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Grande-Bretagne: Tony Blair publie ses mémoires

L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair s'est dit "profondément désolé" des morts de la guerre en Irak
Dans ses mémoires, Tony Blair se dit "profondément désolé" des morts de la guerre en Irak.
L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair publie mercredi une autobiographie très attendue, y compris par les nombreux détracteurs de sa politique et notamment ceux qui lui reprochent l'engagement militaire britannique en Irak.

L'ouvrage est intitulé "A Journey" (Un Voyage). Le contenu du livre a été gardé secret par son éditeur Random House avant la date du lancement mondial. Et les médias n'ont pas reçu d'exemplaire du livre pour en faire la critique avant la sortie.

L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair s'est dit "profondément désolé" des morts de la guerre en Irak, selon des extraits publiés mardi. Tony Blair écrit qu'il est "désolé pour les vies écourtées", mais maintient qu'il était juste de renverser le président irakien Saddam Hussein.

"Sentiment d'angoisse"

Tony Blair affirme ressentir toujours un sentiment "d'angoisse" vis-à-vis des proches de ceux qui ont perdu la vie lors du conflit, tout affirmant ne pas "pouvoir regretter la décision de partir en guerre".

Cette "angoisse résulte d'un sentiment de tristesse qui va au-delà de la description habituelle, ou de la douloureuse compassion ressentie quand on entend des nouvelles tragiques", écrit l'ex-Premier ministre.

"Je suis profondément désolé pour eux, désolé pour les vies écourtées, désolé pour les familles dont le deuil est rendu plus difficile encore par la controverse sur les raisons de la mort de leurs proches, désolé pour le choix totalement injuste qui fait que cette perte soit la leur", ajoute-t-il.

Pas de regrets

L'ex-Premier ministre Tony Blair, associé dans les esprits britanniques au bourbier irakien, s'est attiré les foudres de la presse en prenant position en faveur d'une intervention: dans un entretien au Times, il a estimé que les puissances occidentales ne pouvaient pas "être neutres quand il s'agit de protéger les Syriens du régime al-Assad et d'empêcher des membres d'Al-Qaïda d'exploiter l'instabilité". [KEYSTONE - Manuel Balce Ceneta]

"Nous n'avions pas anticipé le rôle d'Al-Qaïda ou de l'Iran", dans la planification de l'après-conflit, admet Tony Blair. Qui ajoute néanmoins: "Sur la base de ce nous savions, je reste persuadé que laisser Saddam au pouvoir était un risque plus important pour notre sécurité que de le renverser et que, bien que les conséquences aient été terribles, la réalité de Saddam et ses fils en charge de l'Irak aurait certainement été au moins bien pire".

Le livre, qui arrive mercredi dans les libraires, est déjà numéro 11 dans la liste des best-sellers du site Amazon britannique, qui n'a pas souhaité indiquer le nombre d'exemplaires pré-vendus.

Critiques envers Gordon Brown

Dans son ouvrage, l'ex-Premier ministre éreinte aussi sérieusement son successeur Gordon Brown, estimant que le mandat de ce dernier à la tête du gouvernement a été "un désastre". Il décrit Gordon Brown comme "brillant" mais aussi "exaspérant" et "difficile".

Passant en revue les qualités et défauts supposés de son successeur, il écrit: "Calcul politique, oui. Sentiments politiques, non. Intelligence d'analyse, absolument. Intelligence émotionnelle, aucune".

Tony Blair observe que "les pressions constantes de Gordon (Brown) étaient épuisantes". Il confie avoir réfléchi à se débarrasser de son ministre des Finances mais qu'il y a renoncé parce que cela aurait "déstabilisé immédiatement et gravement" le gouvernement. Mais aussi parce que, malgré tout, il est persuadé que Gordon Brown restait "le meilleur chancelier de l'Echiquier pour le pays".

Tony Blair se dit persuadé que Le Labour a perdu en 2010 parce qu'il a cessé d'être le "New Labour", accusant le gouvernement de Gordon Brown d'avoir pris un tournant keynésien, privilégiant la croissance au détriment de la réduction du déficit. Cette inflexion a contribué à la victoire des Conservateurs aux élections de mai, selon Tony Blair.

Relations amour-haine

La presse britannique a réagi  à cette autobiographie jugée comme une "attaque féroce" contre Gordon Brown. "Dans un chapitre explosif de ses mémoires (...) l'ancien Premier ministre rouvre la querelle qui a miné son parti pendant 16 ans avec une attaque féroce contre son +exaspérant+ successeur", écrit le Times.

"Les mémoires de Tony Blair sont hantées par sa relation d'amour-haine avec Gordon Brown", souligne aussi le Guardian. Le journal de centre-gauche note que cette tension remonte à 1994 quand Tony Blair décide d'être candidat à la direction du parti avant la mort du leader du Labour John Smith.

agences/cht

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Forte mobilisation médiatique

La sortie de l'autobiographie de Tony Blair, qui reste une figure controversée pour avoir engagé la Grande-Bretagne dans la guerre en Irak, sera l'occasion d'une forte mobilisation de la part de ses adversaires.

La première longue interview télévisée de Tony Blair depuis qu'il a quitté Downing Street en 2007 sera diffusée mercredi soir sur la BBC. Les commentateurs surveilleront notamment s'il apporte son soutien à l'un ou l'autre des candidats à la direction du Labour.

Tony Blair signera aussi son livre sous haute sécurité 8 septembre à Londres dans une librairie de Picadilly au centre de Londres, alors que plusieurs organisations comme les pacifistes de "Stop the War" ont prévu de manifester.

Tony Blair avait annoncé en août qu'il reverserait la totalité des bénéfices de son autobiographie à un centre de rééducation pour soldats blessés de la Légion royale britannique.

Selon la presse britannique, il a reçu une avance de 4,6 millions de livres (5,6 millions d'euros) et les ventes devraient générer une somme encore plus importante.