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L'exportation de voitures japonaises d'occasion en Russie explose

Des voitures japonaises destinées à l'exportation, photographiées dans le port de Yokohama. [AP - Koji Sasahara]
Les Russes achètent des voitures d'occasions japonaises et s'accommodent d'un détail / Tout un monde / 8 min. / le 22 novembre 2022
En raison des sanctions internationales, la Russie bricole comme elle peut ses voitures. Pour satisfaire à la demande, plusieurs acheteurs russes se tournent vers le Japon et son solide marché de l'occasion.

Au Japon, dans le département de Toyama, non loin de la mer, de nombreuses voitures d'occasion sont stockées, prêtes à partir par bateau. La plupart sont exportées vers Vladivostok, confirme Ali, un marchand pakistanais installé dans la région: "La Russie est la première destination, on en vend deux fois plus qu’avant", précise-t-il dans Tout un monde.

Après l’invasion de l’Ukraine, tous les constructeurs japonais ont fermé leurs usines et leurs concessions en Russie. Les occasions sont le seul moyen pour les Russes de se procurer une voiture japonaise.

Ces modèles sont très prisés, car ils sont bien entretenus et fiables. "Nous vendons des voitures d’occasion au monde entier parce que celles des autres pays sont mortes en 5 ou 10 ans, alors que les voitures japonaises peuvent rouler 10 ans de plus en parfait état", explique le marchand pakistanais.

Des exportations en constante augmentation

Ali a installé son bureau en préfabriqué près de son parking, où environ 350 véhicules sont sur le départ. Les navettes de bateaux sont incessantes et le volume d'exportation est en constante augmentation, selon le vendeur: "L'année prochaine, il y aura des bateaux supplémentaires, deux ou trois nouveaux viennent d'entrer en service, les Russes s’activent pour recevoir les voitures."

Les ventes à la Russie de voitures d’occasion japonaises ont doublé en valeur à près de 140 millions de francs et augmenté de 57% en volume sur un an avec près de 18'000 véhicules d’occasion exportés en un mois.

Selon l’organisme japonais Jetro, les ventes à la Russie de voitures d’occasion japonaises ont doublé en valeur, à près de 140 millions de francs, et augmenté de 57% en volume sur un an avec près de 18'000 véhicules d’occasion.

Voitures de tourisme, camions, camping-cars ou encore tracteurs et chariots élévateurs bénéficient de cette progression.

Un véhicule valant jusqu'à 42'000 francs peut être exporté

A condition de ne pas vendre des voitures à plus de 6 millions de yens, soit 42'000 francs suisses l’unité, ce commerce n'est pas interdit. Le Japon applique des sanctions moins sévères que les Etats-Unis et les pays européens. La marge de manoeuvre est assez large puisqu'un 4x4 hybride ou même un modèle de luxe de quelques années peuvent être exportés.

Selon Ali, pour les Russes, il est plus intéressant d'investir dans l'achat d'une voiture que de placer son argent sur un compte en banque dans un pays en guerre: "Dans 6 mois ou un an, il leur sera possible de revendre le véhicule plus cher."

Pour l'instant, l'Etat japonais ne regarde pas les choses de près, mais le marché est si florissant que tout pourrait prochainement changer.

Sujets radio: Karyn Nishimura et Sylvain Tronchet

Adaptation web: Miroslav Mares

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Depuis Vladivostok, les occasions japonaises, avec volants à droite, s'exportent dans toute la Russie

C'est à 900 kilomètres de la mer du Japon, à Vladivostok, que débarquent les voitures japonaises. Sur les hauteurs de la ville portuaire, se trouve l'un des plus grands marchés d'occasion de Russie. Des voitures à perte de vue sont prêtes à inonder toute la Russie.

Car on vient de loin. Ivan, de Kourgan, a parcouru 7000 kilomètres avec son garagiste pour se procurer une japonaise d'occasion: "Nous sommes venus de l'Oural parce qu'il n'y a plus de voitures. Ici le marché est très large, il est connu dans tout le pays."

Le problème, c'est qu'au Japon, on roule à gauche, toutes ces voitures ont donc le volant à droite. Mais dans l'extrême-orient russe, il est très courant de rouler avec un volant du mauvais côté. Michaël, chauffeur de taxi, a toujours conduit comme ça: "Nous avons très peu de voitures à conduire à gauche, à Vladivostok, la plupart sont conduites à droite," confirme-t-il.

Pour les habitants de cette région de la Russie, ce n'est donc pas un problème, mais pour Moscou ça l'a été. En 2008, le pouvoir central a tenté d'interdire ces voitures avec le volant du mauvais côté.

A Vladivostok, la réaction a été immédiate et particulièrement virulente, Moscou a fini par lâcher l'affaire et dans tout l'extrême-orient russe, on conduit donc côté droite.

Une habitude qui pourrait s'étendre au reste du pays, car les ventes se multiplient et elles essaiment dans toute la Russie.