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Emmanuel Macron: "La réponse ne peut être ni dans l’immobilisme, ni dans l’extrémisme"

Après la crise des retraites, Emmanuel Macron se donne 100 jours pour apaiser la France
Après la crise des retraites, Emmanuel Macron se donne 100 jours pour apaiser la France / 12h45 / 1 min. / le 18 avril 2023
Le président français Emmanuel Macron assure qu'il entend la "colère" des Français contre la réforme des retraites, tout en jugeant celle-ci "nécessaire". Dans un discours télévisé lundi soir, il affirme "regretter" qu'un "consensus" n'ait "pas pu être trouvé".

"Personne ne peut rester sourd" à cette colère des manifestants, a déclaré Emmanuel Macron dans une allocution solennelle, deux jours après la promulgation de cette réforme controversée qui prévoit notamment de repousser l'âge légal de la retraite de 62 à 64 ans.

"Cette réforme est-elle acceptée? A l'évidence non", a reconnu le président français. "La réponse ne peut être ni dans l'immobilisme, ni dans l'extrémisme", a-t-il toutefois prévenu.

Cette réforme est-elle acceptée? A l'évidence non

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a aussi annoncé vouloir "bâtir un nouveau pacte de la vie au travail", en assurant que "la porte sera toujours ouverte aux syndicats". "Ce nouveau pacte" sera "construit dans les semaines et les mois qui viennent par le dialogue social" entre organisations syndicales et patronales, a déclaré le chef de l'Etat.

Les négociations porteront sur la nécessité "d'améliorer les revenus" salariés, "faire progresser les carrières", "mieux partager les richesses", "améliorer les conditions de travail", "trouver des solutions à l'usure professionnelle" ou encore "aider à la reconversion".

>> Un extrait du discours d'Emmanuel Macron :

Macron dit entendre la "colère" des Français contre la réforme des retraites
Emmanuel Macron dit entendre la "colère" des Français contre la réforme des retraites / L'actu en vidéo / 1 min. / le 17 avril 2023

"100 jours d'apaisement"

"Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France", a encore clamé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous "le 14 juillet prochain", jour de la fête nationale française, pour "faire un premier bilan".

Parmi les grands chantiers qu'il compte lancer, le président a promis "des annonces fortes dès le mois de mai" contre la délinquance "et toutes les fraudes sociales ou fiscales", tout en promettant de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale". Le président a aussi annoncé que la Première ministre Elisabeth Borne détaillerait la feuille de route "dès la semaine prochaine".

"L'Etat de droit est notre socle et il n'y a pas de liberté sans droit ni sans sanction envers ceux qui transgressent le droit des autres", a encore affirmé le chef de l'Etat.

Depuis janvier, des centaines de milliers de Français ont défilé régulièrement contre le projet de réforme des retraites dans des manifestations parfois émaillées de violences, jusqu'à l'ultime épisode vendredi dernier avec la validation de l'essentiel de la réforme par le Conseil constitutionnel et sa promulgation au Journal officiel de samedi.

L'opposition dénonce

Les principaux chefs de l'opposition ont rapidement critiqué cette allocution. La cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen a dénoncé une "pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir", qui annonce "la poursuite d'un quinquennat de mépris, d'indifférence et de brutalité". "Par l'annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français. Il a choisi de nouveau de leur tourner le dos", selon elle.

"Irréel Macron. Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste", a estimé le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon en référence au bruit des casseroles entendu au moment de l'allocution.

Le chef de la droite traditionnelle, Eric Ciotti, dont la formation est incontournable pour le gouvernement qui ne bénéficie que d'une majorité relative à l'Assemblée nationale, a lui regretté un "catalogue de voeux pieux". "La méthode manifestement ne change pas avec des objectifs louables, mais sans la moindre remise en cause", a-t-il dit.

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a estimé qu'il n'y avait "rien de concret" dans ce discours. "On n'avait pas besoin d'entendre qu'il avait entendu la colère et qu'elle était soi-disant sur d'autres leviers", s'est-il agacé sur BFMTV. "L'apaisement, il fallait le faire sur le sujet qui a créé l'embrasement social, la réforme des retraites", a-t-il ajouté.

boi avec afp

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Marc Ferracci: "On a encore quatre ans pour rebondir"

La réforme des retraites était par définition impopulaire. Pas étonnant donc qu'elle ait généré la grogne au sein de la population française. Mais selon Marc Ferracci mardi dans La Matinale, cette réforme demeure plus que nécessaire, un mal pour un bien.

"Cette réforme est celle qui rend possible tout le reste", explique le député du parti Renaissance à l'Assemblée nationale et représentant des Français de Suisse. "Parce qu'en repoussant l’âge légal, on se donne les moyens de financer des infrastructures, de financer notre système social au sens large et pas seulement le système des retraites, ainsi que la transition écologique chère à la gauche."

Pas mea culpa

Lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron n'a pas fait le mea culpa que beaucoup attendaient. Il n'a du moins présenter aucune mesure forte. Pour Marc Ferracci, des excuses n'auraient servi à rien. "Une réforme des retraites, par définition, est impopulaire. On est au courant qu'on ne va pas gagner des point dans les sondages. Mais rien faire aurait été pire."

Quant aux mesures fortes, elles arrivent. Annoncer quelque chose de gros par surprise n'aurait pas été la solution. "Il y a beaucoup de choses qui sont en train d’être faites", insiste-t-il. "On est en train de préparer un projet de loi sur l'emploi pour aller encore plus loin sur la baisse du chômage. Et on est en train de préparer une reprise du dialogue avec les partenaires sociaux."

Et l'objectif d'Emmanuel Macron de dépasser les clivages gauche/droite reste d'actualité. "Le dépassement des clivages existe depuis le début de ce quinquennat. On a voté des textes avec la gauche sur les énergies renouvelables, et on a voté des texte avec la droite sur l'assurance chômage. Donc le dépassement existe texte après texte."

Certes, ça n'a pas fonctionné sur la réforme des retraites, c'est un fait. "Mais on va continuer à essayer de trouver des majorités et des compromis avec les oppositions quelles qu'elles soient, en fonction de la nature des textes", poursuit-il.

Et le député Renaissance de conclure: "On va continuer à transformer, à réformer, à obtenir des résultats concrets. On sait qu'on est dans le moment le plus difficile du quinquennat, mais on encore quatre ans pour rebondir."

>> Ecouter l'interview complète de Marc Ferracci dans La Matinale :

Marc Ferracci, député du parti Renaissance à l’Assemblée nationale et représentant des Français de Suisse, ici le 10 juin 2022. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Marc Ferracci s’exprime sur la suite du quinquennat d’Emmanuel Macron / La Matinale / 5 min. / le 18 avril 2023

Des concerts de casseroles

L'allocation télévisée d'Emmanuel Macron a été accueillie par des concerts de casseroles de manifestants déterminés à montrer qu'ils ne souhaitaient pas l'écouter, estimant ne pas avoir été entendus sur la réforme des retraites.

A Paris, plusieurs rassemblements étaient programmés et les manifestants ont commencé peu avant 20h à faire du bruit en tapant sur des casseroles ou des poêles à l'aide de cuillers ou d'autres ustensiles.

Plusieurs centaines de personnes étaient notamment réunies devant la mairie du 10e arrondissement. "En réponse au fait qu'il ne nous écoute pas, on fait du bruit", a simplement résumé Adrien, un entrepreneur dans le secteur culturel.

"A 20h, Macron va oser nous parler alors qu'il ne nous écoute pas depuis trois mois, c'est pour montrer que ça ne sert à rien de l'écouter", a expliqué de son côté Bénédicte, projectionniste. "On est très décidés à ne pas s'arrêter là."