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Amnesty critique (un peu) le sommet de Montreux

Amnesty critique l'"esprit de famille" de la Francophonie (ici les chefs d'Etats lors de la traditionnelle photo de groupe samedi).
Amnesty critique l'"esprit de famille" de la Francophonie (ici les chefs d'Etats lors de la traditionnelle photo de groupe samedi).
Amnesty International n'est que partiellement satisfaite du rapport de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) sur les avancées des droits humains. S'il réaffirme les principes de base, le texte dévoilé samedi n'a toujours pas de portée contraignante, déplore le secrétaire général de la section suisse Daniel Bolomey.

"Le rapport n'est pas sans substance", a concédé le secrétaire général de la section suisse d'Amnesty dimanche lors d'un entretien avec l'ATS. "Il fait état des avancées et parle des problèmes, comme les séries de coups d'Etat, l'absence de démocratie, l'impunité, et c'est une bonne chose. Mais il ne cite pas les pays qui donneraient lieu à des interventions", reproche Daniel Bolomey.

L'impunité de certains chefs d'Etat n'est pas non plus mentionnée expressément. Comme cela, "on laisse de côté les questions qui fâchent et le sommet peut se passer tranquillement", ajoute-il. "C'est un peu l'esprit de famille de la Francophonie", qui laisse le champ libre à beaucoup de compromission, note-il.

Rendez-vous dans 2 ans à Kinshasa

Un peu comme pour les engagements de Bamako en 2000, le texte reste une déclaration d'intention, comme Amnesty le craignait d'ailleurs à la veille du sommet. "Mais c'est une bonne base pour travailler les deux ou cinq prochaines années", estime Daniel Bolomey.

Daniel Bolomey veut profiter de la présidence suisse de l'OIF pour que la situation change en RDC.
Daniel Bolomey veut profiter de la présidence suisse de l'OIF pour que la situation change en RDC.

Deux ans, c'est l'échéance du prochain sommet, qui devrait se tenir à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), théâtre d'une guerre civile depuis des années. "Ce sera un test pour la Francophonie", souligne Daniel Bolomey.

"L'OIF ne peut se permettre de tenir un sommet dans des conditions cadres qui ne sont pas meilleures" qu'aujourd'hui. Amnesty International compte d'ailleurs mettre à profit la présidence suisse de l'OIF ces deux prochaines années pour que la situation change en RDC.

Dimanche, Amnesty plaçait encore ses espoirs dans les résolutions qui devaient être adoptées par les chefs d'Etat et de gouvernement réunis à Montreux. C'est surtout la résolution "Bamako+10" sur la démocratie et les droits humains, et les questions de justice et d'impunité qui tiennent particulièrement à coeur à l'organisation.

Sur la forme, Daniel Bolomey déplore que le rapport n'ait pas été réalisé au plus haut niveau, c'est-à-dire par le secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf lui-même, et adressé aux Etats. Ce document ne sera pas non plus discuté par les chefs d'Etat à Montreux, ce qui lui donne une portée beaucoup moins forte.

ats/ant

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