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Klaus Barbie et les services secrets allemands

Klaus Barbie (droite) lors de son procès à Lyon en 1987. Il était défendu par l'avocat Jacques Vergès.
Klaus Barbie (droite) lors de son procès à Lyon en 1987. Il était défendu par l'avocat Jacques Vergès.
Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo de Lyon et responsable de la déportation de centaines de Juifs, a collaboré avec les services de renseignements extérieurs allemands après la Deuxième Guerre mondiale, affirme l'hebdomadaire Der Spiegel dans sa dernière édition à paraître lundi.

"Le boucher de Lyon", condamné à perpétuité en France en 1987 pour avoir organisé la déportation de centaines de Juifs, a été recruté par les services de renseignements extérieurs allemands (BND) début 1966, alors qu'il vivait sous le pseudonyme de Klaus Altmann en Bolivie, poursuit l'hebodamaire allemand qui cite des documents du BND.

Honoraires versés

Considéré comme ayant "une mentalité très allemande", "cet adversaire farouche du communisme", selon le BND, a livré environ 35 rapports aux services allemands sous le pseudo d'Adler enregistré sous le numéro V-43118, selon la même source. Le dossier consulté par Der Spiegel ne permet pas toutefois de déterminer ce qu'il a livré comme informations. Des honoraires lui ont en tous les cas été versés par le BND sur un compte établi dans une banque de San Francisco, aux Etats-Unis.

Quelques semaines après avoir été recruté par les services allemands, Barbie a pris la tête de la succursale bolivienne d'une entreprise, dont le siège était à Bonn (ouest de l'Allemagne), et chargée de vendre le matériel militaire superflu de la Bundeswehr, l'armée allemande. Il était alors chargé par le BND de donner des indications sur d'éventuels pénuries d'armes et de munitions en Bolivie, poursuit encore le journal.

Extradé de Bolivie

Pendant l'hiver 66/67, le BND a néanmoins décidé de se passer de ses services par crainte que des services secrets étrangers ne le fassent chanter en raison de son passé sous le régime nazi. Condamné pour crimes contre l'humanité en juillet 1987, Klaus Barbie, qui fut notamment à l'origine de l'arrestation et de la torture de nombreux résistants français, dont Jean Moulin, avait été extradé quatre ans auparavant de Bolivie.

L'ancien SS avait bénéficié après la guerre de la protection des Américains qui le considéraient comme un bon agent de la lutte anticommuniste, raconte notamment un film sorti en 2007. Il est mort en prison en France en 1991.

afp/jzim

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