Publié

L'eau de Tokyo est dangereuse pour les bébés

Les bébés tokyoïtes devront dorénavant boire l'eau en bouteille. [Kyodo]
Les bébés tokyoïtes devront dorénavant boire l'eau en bouteille. - [Kyodo]
Le Japon a interdit mercredi la consommation de l'eau de Tokyo pour les bébés et la commercialisation d'autres aliments contaminés par la radioactivité. A la centrale de Fukushima, de la fumée noire s'est échappée du bâtiment abritant le réacteur 3, à nouveau alimenté à l'électricité.

Les autorités locales ont déconseillé de donner de l'eau du robinet aux bébés ou de l'utiliser pour préparer leurs biberons dans l'immédiat. Un taux d'iode radioactif dépassant la limite légale admise pour les bébés a été mesuré dans l'eau du robinet de Tokyo, ont annoncé mercredi les autorités de la capitale, située à 250 km au sud-ouest de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima.

Une concentration d'iode de 210 becquerels par kilogramme a été relevée sur des échantillons de l'eau courante, alors que la limite fixée par les autorités nipponnes est de 100 becquerels pour les bébés, a expliqué un responsable du gouvernement métropolitain de Tokyo, métropole de 35 millions d'habitants.

Des traces de substances radioactives avaient déjà été décelées samedi dans l'eau du robinet de la capitale, mais dans une quantité inférieure aux doses légales.

Lait et légumes contaminés

Dans la préfecture de Fukushima, où se trouve la centrale, un niveau anormal de radioactivité a été retrouvé dans du lait cru et onze sortes de légumes, ainsi que dans du lait cru et des légumes de trois autres préfectures voisines.

Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a ordonné mercredi l'interdiction de la consommation et de la vente des produits provenant de ces zones, notamment les épinards, les brocolis, les choux et les choux-fleurs. "Même si ces aliments sont mangés de façon ponctuelle, il n'y a pas de risque pour la santé", a toutefois affirmé le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano. "Malheureusement, cette situation risque de durer longtemps, c'est pourquoi nous demandons leur interdiction dès maintenant".

Les tests sur les produits alimentaires vont par ailleurs être étendus à dix autres préfectures autour de la centrale de Fukushima, dont certaines sont aux portes de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants.

Cette photo prise mardi montre l'état du réacteur numéro 4 de Fukushima. [TEPCO/Kyodo]
Cette photo prise mardi montre l'état du réacteur numéro 4 de Fukushima. [TEPCO/Kyodo]

Mardi, le ministère de la Santé a également intensifié les contrôles sur les poissons et mollusques pêchés le long des côtes, après la détection de radioactivité dans l'eau de mer près de la centrale.

Le reste du monde sur le qui-vive

L'angoisse perceptible chez les consommateurs nippons, très sourcilleux sur la sécurité alimentaire, s'est propagée à l'étranger, où plusieurs pays ont décidé de renforcer les contrôles ou de bloquer purement et simplement les importations de produits alimentaires japonais.

Les Etats-Unis ont interdit l'entrée sur leur territoire du lait, des produits laitiers, des légumes frais et des fruits en provenance de quatre préfectures, dont Fukushima. En Europe, la France a demandé à la Commission européenne d'imposer un "contrôle systématique" sur les importations de produits frais japonais aux frontières de l'Union européenne.

Paris a déjà décidé d'inspecter unilatéralement les coquillages et poissons en provenance du Japon. En Asie, les produits alimentaires japonais commencent à être délaissés par les consommateurs, qui se font également plus rares dans les restaurants nippons de plusieurs métropoles de la région, de Séoul à Manille en passant par Hong Kong.

La lumière revient au réacteur 3

A la centrale de Fukushima Daiichi (N°1), un premier succès a été remporté mardi soir par les techniciens qui sont parvenus à rétablir l'éclairage dans la salle de contrôle du réacteur 3, mais les pompes du système d'alimentation en eau, endommagés par le séisme et le tsunami du 11 mars, sont toujours en panne.

Un marsouin a été sauvé d'une rizière. [AFP - STR]
Un marsouin a été sauvé d'une rizière. [AFP - STR]

De la fumée noire est sortie durant une heure de l'enceinte abritant le réacteur, provoquant l'évacuation temporaire des ouvriers. L'Autorité japonaise de sûreté nucléaire et industrielle a dit ignorer la cause de ce dégagement de fumée. La radioactivité n'a pas augmenté, puisqu'elle est passée depuis de 435 microsieverts à 283,7 microsieverts.

Des camions de l'armée avec de puissants canon à eau sont utilisés depuis plusieurs jours pour refroidir l'enceinte des réacteurs, tandis qu'un véhicule allemand équipé d'une pompe à béton articulée a commencé depuis mardi à déverser de l'eau à 50 m de hauteur par le toit endommagé du réacteur 4.

Un autre engin chinois, similaire mais avec un bras pouvant aller jusqu'à 62 mètres, doit arriver prochainement sur place pour participer aux opérations.

Le séisme le plus cher de l'histoire

L'autoroute reliant Tokyo au nord-est a été rouverte au trafic, mais la ligne ferroviaire du train express Shinkansen entre la capitale et le nord ne devrait pas être rétablie avant un mois, selon les autorités. Quelque 260'000 sinistrés ont été répartis dans 1800 refuges dans une grande partie du pays.

Le gouvernement japonais a estimé mercredi que le séisme et le tsunami du 11 mars pourraient coûter jusqu'à 25'000 milliards de yens (279 milliards de francs) à la troisième puissance économique mondiale. Ce chiffre correspond au montant évalué des dégâts sur les infrastructures, les logements et les entreprises du nord-est du Japon. Ces dommages pourraient abaisser la croissance du Produit intérieur brut de 0,5 point de pourcentage. Ce serait le séisme le plus onéreux de l'histoire.

afp/bri

Publié

Les inhumations commencent

Dans le nord-est, les sauveteurs ont commencé le travail pénible d'inhumation de centaines de corps après leur identification par les familles, sans pouvoir les incinérer faute de carburant. Une vingtaine de corps ont été inhumés mardi à Higashimatsushima, enveloppés dans un simple drap en raison d'une pénurie de cercueils.

Les autorités de cette ville côtière ont réservé un terrain pour enterrer un millier de corps, précisant qu'ils seront ensuite exhumés pour être incinérés conformément à la tradition japonaise.

Douze jours après la double catastrophe, les secouristes en sont réduits à ramasser des cadavres dispersés dans les décombres ou bien flottant en mer.

Le bilan du puissant séisme de magnitude 9 et de l'énorme tsunami qui a suivi a dépassé les 24'000 morts et disparus, dont 9408 décès confirmés, selon la police nationale.

Un marsouin dans une rizière

Un marsouin de belle taille et bien vivant a été retrouvé au milieu d'une rizière, près de la ville de Sendai, à deux kilomètres du rivage.

Le cétacé marin a été secouru par le propriétaire d'une animalerie, qui avait jusqu'ici secouru environ 80 chiens et chats.

Il a dû être relâché dans l'océan, comme tous les occupants des aquariums de la préfecture, trop endommagés.