont sauté à l'eau pour éviter les tirs. Il y aurait aussi une centaines de blessés et plusieurs personnes sont encore portées disparues. Par ailleurs, sept personnes ont été tuées lors de l'explosion au centre-ville d'Oslo.

Cible: les deux attaques à Oslo et Utoya semblent avoir visé le parti travailliste au pouvoir, d'abord le bureau du Premier ministre Jens Stoltenberg, qui ne s'y trouvait pas et n'a pas été blessé, et les ministères environnants, puis l'université d'été de la jeunesse travailliste à une trentaine de kilomètres de là. "Il est trop tôt pour dire qui se trouve derrière", a déclaré Jens Stoltenberg, qui n'a pas souhaité dire où il se trouvait.

Cadre: la Norvège est réputée pour être un Etat plutôt paisible et sans flambée de violences. C'est un pays très ouvert, où la sécurité autour des dirigeants est minimale. C'est la première fois que le royaume, Etat membre de l'Otan engagé en Afghanistan et en Libye, est frappée par un attentat à la bombe. C'est le pire massacre commis en Norvège depuis la Seconde guerre mondiale et il s'agit des attaques les plus meurtrières en Europe occidentale depuis les attentats commis en 2004 à Madrid, qui avaient fait 191 morts.

Le père sous le choc: le père du suspect a affirmé avoir découvert la photo de son fils sur les journaux en ligne. "Je lisais les nouvelles sur Internet, et soudain j'ai vu son nom et sa photo. C'était un choc, je n'en remets toujours pas", a déclaré le retraité, qui vit en France. "C'est absolument terrible d'entendre ça", ajoute le père du meurtrier présumé qui affirme tout ignorer des activités de son fils. Le père, divorcé de la mère du suspect au moment de la naissance du garçon, explique avoir perdu contact avec son fils depuis 1995, lorsque celui-ci avait 15 ou 16 ans. "Nous n'avons jamais habité ensemble, mais nous avions quelques contacts durant son enfance", explique le retraité norvégien. "Lorsqu'il était plus jeune, c'était un garçon ordinaire, mais renfermé. Il ne s'intéressait pas à la politique à cette époque."

boi

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Les derniers attentats à avoir secoué l'Europe occidentale

25 juillet 1995 - En France, Une bombe explose dans une rame du RER à la station "Saint-Michel", en plein coeur de Paris faisant huit morts et 150 blessés. Attribué aux extrémistes islamistes algériens, cet attentat est le plus meurtrier d'une vague de neuf actions terroristes, qui fera dix morts et plus de 200 blessés au cours de l'été 1995.

15 août 1998 - Le Royaume-Uni est touché par le pire carnage en trente ans de conflit en Irlande du Nord: un attentat à la voiture piégée à Omagh (centre de la province d'Ulster) fait 29 morts et 220 blessés. L'attentat est revendiqué par l'"IRA Véritable", groupuscule dissident de l'IRA et opposé au processus de paix.

11 octobre 2002 - En Finlande, un attentat à la bombe dans un centre commercial de Vantaa, près de Helsinki, fait six morts, outre le porteur de la bombe, et plus de 80 blessés. Un étudiant de 19 ans est à l'origine de cet attentat.

11 mars 2004 - L'Espagne est lourdement frappée. Une dizaine de bombes explosent vers 7h40 du matin à Madrid et dans sa banlieue à bord de quatre trains faisant 191 morts et près de 2000 blessés. Cet attentat, revendiqué au nom d'Al-Qaïda par une cellule islamiste radicale, est le plus meurtrier en Europe occidentale depuis celui de Lockerbie (Ecosse) en 1988 qui avait fait 270 morts.

7 juillet 2005 - En Grande-Bretagne, quatre attentats-suicides coordonnés à l'heure de pointe dans trois rames de métro et un bus londoniens font 56 morts et 700 blessés. Ils sont revendiqués par un groupe se réclamant d'Al-Qaïda. Le 21 juillet, quatre nouvelles tentatives d'attentat selon le même mode opératoire échouent à Londres.