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Le Kosovo ferme son plus grand poste-frontière avec la Serbie

Les forces spéciales de la police kosovare (ROSU) déployée près des passages frontaliers avec la Serbie. [AP Photo - Bojan Slavkovic]
La situation reste tendue à la frontière serbo-kosovare / La Matinale / 1 min. / le 29 décembre 2022
Le Kosovo a fermé son principal poste-frontière avec la Serbie, a indiqué la police locale mercredi, après que les Serbes y ont dressé des barricades, dans une des pires crises de ces dernières années dans cette région.

Plusieurs centaines de Serbes du Kosovo ont érigé depuis le 10 décembre dans le nord du Kosovo des barrages pour protester contre l'arrestation d'un ancien policier serbe, paralysant la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie.

La police kosovare et les forces internationales de maintien de la paix ont ensuite subi plusieurs attaques impliquant des armes à feu, alors que la Serbie mettait ses forces armées en état d'alerte.

Mardi soir, des dizaines de manifestants du côté serbe de la frontière ont bloqué avec des camions et des tracteurs la circulation vers Merdare, le principal poste frontalier, ce qui a conduit le Kosovo à fermer ce passage.

"Ce barrage illégal a empêché la libre circulation des personnes et des biens, en conséquence nous invitons nos citoyens et compatriotes à circuler par les autres postes-frontières", a déclaré la police.

La Russie soutient la Serbie

De son côté, la Russie a dit "soutenir" la Serbie dans ses actions visant à mettre fin aux tensions au Kosovo, a indiqué mercredi le Kremlin. "Nous avons des relations très étroites d'alliés, historiques et spirituelles avec la Serbie", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, en précisant que la Russie suivait "très attentivement ce qui se passe et comment les droits des Serbes sont assurés".

Selon Dmitri Peskov, "il est naturel que la Serbie défende les droits des Serbes qui vivent à côté dans des conditions si difficiles et qu'elle réagisse de manière sévère quand ses droits sont violés".

Appels à la retenue

Le renforcement de la présence militaire serbe à la frontière avec le Kosovo envoie un "très mauvais signal", a pour sa part estimé le gouvernement allemand. "Nous sommes très préoccupés par ces tensions dans le nord du Kosovo, les barricades illégales érigées par les Serbes du Kosovo doivent être démantelées le plus rapidement possible", a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

"La rhétorique nationaliste telle que nous l'avons entendue ces derniers temps est inacceptable", a ajouté Christofer Burger, pour qui "le renforcement de la présence militaire près de la frontière serbe avec le Kosovo envoie un très mauvais signal".

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont pour leur part appelé dans un communiqué commun "tout le monde à faire preuve du maximum de retenue et à prendre des mesures immédiates pour une désescalade sans condition de la situation".

De son côté, la Suisse, par l'intermédiaire du Département fédéral des affaires étrangères, a appelé mardi sur Twitter "toutes les parties concernées à s'abstenir de toute action susceptible d'envenimer davantage la situation".

L'état d'alerte renforcé

Ces déclarations interviennent alors que le général Milan Mojsilovic, chef des armées serbes, a été dépêché dimanche soir par le président Aleksandar Vucic à la frontière avec le Kosovo et le ministre serbe de la Défense, Milos Vucevic, a annoncé que l'armée du pays était en état d'alerte renforcée lundi soir après les récentes tensions au Kosovo.

La Serbie ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province méridionale, peuplée très majoritairement d'Albanais, proclamée en 2008. Elle encourage les 120'000 Serbes au Kosovo à défier les autorités locales, au moment où Pristina veut asseoir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire.

afp/boi

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