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Un dessin animé à l'effigie du président Maduro sert de propagande au Venezuela

Des personnes passent devant une peinture murale représentant le personnage de bande dessinée "Súper Bigote" (Super-Moustache), inspiré du président vénézuélien Nicolas Maduro, à Caracas, le 25 février 2023. [AFP - Miguel Zambrano]
Un dessin animé à l'effigie du président Maduro sert de propagande au Venezuela / La Matinale / 1 min. / le 8 mars 2023
Au Venezuela, le dessin animé "Súper Bigote" ("Super moustache") dépeint un personnage à la gloire du président Nicolas Maduro. Un véritable culte de la personnalité, dix ans après la mort d'Hugo Chavez, pour gonfler la popularité du chef d'Etat à un an des élections présidentielles.

A chaque fin d'épisode de "Súper Bigote" ou presque, un clone blond de Donald Trump masqué apparaît dans sa Maison Blanche, fomentant un nouveau coup. Pour arriver à ses fins, il envoie un sac de dollars à l'opposition vénézuélienne qui va télécommander un monstre de pierre pour bloquer les vaccins contre le Covid-19 venus de Russie ou de Cuba, ou envoyer des fantômes susurrer à l'oreille de la population.

Mais Súper Bigote ("Super moustache"), le héros, veille au grain, vêtu d'un costume rouge, d'une cape bleue et d'un casque ouvrier de chantier rouge agrémenté d'un drapeau vénézuélien et poing en acier, et arborant la moustache du président Maduro.

Le personnage se bat contre l'impérialisme, le monstre de l'inflation ou encore des espions aliens infiltrés par la CIA.

Une image omniprésente

Le dessin animé sert de propagande et cherche à ériger autour de Nicolas Maduro un culte de la personnalité. Selon une source proche du dossier, Súper Bigote a été commandé par la présidence vénézuélienne à des dessinateurs en 2021 avec l'idée d'en faire un personnage héroïque "en guerre contre l'impérialisme" et les problèmes du pays.

En décembre dernier, à la veille de Noël, près de treize millions de figurines du super-héros à l’effigie du président ont été distribuées aux enfants des régions les plus défavorisées du Venezuela. Une version féminine de la poupée a aussi été créée à l'image de la Première dame Cilia Flores.

L'action n'a pas été au goût de tout le monde. Certains ont dénoncé sur les réseaux sociaux une propagande grossière du régime auprès des plus vulnérables.

Súper Bigote est désormais partout: sur des casquettes, des t-shirts, en peinture sur les murs de Caracas, de Valence ou d'autres villes, et même lors du défilé de carnaval où enfants et adultes se déguisent avec des costumes à son effigie.

Les élections en ligne de mire

Nicolas Maduro parle lui-même régulièrement de Súper Bigote à la télévision, sur un mode supposé humoristique. Mais pour Elias Pino Iturrieta, historien universitaire retraité, spécialiste du culte de la personnalité, "ce n'est pas improvisé", cela a "même dû être bien pensé".

Des références semblent se cacher sur le costume du héros: les lettres "SB" griffées sur le torse du personnage, rappellent les initiales de son nom, mais aussi celles de Simon Bolivar, héros des révolutions latino-américaines.

De quoi préparer le terrain pour le président vénézuélien, dans une campagne qui démarre à une année des élections présidentielles.

Même s'il va mieux depuis 2022, le Venezuela traverse depuis 2013 une grave crise économique. Le PIB s'est contracté de 80% et l'hyperinflation a réduit le pouvoir d'achat à peau de chagrin. Quelque 7 des 30 millions d'habitants ont quitté le pays.

Cédric Guigon/iar avec l'afp

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