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La population zambienne confrontée au délestage massif d'électricité

En Zambie, la population a dû apprendre à vivre au rythme des coupures de courant. [RTS - Cédric Guigon]
Reportage en Zambie, pays en proie aux coupures d'électricité de huit heures par jour depuis deux mois / Le 12h30 / 2 min. / le 1 février 2023
En Zambie, la population a dû apprendre à vivre au rythme des coupures de courant. Alors qu’en Suisse, la relative douceur du climat semble avoir permis d'éviter une pénurie d'électricité, ce pays d'Afrique australe doit opérer des délestages massifs pour y faire face.

Les quelque 20 millions d'habitants de la Zambie doivent se débrouiller plusieurs heures par jour sans électricité. Dès lors, la pénurie pose des défis aux petites entreprises et aux ménages. Salons de coiffure, pharmacies, vendeurs de sandwichs, dans les petits commerces de la capitale, Lusaka, les sourires sont bienveillants, mais la détresse est réelle.

Ce stand perd moyenne un quart de clients par jour à chaque délestage. [RTS - Cédric Guigon]
Ce stand perd moyenne un quart de clients par jour à chaque délestage. [RTS - Cédric Guigon]

Cette situation affecte en effet beaucoup les affaires de Bennett. "Regardez, si les clients arrivent et qu’il n’y a pas d’électricité, ils n’auront pas de frites. Même le frigidaire est hors service. Donc si ça dure, je vais gaspiller tout mon poulet", déplore-t-il au micro du 12h30. Pour lui, c’est en moyenne un quart de clients en moins par jour à chaque délestage.

Un effet du changement climatique

A quelques mètres de là, ce qui inquiète Helen, c’est le repas à la maison. "Vous savez, nos courses sont devenues très chères. On doit maintenant se limiter à n’acheter de la nourriture que pour deux jours parce que le reste va finir à la poubelle. L’argent est difficile à trouver parce que les banques ne marchent plus à cause des délestages. On doit manger au jour le jour."

Mais la raison de ces coupures de courant n'est pas à chercher du côté de la guerre en Ukraine, mais plutôt du côté du niveau du lac Kariba, le plus grand lac artificiel du monde. Il alimente un barrage qui fournit la grande majorité de l’énergie en Zambie. Mais le problème est que, cette année, son niveau est extrêmement bas, en raison du changement climatique qui a poussé la saison sèche à l’extrême.

Le 28 décembre dernier, le niveau du lac est ainsi tombé en dessous de 1% de sa capacité, contre 20% un an plus tôt, selon les données des autorités fuviales. Heureusement, avec les pluies qui sont tombées ces derniers jours, le niveau du lac augmente à nouveau très lentement, atteignant 7% de sa capacité. Le délestage a pu ainsi passer de 12 heures par jour à 8 heures. Mais les coupures devraient encore durer des mois.

"Il faut innover"

Comme l'explique Yusuf Dodia, économiste et directeur de l’association pour le développement du secteur privé, la population doit faire avec. "Les commerçants doivent par exemple ouvrir plus longtemps, tant qu’il y a encore de l’électricité", souligne-t-il.  D’ici mars, il estime que les délestages auront fait perdre à la Zambie 50% de sa productivité.

"C’est clair qu’on observe une augmentation des prix de la nourriture. Donc il faut innover, changer de stratégie et certains changent même de type de commerce."

Mais les Zambiens gardent tant bien que mal le sourire. Surtout qu'au Zimbabwe voisin, qui partage l’électricité du barrage de Kariba, la population subit des coupures qui vont jusqu’à 19h par jour.

Cédric Guigon/fgn

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