Le texte, qui a obtenu le feu vert des deux chambres du Parlement et un soutien des principaux partis, devrait obliger prochainement ces plateformes à prendre "des mesures raisonnables" pour empêcher ces adolescents d'avoir un compte.
En cas de non-respect de cette obligation, des amendes pouvant aller jusqu'à 50 millions de dollars australiens (un peu plus de 44 millions de francs) s'appliqueront.
"Plateforme de pression sociale"
Le projet de loi a obtenu le feu vert du Sénat australien jeudi, après celui de la Chambre basse la veille et son entrée en vigueur ne fait pas de doute.
Le Premier ministre de centre gauche Anthony Albanese, qui se prépare à des élections en début d'année prochaine, a défendu avec enthousiasme ces nouvelles règles et rallié le soutien de nombreux pères et mères de famille.
En amont du vote, Anthony Albanese a déclaré que les réseaux sociaux étaient "une plateforme favorisant la pression sociale, une source d'anxiété, un canal pour les escrocs et, pire que tout, un outil pour les prédateurs en ligne".
Il a déclaré vouloir que les jeunes Australiens "lâchent leurs téléphones et aillent plutôt sur les terrains de foot et de cricket, de tennis, de volley et à la piscine".
Plateformes alternatives dangereuses
TikTok s'est dit vendredi "déçu" par cette interdiction, pointant le risque que les jeunes se tournent vers des plateformes alternatives dangereuses.
Meta, maison mère de Facebook et d'Instagram, a pour sa part regretté que ce que le secteur "fait déjà pour assurer des expériences appropriées en fonction de l'âge" n'ait pas été pris en compte, tout en assurant que la loi serait respectée.
Les entreprises de la tech auront au moins un an pour se conformer à la nouvelle obligation, le temps pour les régulateurs australiens d'éclaircir les détails relatifs à l'application de la loi. De jeunes Australiens disent, eux, déjà leur intention de contourner cette interdiction.
juma/vic avec l'ats et le 19h30
La Suisse veut sensibiliser plutôt qu'interdire
Le temps passé par les adolescents devant les écrans et les dangers d'internet pour les mineurs sont devenus des sujets de préoccupation en Suisse également. L'idée d'introduire un jour une interdiction des réseaux sociaux aux plus jeunes, elle, semble séduire autant qu'elle divise les personnes interrogées.
Plateformes "tellement peu ou tellement mal contrôlées" ou encore "arnaques, mauvaises fréquentations et mauvaises idées" sont quelques-unes des réactions recueillies par les équipes du 19h30. "Je me souviens que j'ai eu mes premiers réseaux sociaux à partir de 12 ans. Clairement, c'était trop jeune. Mais je ne pense pas que ce qu'il faut faire est d'interdire. Il faut plutôt faire de la prévention", ont réagi plusieurs passants face aux caméras.
Les jeunes "très forts pour contourner" les interdits
Quant à l'efficacité réelle de la mesure, elle ne convainc pas beaucoup: "Les jeunes sont toujours très forts pour contourner les choses qui leur sont interdites", "Maintenant, tout passe par les réseaux sociaux, donc ça va être compliqué" ou encore "Je ne pense pas que ça pourrait se faire en Suisse", tels sont les pronostics des personnes interrogées.
Pour la sociologue spécialisée dans les pratiques numériques et directrice du Medialab de l'Université de Genève Claire Balleys, interdire n'est pas une réponse adéquate. L'important est la pédagogie. "Et on ne peut pas déléguer aux parents la responsabilité d'éduquer aux réseaux sociaux car il y a beaucoup d'inégalités sociales dans notre société", souligne-t-elle. "Je pense que ça doit se faire dans l'enceinte scolaire, au sein de cours d'éducation numérique", afin que les jeunes puissent devenir "des usagers éclairés".
Recherche d'une solution modérée
Le Conseil fédéral partage du reste cet avis: "Le travail de prévention et de sensibilisation est plus efficace qu’une réglementation étendue concernant un âge minimum d’accès aux réseaux sociaux", a-t-il répondu à deux interpellations récemment déposées lors d'une session du Conseil national, l'une portant sur les fake news, l’autre sur un âge minimum d’accès aux réseaux sociaux. Il dit toutefois aussi vouloir "suivre avec intérêt l’évolution des réglementations dans d’autres pays".
"Je vais m'engager pour trouver une solution modérée, qui donne à la fois l'accès aux jeunes à ce moyen très fort et intéressant, mais qui les protège aussi", a pour sa part déclaré le conseiller national Gerhard Andrey (Verts/FR).
Une majorité de Suisses en faveur d'un âge minimum pour les médias sociaux
En Suisse, une majorité estime qu'imposer un âge minimum légal de 16 ans est judicieux pour pouvoir accéder aux plateformes de médias sociaux comme Tiktok, Facebook ou Instagram, selon un sondage publié jeudi par 20 Minuten et Tamedia. L'idée est accueillie favorablement par tous les partis, sexes ou groupes d'âge. Selon cette enquête, 78% des personnes interrogées disent "oui" ou "plutôt oui" à cet âge minimum. A l'inverse, 17% ont répondu "non" ou "plutôt non".
Dans le détail, 76% des hommes et 81% des femmes sont sur le principe favorable à un blocage des médias sociaux pour les moins de 16 ans. Des majorités de plus de 70% peuvent également être observées auprès des sympathisants des six grands partis suisses pour introduire un tel âge minimum.
Consensus entre villes, agglomérations et campagnes
Comme le suggère l'enquête, il existe un consensus sur cette question entre les villes, les agglomérations et les campagnes, de même qu'entre les différents groupes d'âge. Les différents niveaux de formation ne jouent pas non plus de rôle significatif dans son acceptation.
Le 21 novembre dernier, 13'215 personnes de Suisse alémanique, de Suisse romande et du Tessin ont participé au sondage. La marge d'erreur pour les estimations basées sur l'ensemble de l'échantillon est de 2,2 points de pourcentage.