Publié

Intervention des pays du Golfe à Bahreïn

03-14, bahrein, reu.jpg [Hamad I Mohammed]
La contestation monte en puissance à Bahreïn en proie à des violentes manifestations, notamment sur la place de la perle. - [Hamad I Mohammed]
L'opposition bahreïnie conduite par les chiites a crié lundi à l'"occupation étrangère" après l'arrivée de troupes de la force commune des pays du Golfe. Ces dernières doivent aider à rétablir l'ordre alors que s'intensifie la contestation visant la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

"Le peuple de Bahreïn fait face à un réel danger, celui d'une guerre contre les citoyens bahreïnis sans déclaration de guerre", ont souligné les sept composantes de l'opposition, dont le Wefaq chiite, dans un communiqué.

"Nous considérons l'entrée de tout soldat, de tout véhicule militaire dans les espaces terrestre, aérien ou maritime du royaume de Bahreïn comme une occupation flagrante, un complot contre le peuple de Bahreïn désarmé, et une violation des (...) conventions internationales", a ajouté l'opposition.

Un millier de soldats saoudiens

Plus d'un millier de soldats saoudiens sont déjà arrivés à Bahreïn, selon un responsable saoudien à Ryad. La télévision d'Etat bahreinie a diffusé des images montrant "l'avant-garde" d'un contingent de la force commune des pays du Golfe en train d'entrer dans l'île en provenance d'Arabie saoudite. Ryad a indiqué avoir "répondu à une demande de soutien de Bahreïn", qui dit réagir à une menace sur sa sécurité.

Les Emirats arabes unis ont de leur côté envoyé "environ 500 policiers" pour aider les autorités à restaurer l'ordre, a annoncé à Paris le ministre des Affaires étrangères des Emirats, cheikh Abdallah ben Zayed, avant une rencontre avec Hillary Clinton.

Lundi soir, les autorités bahreïnies ont appelé la population à "coopérer entièrement" avec les forces saoudiennes et des autres pays du Golfe venues "pour aider à protéger la sécurité des citoyens, des habitants et des infrastructures vitales". La présidence américaine a appelé lundi les pays du Golfe à "faire preuve de retenue, à respecter les droits des Bahreïnis, et à agir de manière à soutenir le dialogue au lieu de le saper".

Ce déploiement intervient après une intensification de la mobilisation de manifestants chiites qui bloquaient lundi les accès du centre de Manama, où se trouvent le quartier d'affaires et des bâtiments publics, La ville est quasiment paralysée par une grève générale lancée à l'appel des syndicats pour protester contre la répression de manifestations.

Manifestations dispersées

Dimanche, les manifestants ont été dispersés par la police devant le district financier de Bahreïn, centre bancaire régional et archipel stratégique qui accueille la Ve Flotte américaine. Dans son communiqué, l'opposition a appelé la communauté internationale à "protéger le peuple de Bahreïn du danger d'une intervention militaire" et à "convoquer pour cela le Conseil de sécurité" de l'ONU.

Les soldats arrivés à Bahreïn font partie de la force commune du Conseil de coopération du Golfe (CCG), appelée "Bouclier de la péninsule", mise en place en 1984. Sous l'autorité du pays hôte Toute force du CCG déployée dans un pays membre "passe sous l'autorité du pays hôte", a souligné le responsable saoudien, laissant entendre qu'il revient à Bahreïn de décider ou non de la faire participer au maintien de l'ordre.

Bahreïn est relié par un pont-digue à l'Est de l'Arabie saoudite, chef de file du CCG, groupement des monarchies arabes du Golfe dont fait partie Bahreïn et qui comprend aussi les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman et le Koweït. Le CCG a exprimé plus d'une fois sa solidarité avec les autorités bahreïnies qui font face à une contestation grandissante depuis mifévrier.

Les activistes bahreïnis réclament des réformes politiques et une véritable monarchie constitutionnelle. Certains n'hésitent pas à demander le départ de la dynastie sunnite des Al-Khalifa qui gouverne ce pays dont la population autochtone est en majorité de confession chiite.

agences/cab

Publié

Blessés par balles au Yémen

Au moins 44 personnes ont été blessées à travers le Yémen où la police a ouvert le feu pour disperser plusieurs manifestations lundi, ont indiqué des témoins et des responsables.

Vingt manifestants ont été blessés en tentant de prendre d'assaut le siège de la province de Jouf, au nord-est de Sanaa, a indiqué un responsable local. Les forces de sécurité, gardant le bâtiment, et des partisans du régime ont ouvert le feu sur les assaillants.

A Marib, à l'est de la capitale, des manifestants ont également marché sur le siège du gouverneur mais ont été repoussés par des tirs des forces de l'ordre, selon des responsables locaux. Dix-sept manifestants ont été blessés.

C'est la première fois que des incidents violents sont signalés dans des villes de cette région qui connaît également des protestations contre le régime du président Saleh.

Dans le même temps, cinq manifestants ont été blessés dans la ville d'Aden (sud) quand la police a ouvert le feu et fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants anti-régime qui avaient brûlé des pneus et bloqué la route. Selon des sources médicales, deux ont été blessés par balle et trois par des coups de matraque.

Une quarantaine de personnes ont été tuées dans les troubles au Yémen depuis le début fin janvier du mouvement de contestation appelant au départ du président Saleh au pouvoir depuis 32 ans.

Dimanche, un manifestant a été tué par la police à Aden alors que les manifestants à Sanaa ont subi une attaque en règle de partisans du régime, au lendemain de la journée la plus sanglante depuis le début de la contestation, pendant laquelle sept manifestants avaient été tués.

La Suisse ne craint pas une hausse massive de la migration

Le Conseil fédéral ne craint pas une hausse massive de la migration irrégulière d'Afrique du nord vers la Suisse. Berne s'organise certes pour cet accueil éventuel, mais elle accorde pour l'heure la priorité aux mesures d'urgence sur place. Ainsi la Suisse contribue aux efforts entrepris pour venir en aide aux personnes en détresse en Libye et dans les régions frontalières, écrit le Conseil fédéral lundi en réponse à des interpellations de plusieurs groupes parlementaires et en marge du débat urgent agendé mercredi au Conseil national.

Trois équipes d'intervention immédiate composées d'experts du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA) sont sur le terrain en Tunisie et en Egypte, à la frontière de la Libye. Ces équipes évaluent les besoins en soins médicaux, en hébergements et en eau, elles coordonnent les actions avec les autorités compétentes et les organisations partenaires et elles engagent des mesures de secours.

Au plan intérieur, le Conseil fédéral estime que l'ampleur du phénomène de migration devrait être moindre que ne le craint l'UDC, à l'origine de l'interpellation. Il s'attend certes à ce que les bouleversements politiques que connaissent actuellement les Etats d'Afrique du Nord entraînent effectivement au cours des prochains mois une hausse de la migration irrégulière vers l'Europe et la Suisse.

Confédération et cantons ont toutefois du temps pour se préparer à réagir à différents scénarios, ajoute le gouvernement. "On constate en effet qu'il faut généralement plusieurs semaines aux migrants qui poursuivent leur voyage depuis l'Italie pour arriver jusqu'en Suisse". Il n'y a en outre pas lieu de réintroduire les contrôles aux frontières.