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Accord à la COP29: soulagement pour les pays riches, profonde déception pour les pays du Sud

Une manifestante, photographiée en marge de la COP29 à Bakou le 23 novembre 2024, demande aux pays riches d'augmenter leur aide aux pays en développement. [AP PHOTO/KEYSTONE - RAFIQ MAQBOOL]
Accord à la COP29: un soulagement pour les pays riches, une profonde déception pour les pays du Sud / Le Journal horaire / 30 sec. / le 24 novembre 2024
La COP29 s'est achevée samedi à Bakou sur un engagement à financer les pays pauvres menacés par le changement climatique. Les Occidentaux ont salué un résultat en demi-teinte, soulagés d'être parvenus à un accord. Le monde en développement, qui réclamait davantage d'aide de la part des pays riches, a de son côté exprimé sa profonde déception.

Cet engagement financier de pays européens, des Etats-Unis, du Canada, de l'Australie, du Japon et de la Nouvelle-Zélande, sous l'égide de l'ONU, est d'augmenter de 100 milliards aujourd'hui à "au moins 300 milliards de dollars" annuels d'ici 2035 leurs prêts et dons aux pays en développement.

De l'argent pour s'adapter aux inondations, aux canicules et aux sécheresses. Mais aussi pour investir dans les énergies bas carbone au lieu de développer leurs économies en brûlant du charbon et du pétrole, comme les pays occidentaux l'ont fait pendant plus d'un siècle.

>> Le suivi de la COP29 : Un accord de 300 milliards de dollars annuels en faveur des pays pauvres a été trouvé à Bakou

Un financement "trop faible, trop tardif, trop ambigu"

Cet accord, scellé durant la seconde nuit de prolongation d'une conférence commencée le 11 novembre, laisse un goût amer à de nombreux participants. Les pays les plus pauvres de la planète et les îles du Pacifique, des Caraïbes ou d'Afrique demandaient le double, voire plus encore.

Le financement promis pour 2035 "est trop faible, trop tardif et trop ambigu", a regretté le Kényan Ali Mohamed, parlant au nom du groupe africain. Son homologue du Malawi, représentant les 45 pays les plus pauvres de la planète, Evans Njewa, a dénoncé un accord "pas ambitieux". "Le montant proposé est lamentablement faible. C'est dérisoire", a renchéri la déléguée indienne Chandni Raina.

Une déception annoncée depuis plusieurs jours

Les petits Etats insulaires - qui contribuent très peu aux émissions de gaz à effet de serre au niveau global mais figurent parmi les principales victimes de la crise climatique - ont de leur côté regretté "le manque de volonté de répondre aux besoins des pays en développement vulnérables", par la voix du Samoan Cedric Schuster.

La déception était anticipée depuis plusieurs jours, ce qui n'a pas atténué les réactions des ONG, très négatives pour la plupart. "Le résultat offre de faux espoirs à ceux qui subissent déjà le poids des catastrophes climatiques", a lancé Harjeet Singh, militant de l'initiative pour un traité de non-prolifération des énergies fossiles.

L'accord de Bakou "n'est pas aussi ambitieux que le moment l'exige", a pour sa part estimé Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris sur le climat. Ce dernier a tout de même relevé un motif de satisfaction: "le multilatéralisme est vivant et plus nécessaire que jamais".

Pour les pays riches, "un succès" et "une nouvelle ère"

Autre son de cloche du côté des pays développés. Pour eux, le simple fait d'être parvenu à un accord est déjà un motif de satisfaction. En période de resserrement budgétaire et de secousses politiques, les Occidentaux dont les Européens, premiers bailleurs mondiaux de finance pour le climat, n'étaient en effet pas prêts à aller au-delà du montant de 300 milliards de dollars par an.

Felix Wertli, chef de la délégation suisse, a ainsi parlé d'un "succès". La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a quant à elle salué dimanche un accord qui "marque une nouvelle ère" dans la coopération sur le climat et son financement.

Joe Biden a évoqué un "pas important" dans la lutte contre le réchauffement climatique. Et "si certains cherchent à nier ou à retarder la révolution des énergies propres (...) personne ne peut revenir dessus - personne", a souligné le président américain, dans une référence apparente à l'attitude climatosceptique de son successeur Donald Trump.

Des regrets tout de même côté occidental

Au-delà des engagements financiers, de nombreux pays riches, dont la Suisse et les Européens, ont regretté le manque d'ambition de la COP29 en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre. Le renvoi de ce débat à l'année prochaine "est un échec", a estimé Kévin Magron, ambassadeur français pour le climat.

Felix Wertli s'est aussi montré déçu. La délégation suisse aurait souhaité que la conférence délivre un message plus fort sur l'engagement en faveur de l'objectif climatique d'un réchauffement limité à 1,5 degré. Pendant la COP29, le conseiller fédéral Albert Rösti avait réaffirmé l'objectif climatique de l'Accord de Paris.

"Aucun pays n'a obtenu tout ce qu'il voulait, et nous quittons Bakou avec une montagne de travail à accomplir. Ce n'est donc pas l'heure de crier victoire", a résumé le chef de l'ONU Climat Simon Stiell dans une déclaration au terme de la conférence. La COP30 se déroulera en novembre 2025 au Brésil.

afp/ats/dk

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