L'ambassadeur des Etats-Unis à Berne, Scott Miller, n'est pas satisfait du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO). "Certains commentaires" de la secrétaire d'Etat du SECO, Helene Budliger Artieda, l'inquiètent, dit-il, "car ils remettent en question l'utilité des sanctions".
Pour l'ambassadeur, les sanctions contre la Russie sont également difficiles à mettre en œuvre: "C'est surtout le SECO lui-même qui pense en faire assez", déclare-t-il dans une interview publiée jeudi par le journal alémanique Neue Zürcher Zeitung. "J'espère que nous pourrons continuer à compter sur le SECO en tant que partenaire", ajoute-t-il. Les sanctions n'ont, à ses yeux, que la force de la volonté politique qui les sous-tend.
Scott Miller estime avoir influé dans la reprise par Berne des sanctions contre la Russie fin février 2022. "Je pense avoir pu présenter assez clairement la position américaine. La Suisse ne devrait pas pouvoir être utilisée pour contourner les sanctions contre la Russie. C'était un message qui a été reçu", explique-t-il.
Scott Miller, l'ambassadeur des Etats-Unis en Suisse, lors de l'Ukraine Recovery Conference à Lugano en juin 2022. [Alessandro della Valle - EDA/Keystone]
"100 milliards en plus"
Les Etats-Unis auraient pris note des 7,75 milliards de francs d'avoirs russes gelés en Suisse. Mais "la Suisse pourrait bloquer de 50 à 100 milliards supplémentaires", selon Scott Miller, qui en appelle à des accords internationaux de coordination.
Concernant la discussion sur les livraisons d'armes, Scott Miller estime que la Suisse se trouve dans la crise la plus grave depuis la Deuxième Guerre mondiale. "Elle est confrontée à ce que signifie la neutralité. Nous la comprenons et la respectons, déclare-t-il. Mais il ne s'agit pas d'une construction statique. La Suisse ne peut pas se dire neutre et laisser l'une ou les deux parties utiliser ses lois à leur propre avantage".
"Les Etats-Unis et la majeure partie de la communauté internationale qui soutient l'Ukraine estiment que le Parlement suisse devrait autoriser la réexportation dès que possible", déclare encore Scott Miller. Si Berne était partie du principe que le matériel de guerre suisse ne serait jamais utilisé dans des conflits, elle n'aurait jamais pu livrer des armes à d'autres pays, avance-t-il.