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Le nombre d'écolières empoisonnées ne cesse d'augmenter en Iran

En Iran, de mystérieux empoisonnements au gaz frappent des centaines de jeunes filles.
En Iran, de mystérieux empoisonnements au gaz frappent des centaines de jeunes filles. / 19h30 / 1 min. / le 2 mars 2023
Des dizaines de collégiennes ont encore été empoisonnées mardi et mercredi dans les provinces de Téhéran et d'Ardabil, ont annoncé des médias locaux. Ces cas surviennent après une série d'attaques similaires attribuées à des individus opposés à la scolarisation des filles.

Les élèves de sept écoles de filles de la ville irannienne d'Ardabil (nord) ont été indisposées mercredi dans la matinée par des émanations de gaz. Au total, 108 personnes ont été transportées à l'hôpital, a annoncé le chef du service hospitalier à l'agence de presse Tasnim.

L'état général des élèves, qui ont souffert de difficultés respiratoires et de nausées, évolue favorablement, a-t-il précisé. Les médias ont également fait état de nouveaux cas d'intoxication dans au moins trois établissements de Téhéran.

Mardi, l'agence de presse Tasnim avait fait état d'un "certain nombre d'élèves empoisonnées dans l'école de filles de Khayyam, dans la ville de Pardis", située dans la province de Téhéran. "Jusqu'à présent, 35 élèves ont été transférées à l'hôpital et les services d'urgence sont présents dans l'école pour contrôler la situation", avait précisé Tasnim en ajoutant que les victimes allaient "bien".

Dans un lycée de Tehransar, dans l'ouest de Téhéran, des élèves ont été "intoxiquées par la projection d'une sorte de spray", a indiqué de son côté l'agence de presse Fars, qui cite des parents d'élèves. La même source a fait état de la mobilisation des services d'urgence sur place.

Des centaines de filles

D'après les estimations données mercredi par la porte-parole de la commission parlementaire de la Santé, Zahra Sheikhi, près de 800 élèves ont été affectées depuis les premiers cas d'empoisonnement par voies respiratoires fin novembre dans la ville sainte de Qom et 400 autres à Boroujerd (ouest).

Le ministère avait expliqué dimanche que "certains individus" cherchaient, par cette action, à "fermer toutes les écoles, en particulier les écoles de filles".

L'affaire a provoqué une vague de colère dans le pays, où des voix ont dénoncé le silence des autorités face au nombre croissant d'écoles touchées.

Elle survient alors que l'Iran est secoué par un mouvement de contestation depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme détenue par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant notamment aux femmes le port du voile en public.

"Fanatiques misogynes"

Des militants ont comparé les responsables de ces attaques aux talibans en Afghanistan et aux djihadistes de Boko Haram en Afrique de l'Ouest, qui s'opposent à l'éducation des filles.

Les autorités ont annoncé une enquête sur les origines de l'empoisonnement, mais aucune arrestation n'a été annoncée à ce stade. Le président du Parlement a affirmé mardi que "seules les deux villes de Qom et Boroujerd", dans l'ouest, avaient "été visées", a rapporté l'agence officielle Irna.

Mais, selon un parlementaire, le nombre de villes touchées était "supérieur à deux", en précisant que des élèves de Kavar (sud) avaient été également empoisonnées.

Un député de Qom a dénoncé les attaques comme un "acte irrationnel" et précisé que les habitants de la ville sainte "soutenaient l'éducation des filles". Pour sa part, l'ancienne vice-présidente, la réformatrice Masoumeh Ebtekar, a exhorté le pouvoir "à en finir une fois pour toutes avec les fanatiques misogynes".

ats/vajo

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