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Sanglantes manifestations en Syrie

Cette photo prise par un téléphone montre des manifestants lundi à Banias.
La répression des manifestations a fait plus de 200 morts en cinq semaines.
Des dizaines de milliers de Syriens manifestaient vendredi dans plusieurs villes du pays contre le régime du président Bachar el-Assad. Plus de 70 personnes auraient été tuées. Il s'agit de l'une des journées les plus sanglantes depuis le début du mouvement de contestation sans précédent dans le pays le 15 mars.

La répression des manifestations a fait plus de 200 morts en cinq semaines. Les promesses de réformes de Bachar el-Assad et la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963 n'ont pas eu l'effet escompté et les manifestants sont descendus nombreux dans les rues après les prières du vendredi.

D'importants rassemblements, selon des témoins qui ont requis l'anonymat par peur de représailles, étaient en cours à Douma dans les faubourgs de la capitale Damas, à Homs (centre), à Deraa (sud), point de départ de la contestation il y a plus d'un mois, à Banias sur la côte méditerranéenne (ouest) ainsi que le nord-est, à majorité kurde.

"Le peuple veut la chute du régime", scandait-on dans les rues de Douma, où manifestaient quelque 40'000 personnes reprenant les slogans entendus lors des soulèvements en Tunisie et en Egypte.

Les forces de sécurité, qui avaient auparavant établi des postes de contrôle pour tenter de limiter l'afflux de manifestants, ont tiré à balles réelles sur la foule et fait usage de gaz lacrymogènes, d'après des témoins.

Journée la plus sombre

Plus de 70 personnes auraient été tuées vendredi par les forces de sécurité qui ont tiré sur des manifestations hostiles au régime dans plusieurs villes de Syrie, selon un nouveau bilan fourni par des témoins et des militants des droits de l'Homme.

"Les forces de sécurité syriennes ont commis des massacres dans plusieurs villes et régions aujourd'hui en Syrie, faisant jusqu'à présent 72 morts et des centaines de blessés", a annoncé le Comité syrien de défense des droits de l'Homme, basé à Londres, dans un communiqué parvenu à l'AFP.

Il s'agit de l'une des journées les plus sanglantes depuis le début du mouvement de contestation sans précédent dans le pays le 15 mars.

Au moins 14 personnes ont été tuées dans la localité d'Ezreh, dans la province de Deraa (au sud de Damas), épicentre de la contestation du régime de Bachar al-Assad lancée le 15 mars, ont-ils précisé. Une 15e a été tuée à Hirak, également dans la province de Deraa. Neuf autres ont été tuées à Douma, à 15 km au nord de Damas, selon eux.

Bilan provisoire encore

Dans des localités de la banlieue proche de Damas, deux personnes ont péri à Barzeh, une à Harasta et trois à Maadamiya, ont ajouté les sources. Deux autres personnes sont mortes à Hama, à 210 km au nord de Damas, deux à Lattaquié, le principal port du pays situé à 350 km au nord-ouest de Damas, et quatre dans la ville de Homs (centre).

De précédents bilans faisait état d'au moins 15 morts, puis 40, mais les sources avaient affirmé qu'il risquait de s'alourdir.

Des dizaines de personnes ont été également blessées par les tirs des forces de l'ordre qui tentaient de disperser les manifestants dans plusieurs villes, selon les mêmes sources.

ap/afp/olhor


LES ETATS-UNIS ET LA FRANCE INQUIETS

La Maison Blanche a appelé vendredi à la fin des violences en Syrie, se déclarant très inquiète de la situation dans le pays.

"Nous déplorons l'usage de la violence, nous sommes très inquiets au sujet des informations parvenues de Syrie", a déclaré aux journalistes le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.

"Nous surveillons de très près" la situation en Syrie, a ajouté J.Carney à bord de l'avion présidentiel Air Force One qui transportait Barack Obama vers Washington vendredi après une tournée en milieu de semaine sur la côte Ouest des Etats-Unis.

"Nous appelons le gouvernement syrien à cesser d'avoir recours à la violence, nous appelons toutes les parties à cesser d'avoir recours à la violence", a encore dit Jay Carney.

La France appelle quant à elle les autorités syriennes à "renoncer à l'usage de la violence contre leurs citoyens" et à mettre en oeuvre les réformes, a déclaré vendredi le ministère des Affaires étrangères.

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DANS LES AUTRES PAYS ARABES

YEMEN: Vingt soldats ont été tués en 24 heures dans plusieurs attaques menées au Yémen, selon un nouveau bilan communiqué vendredi par des responsables militaires. Dans la dernière attaque rendue publique, des "tireurs inconnus ont tué un soldat à Zinjibar, dans la province Abyan", dans le sud, a déclaré une de ces sources.

Sur le plan politique, le président contesté du Yémen, Ali Abdallah Saleh, a insisté vendredi sur sa "légitimité constitutionnelle", tout en promettant de considérer positivement un plan de sortie de crise proposé par les monarchies du Golfe impliquant son départ du pouvoir.

Mais la rue ne l'entend pas ainsi. Partisans et opposants du président Saleh ont organisé des manifestations séparées dans différentes villes du Yémen, après les prières du vendredi. A Sanaa, la capitale, des centaines de milliers de personnes ont scandé des slogans hostiles à Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.


EGYPTE: Le Procureur général d'Egypte a décidé de prolonger de 15 jours la détention de l'ancien président Hosni Moubarak, dans le cadre de l'enquête sur la répression des manifestations anti-régime en Egypte, a annoncé vendredi l'agence officielle Mena.