L'Association des employés laïcs du Vatican s'interroge sur l'existence d'un réel souci de la personne humaine au Vatican, accusant les autorités de tenir de beaux discours sur l'importance de la concertation au sein des entreprises – une allusion directe à un récent discours du pape François à Trieste – tout en étant très peu à l'écoute des revendications exprimées par ses propres employés.
Un conflit syndical au Vatican, un fait pour le moins inattendu. D'autant plus que le mot même de "syndicat" est tabou au sein de ce micro-Etat. Le Vatican ne reconnaît pas les syndicats; l'Association des employés laïcs, créée sous Jean-Paul II dans les années 1980, remplit ce rôle.
Un dixième du personnel
Forte d'environ 600 membres, cette association représente environ un dixième des 5000 personnes travaillant au Vatican. Ses membres comprennent notamment des employés des services administratifs, de l'entretien et des musées.
L'association reconnaît que le Vatican n'est pas un employeur comme les autres: travailler au Vatican, c'est appartenir à une famille avec ses valeurs spécifiques. Si les salaires ne sont pas particulièrement élevés, les employés bénéficient néanmoins d'une certaine stabilité de l'emploi, d'une perspective de progression salariale, ainsi que d'avantages pour les familles, note l'association.
Les réformes de François pointées du doigt
Cependant, les tensions apparaissent autour des réformes entreprises par le pape François depuis 2014 qui, selon l'Association des employés, ont été mises en œuvre à leur détriment. Ils critiquent notamment certains offices d'avoir "externalisé" leur travail, cédant à un esprit managérial en ayant recours à un nombre croissant de mandataires externes. La gestion financière, par exemple, a été confiée à des entreprises américaines, la gestion de l'immobilier à des régies italiennes et le supermarché du Vatican pourrait même être privatisé.
De plus, les employés estiment avoir subi les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, avec des primes d'ancienneté gelées pendant deux ans pour combler le déficit causé par la crise sanitaire. L'inflation, quant à elle, n'a été que partiellement compensée par les augmentations de salaires.
Pour l'instant, une grève au Vatican ne semble pas imminente, mais la tension est palpable depuis le début de cette année. L'association entend suivre de près le rapport d'activité 2023 du Vatican pour évaluer l'évolution de la situation.
Fabien Hünenberger/vajo